des reglemens faits au concile de Bafle l'an mil quatre cens trente-fix pour la reformation de l'ordre de S. Benoift. Dans un ancien facramentaire qui semble avoir été à l'ufage de l'eglife de Mayence, ou de quelqu'autre eglife de cette Metropole, il eft prefcrit que dans la dedicace des eglifes, on renfermera dans l'autel trois portions du corps de Jefus-Chrift avec les faintes reliques. Deinde ponat tres portiones corporis Domini in confeffionem & tres de incenfo & tunc ponantur reliquiæ in confefionem. Dans l'ordination du diacre, il n'eft pas prefcrit qu'on lui donne à toucher le texte facré des evangiles. Mais le plus curieux de tous les manuscrits eft celui qui comprend les lettres de Vvibaldus un des plus grands hommes de fon tems, & qui étoit alors dans l'empire ce que Sugere étoit en France. Monfieur le prieur nous fit la grace de nous en donner une copie.

Le chartrier eft un des plus propres & des mieux ordonnés que j'aye vû. Il eft dans une ancienne chapelle, qu'on dit que l'abbé Vvibaldus s'étoit fait bâtir fur le modele de fainte Sophie de Conftantinople. Nous y vîmes un ancien cartulaire, qui renferme un fi grand nombre de chartes des rois de la premiere race, qu'il n'y a que faint Denys qui puisse lui difputer pour le nombre. Mais ce que nous n'avons trouvé dans aucune eglife de France, nous y avons vu une charte de l'empereur Lothaire II. accor dée à l'abbé Vvibaldus, écrite en lettre d'or. On en voit une toute femblable en l'abbaye de Corbie en Saxe dont Vvibaldus étoit auffi abbé. Alberic en fa chronique rapporte fur l'an 940. que S. Edmond roi d'Angleterre donna à l'abbaye de Glafton un privilege écrit en lettre d'or dans un livre des evangiles. L'eglife eft une des plus belles du pays. Elle a près de trois cens pieds de longueur, quatre-vingt un de largeur. Elle eft haute à proportion; la croifée a cent cinquante pieds de longueur, l'ancien clocher en avoit trois cens de hauteur, mais en 1701. il fut brûlé avec toute la couverture de la nef par le feu du ciel, qui en trois heures de tems confuma ce bel edifice. Les decorations de l'eglife font très-belles, le jubé fort joli, & l'autel magnifique. Le devant qui eft de ver

après avoir joüi plufieurs années d'un très-grand & trèsriche evêché, s'étoit retiré dans une folitude affreuse, pour y vivre dans les exercices d'une rigoureufe penitence. La forme de la cucule eft femblable à celle des anciennes chafubles, c'est-à-dire qu'elle couvre tout le corps & qu'il n'y a pas de manches, avec cette difference qu'il y a au deffus un petit capuce pointu, qui y eft attaché: ce qui confirme ce que dit S. Ifidore dans fon livre des Etimologies, Cafula eft veftis cucullata, per diminutionem à cafa, quod to. tum hominem tegat, & l'abbé Theodemare dans fa lettre à Charlemagne. Cucullam nos effe dicimus, quam alio nomine cafulam vocamus. C'eft le plus precieux monument d'antiquité que nous ayons en ce genre, & il m'a paru fi refpec table, que j'ai cru faire plaifir aux lecteurs de le reprefen

ter ici.

Solus ab æterno creo cuncta, creata guberno.

De l'autre côté l'on voit la figure de la fainte Vierge qui tient fon fils entre ses mains, avec cette inscription:

Tu mihi nate pater, & tu mihi filia mater.

Saint Remacle au milieu de fix apôtres feparez par des colonnes, & faint Lambert au milieu de fix autres apôtres feparez de même maniere, font reprefentez aux deux côtez. Le deffus en forme de toît represente en reliefs les principaux myfteres du Sauveur. Toutes les figures, les colonnes & les reliefs font d'argent doré : on croit que le refte de la chaffe n'eft que de cuivre doré. Entre les pierres precieuses dont elle eft enrichie, on remarque une agathe qui par fa groffeur & fon tra vail fe fait admirer. Elle reprefente un roy à demi corps. On croit à Stavelo que c'eft faint Goduin quatriéme abbé qui a fait faire cette chaffe, parce, , parce, dit-on, que c'eft lui: qui le tira de l'oratoire de faint Martin où il avoit été enterré, pour le transferer dans la principale eglife, où il l'expofa dans un lieu éminent, mais elle ne nous pa. roît pas d'une fi grande antiquité, je ferois plus porté à croire que c'est l'ouvrage de faint Poppon ou de Vibaldas. Je trouve même qu'en 1263. les religieux de Stavelo fe difpofoient à mettre les reliques de faint Remacle dans une nouvelle chaffe, qu'ils avoient fait faire. C'est ce qu'on voit dans une lettre qu'ils écrivirent cette année aux religieux de Solignac en Limoufin, qui leur avoient demandé des reliques de leur faint patron.

Outre le corps de faint Remacle, on montre encore dans le trefor fa chafuble, fon étole, fon manipule, fa chappe, fes fandales, fa cucule & fon peigne. Rien au monde ne m'a tant touché que de voir fa cucule. Elle eft d'une étoffe très groffe, de couleur brune & toute rapetaffée. C'étoit-là l'habit d'un homme qui dans le fiecle avoit paru avec éclat à la cour de nos rois, & qui

après avoir joui plufieurs années d'un très-grand & trèsriche evêché, s'étoit retiré dans une folitude affreuse, pour y vivre dans les exercices d'une rigoureuse penitence. La forme de la cucule eft femblable à celle des anciennes chafubles, c'est-à-dire qu'elle couvre tout le corps & qu'il ny a pas de manches, avec cette difference qu'il y a au deffus un petit capuce pointu, qui y eft attaché: ce qui confirme ce que dit S. Ifidore dans fon livre des Etimologies, Cafula eft veftis cucullata, per diminutionem à cafa, quod to. tum hominem tegat, & l'abbé Theodemare dans fa lettre à Charlemagne. Cucullam nos effe dicimus, quam alio nomine cafulam vocamus. C'eft le plus precieux monument d'antiquité que nous ayons en ce genre, & il m'a paru fi refpec table, que j'ai cru faire plaifir aux lecteurs de le reprefen

ter ici.