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Déja ç'en eft un, en effet,
Que de jouir de l'espérance.
Otez à l'homme fes defirs,
Vous le prêvez de fes plaifirs..

FABRIC E.

Mais c'eft chercher à prolonger fa peine.

ASTOLPHE.

Je fens qu'il eft flatteur de vaincre des refus.
Un obftacle en Amour est un attrait de plus.
Que l'on cherche Colas, qu'en ces lieux on l'amene.

SCENE V I.

ASTOLP HE.

ARIETTE. No. 16.

VIENS, efpoir enchanteur,

Viens enivrer mon cœur;
D'un fort plein de douceur
Flatte mon ame.
Viens, efpoir enchanteur,
Viens enivrer mon cœur,
Promets-moi le bonheur
D'être bientôt Vainqueur,
De l'objet qui m'enflâme,
Qui m'enflâme.

Viens, efpoir enchanteur
Viens enivrer mon cœur,

(bis.)

Promets-moi le bonheur
D'être bientôt vainqueur
De l'objet qui m'enflâme.
Espoir flatteur,

Viens enivrer mon cœur ;
Efpoir flatteur,

Viens enivrer mon cœur.

(bis.)

SCENE VIL

ASTOLPHE, NINETTE.

NINETTE.

AH!que c'est beau! que de dorures,

De peintures, de bigarrures!

ASTOLPHE.

Hé! bien, que penfez-vous à préfent de la Cour? N'a-t-elle pas de quoi vous plaire?

NINETTE,

Des merveilles c'eft le féjour.
Tout change ici de caractère.
Les hommes y font différens.

Je viens de rencontrer le Seigneur d'un Village
De notre voisinage;
Ce Gentillâtre altier, qui fur les Payfans
Rouloit les yeux, levoit la canne,
Dans la foule des Courtisans,

Il s'abbaiffe & fait la cane.
Pourquoi font-ils fi complaifans,

Tous ces Maîtres fi-fiers qu'au village on redoute?
La Cour, en les changeant, les rend-elle meilleurs?
Non, s'ils font bien ici, fans doute
C'est pour avoir le droit de faire mal ailleurs.

ASTOLPHE.

Avec plaifir je vous écoute.

NINETTE.

J'ai vu de toute part de beaux petits objets,
A talons rouges, en plumets:
Ne font-ce pas des femmes en épées?
J'ai vu trotter auffi de gentilles Poupées,
Qui portent de petits collets.
Ah! que de plaifans perfonnages!
Crainte de déranger l'ordre de leurs vilages,
Ils parlent tous comme des flageolets,
Tu, tu, tu, tu. Dans nos villages
Nous n'avons jamais vû de ces colifichets.
Et puis, j'ai vû de graves freluquets,
Noirs par devant, blancs par derriere,
Qui faifoient tout avec manière;
Et de jolis vieillards coquets,
Qui fembloient marcher en cadence.
L'un d'eux, d'un air de complaifance,
Pour m'examiner de plus près,
Jufques fous mon menton s'approche,
En tirant un œil de fa poche.

Elle eft charmante! adorable! eh! mais, mais....

ASTOLPHE.

ASTOLP HE.

Tous ces Seigneurs vous ont fait politeffe
NINETTE.

Oui, oui!...

ASTOLPHE.

Comment! quelqu'un a-t-il manqué?...

NINETTE.

Oh! tout en me faifant careffe,
De moi l'on s'eft très-bien moqué.
A STOLPHE.

Vous les verrez bientôt pleins d'ardeur & de zèle
Inventer pour vous des plaifirs,
Dans vos yeux chercher vos defirs:
Je leur fervirai de modele.

SCENE

VIII.

EMILIE, ASTOLPHE, NINETTE.

C'EST

EMILIE.

'EST un triomphe digne d'elle;

Je dois rendre moi-même hommage à fes appas.

NINETTE.

Ah! Madame, vous voulez rire.

ASTOLPHE, à Emilie, d'un
air embarrassé.

Madame...

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Si je vous muis, je me retire.

NINETTE.

Reftez, nous n'avons point de fecrets entre nous.
ASTOLPHE, à Emilie.

Rien ne peut démentir mes fentimens pour vous.
NINETTE.

Le Prince a des bontés dont je ne fuis pas digne.

ASTOLPHE, bas à Ninette, lui faisant

figne de fe taire.

Ninette.

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Oh! non : le Prince me fait figne.
ASTOLPHE.

Qui ? Moi!

EMILIE, au Prince.

Ceffez de vous troubler:

Je ne viens point vous traiter de volage.

NINETTE.

Ah! le Prince eft fon amoureux;
Je le vois bien. Ici l'on a donc l'avantage
De partager fon cœur à deux ?

C'eft encore un plaifant usage!
Le Prince m'aime auffi vraiment :

Il me l'a bien juré.

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