EMILIE, Ironiquement au Prince. Une plaifanterie. ASTOLPHE, embarraffe. Eh! mais... affurément. NINETTE, à Emilie. Allez, n'ayez aucune crainte ; Je ne crois rien : je vous rends trop justice (Bas à Emilie.) (A part.) Je croyois que ces Payfans (Bas à Ninette, qui s'eft approché pour l'écouter.) Ne dites mot. EMILIE ? avec un ris force. Ah! la chofe eft unique! Nous allons bien nous amufer. Voyons, voyons; faifons-la donc jafer. (A Ninette.) Aimez-vous bien la Cour, mon petit cœur? Hem › NINETTE, au Prince. ASTOLPHE, d'un air inquiet. Eh!... comme il vous plaira. NINETTE. Eh bien, je fuis très-laffe, Où l'on mange fans appétit ; Où, , pour s'étouffer, on s'embraffe; Où poliment on se détruit. (A Emilie qui rit.) Où d'un air triomphant on rit ARIETTE. No. 17. Dans nos prairies Un doux zéphire: Sur les coteaux Les orgueilleux ormeaux : Les ormeaux. Com me nos fleurs On voit nos cœurs Nos cœurs tranquilles, Par les Amours font toujours careffés; Toujours careffés, 榮 EMILIE.. Elle a de l'efprit comme un Ange: Cette fleur vous va mal; venez que je l'arrange. NINETTE. Ahi, ahi; qu'elle aille bien ou mal, Et je ne cherche point à plaire. EMILIE. Elle eft divine! Voyons donc, que je l'examine. ARIETTE. No. 33. EMILIE, avec ironie. Quelle aifance! quelle grace! Que fon air a de grandeur! Qui, Madame nous efface: Ah! quels traits! quel air vainqueur ! Marchez, ma Mie Et très-polie. (Elle fait tourner Ninette qui la repouffe du coude.) C'est en honneur. Je l'admire! ASTOLPHE, à part. Quel martyre! EMILIE, au Prince. Pourquoi rire ? Son air engage: * ASTOLPHE. Épargnons-la, Madame. EMILIE, d'un air de pitié. Oui. C'est pourtant dommage Qu'elle s'en retourne au Village. NINETTE. Non, non ; ce foir tout au plus tard. EMILIE. Laiffons-la donc fonger à fon voyage, (Au Prince, qui paroît plongé dans la rêverie.), Adieu, ma Petite, ah, ah, ah. (Elle fort avec le Prince.) NINETTE, la contrefaifant. Adieu, ma Petite, ah, ah, ah, Qu'elle garde fon Prince, on n'en à point envie; (En pleurant.) Je n'ai rien à me reprocher; Qu'on me laiffe partir, & j'en ferai ravie. Voyez ! eft-ce ma faute, à moi? Si Colas me manquoit de foi, J'en mourrois de douleur ; mais qu'eft-ce que j'entends ? Ah! c'est Colas, c'est lui ; qu'il va me trouver belle! Voyons s'il me reconnoîtra Sous ces beaux ajustemens-là. (Elle fe retire dans le fond du Théâtre pour obferver Colas.) |