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NINETTE, le contrefaifant.

Faut-il graffeyer?

FABRICE.

Cela ne fiéd

pas

mal.

Quelquefois

NINETTE.

Vous en donnez l'exemple.

Oh! tenez, Monfieur l'Ecuyer,
Vous allez très-fort m'ennuyer;
Je le fens, plus je vous contemple.

FABRICE.

Cela ne fe dit

pas.

NINETTE.

Mais je le pense ainsi.
FABRICE.

A la Cour la grande fcience
Eft de cacher ce que l'on penfe.
NINETTE.

Comment! l'on ne dit pas ce que l'on penfe, ici?

Non.

FABRICE.

NINETTE.

Mais quand on m'ennuie auffi ?

FABRICE.

On peut le faire entendre avec plus de décence.

Et comment ?

NINETTE.

FABRICE.

Au befoin l'on a quelque vapeur;

Par ce fecret on congédie

Les ennuyeux avec douceur.

NINETTE.

Ah! mon cher Monfieur, je vous prie,
Montrez-moi ce secret.

FABRIC E.

Pourquoi!

NINETTE.

Pour vous congédier.

FABRICE, ricannant.

Vous êtes....

NINETTE.

Très-fincere.

FABRICE.

Mais fouvent les vapeurs produifent le contraire:
Il faut en diftinguer l'emploi:

Par leur fecours, on éloigne, on attire;
Selon les cas.

NINETTE.

Eh bien, apprenez-moi

Ce

que c'eft que vapeurs.

FABRICE.

C'eft...Madame...à vrai dire,

On n'en fçait rien. C'est un talent, un art
Qui fert très-à-propos la haine ou la tendreffe;
Un défordre arrangé, qui paroît un hazard :
Mais il faut en cela beaucoup, beaucoup d'adresse.
Quand on veut, par exemple, éprouver un Amant,
C'est la façon de tomber en foibleffe
Avec grace, avec fentiment.

Toujours en cet état une Belle intéreffe.
C'eft...langueur douce...étouffement... foupirs,
Piége fubtil dont la fineffe,

En fauvant la décence, enhardit les defirs.

NINETTE.

Tien... C'eft pour moi trop fin.

FABRIC E.

Écoutez.

NINETTE.

Je me laffe.

SCENE IV.

NINETTE, ASTOLPH E.

A

NINETTE.

H! mon Prince, venez, renvoyez-le de grace.
ASTOLPHE,

Vous auroit-il manqué d'égards?
NINETTE.

Oui, c'eft le plus grand des bavards;
Il me fatigue, il m'embarraffe.
ASTOLPHE fait figne à Fabrice de s'éloigner,

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& dit à Ninette:

NINETT E.

Oui je n'en aurois pas,

Si je voyois ici Colas.

Vous m'aviez promis...

A STOLPHE.

Quoi vous y penfez encore? Souvenez-vous qu'un Prince yous adore. Laiffez-luidu moins quelque efpoir,,

Et fongez qu'il pourroit ufer de fon pouvoir.

NINETT E.

ARIETTE. N°. 15.

Donnez-moi deux cœurs
Par votre pouvoir fuprême,
Donnez-moi deux cœurs.
Et s'il faut que je vous aime,
Vous ferez aimé de même :
Je n'ai qu'une ame,

C'est pour Colas; je n'ai qu'une ame
Qui ne peut partager fa flâme.

ASTOLPHE.

Seul il régne fur votre ame!

NINETTE.

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Vous allez voir Colas; j'efpère qu'en ce jour
Vous mettrez entre nous un peu de différence.

(Aftolphe fait figne à plufieurs perfonnes de
fa fuite d'approcher, & leur dit en mon-
trant Ninette :)

Qu'on étale à fes yeux la pompe de ma Cour.
Que chacun pour Ninette ait de la déférence,
Et que
fon Amant vienne."

(Deux Ecuyers donnent le bras à Ninette,
qui fort en fautant.)

SCENE V.

A STOLPHE, FABRICE.

FABRICE.

EST-CE agir prudemment?

ASTOLPH E.

Oui, par ce moyen la Comteffe
Soupçonnera moins ma tendreffe:

Elle croira que, par amusement
J'introduis à la Cour Ninette & fon Amant.
Par ce moyen encor, je fatisfais Ninette;
Elle m'en fçaura gré; ma tendreffe difcrette
Veut gagner fon coeur pas à pas.
Il faut, lorfque l'on aime, oublier fa puiffance.
Si j'employois la violence,

Je ravirois ce cœur & ne l'obtiendrois pas;
Une modefte résistance

Prépare le bonheur, & le rend plus parfait ;

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