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Hélas! hélas!

(A Colas.) Tu t'en repentiras ; Hélas! hélas !

Oui, tu me le paieras :

(Elle menace vivement Colas avec le bras qu'elle croit démis.)

Aye, aye, aye, le bras!

ASTOLP HE.

Je fuis furpris de fon audace.

COLAS.

Oh! tenez, Monfeigneur, de grace...
C'eft notre affaire : laiffez-nous.

FABRICE.

Doucement; c'eft le Prince.

(Ninette & Colas marquent leur étonnement.)

NINETTE.

Vous?...

ASTOLPHE, à Ninette.

En vous cachant mon rang, je cherchois l'avantage D'être aimé pour moi feul. Mais Colas vous engage. A tous les biens que vous pourriez avoir, Vous préférez un obfcur efclavage!

Pour vous en préferver, j'ufe de mon pouvoir.

Venez.

COLAS.

(à part.)

Mon Prince.... Ah! Monfeigneur... J'enrage.

ASTOLPHE.

Venez, Ninette, embelliffez ma Cour.

Vous regnerez dans ce séjour;

C'est le centre du goût, de la délicateffe,
Des égards, de la politelle.

On préviendra vos vœux par mille foins flatteurs;
C'eft-là que la beauté dans tous les avantages,
Avec le Souverain partage les hommages,
Et le tribut de tous les cœurs.
NINETTE, fe redreffant.

Colas, cela t'apprend à vivre.
COLAS.

Ah! ma chere Ninon...

ASTOLPHE.

Confentez à me fuivre.

COLAS, bas à Ninette.

Pourrois-tu me jouer ce tour?

(Au Prince.)

NINETTE.

(A Colas.)

Oui, j'y confens. Tu pourras mieux connoître

Ce que je vaux.

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NINETTE, à part.

Je veux lui faire peur fans trahir notre amour. (Pendant l'annonce de l'Ariette fuivante, le Prince parle bas à Fabrice, & fe retire avec lui, Colas paroit pénétré de douleur, & Ninette le regarde d'un air triomphant.)

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SCENE VIII.

NINETTE, COLAS.

NINETTE.

ARIETTE. No. IL.

COLAS,

je renonce au Village;

La Cour me convient d'avantage:
Chacun viendra me rendre hommage.
Cherche une Pay fanne

Pour vivre en ta cabanne;
Colas, pour toi Ninette
N'eft point faite.
J'aurai de beaux équipages,
Grands Laquais & petits Pages ;
J'aurai des fontanges,

Des juppes à franges,
De belles dentelles,

Des modes nouvelles ;
Et puis de la frifure,
L'horloge à la ceinture.
Dans cette retraite
C'est trop m'avilir;
Une toilette

Va m'embellir.
Ah! quel plaifir
Vient déja me faifir!
Toi, dans ces lieux

Tu refteras;

Loin de mes yeux,
Tu pesteras.
Adieu Colas.

Adieu, je m'en vais, Colas; (Pendant la ritournelle, Ninette veut fe retirer. Colas s'efforce de la retenir & la fuit en faifant le tour du Théâtre à genoux. Ninette s'en débarraffe & lui dit fierement :)

Oui, oui, je renonce au Village:
La Cour me convient davantage;
Un Prince va me rendre hommage:
Enrage, enrage.
Chacun dira: tredame !
Voyez la Belle Dame!
Ah! quelle gentillesse!
Ah! quel air de noblesse!
Comme elle a bonne grace!
Rangez-vous, qu'elle paffe.
Faites de l'espace
Que Madame paffe.

Et moi, d'un air honnête,
En balançant la tête,
Je pafferai,

Je faluerai,

Et je me rengorgerai.

Quelque jour tu viendras,

Tu verras.
Sans ceffe

La preffe Arrêtera tes pas;

(bis.)

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E fuis tout ftupéfait; ce coup me désespere;
Ah! malheureux ! que vas tu faire?

ARIETTE. No. 12.

Auroit-on cru cela d'elle?

L'infidelle ! l'infidelle !

Suivons fes pas.

FABRICE.

Tout beau, Colas.

(Il fe préfente plufieurs Chaffeurs
qui s'opposent à Colas.)
COLAS.

Palfangué, ne m'arrêtez pas.
Ah! c'eft trop de barbarie.
Eh! Meffieurs, je vous en prie,
Laiffez... laiffez-moi...

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