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cles, que parmi ceux qui y croyoient quelque chofe de divin & de furnaturel, il fe trouve des Philofophes d'un grandnom,tels que les Stoïciens. Quand les Philofophes s'entêtent une fois d'un préjugé, ils font plus incurables que le Peuple même, parce qu'ils s'entêtent également & du préjugé, & des fauffes raifons dont ils le foutiennent. Les Stoïciens en particulier, malgré le fafte de leur Secte, avoient des opinions qui font pitié. Comment n'euffent-ils pas crû aux Oracles? ils croyoient bien aux Songes. Le grand Chrifippe ne retranchoit de fa créance aucun des points qui entroient dans celle de la moindre femmelette.

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CHAPITRE IX.

Que les anciens Chrétiens eux-mêmes n'ont pas trop crû

que

les Oracles

fuffent rendus par les Demons.

Quoiqu'il paroiffe que les Chré

tiens Sçavans des premiers Siecles ai

maffent affés à dire que les Oracles étoient rendus par les Demons, ils ne laiffoient pas de reprocher fouvent aux Payens qu'ils étoient joués par leurs Prêtres. Il falloit que la chofe fût bien, vraye, puifqu'ils la publioient aux dépens de ce Siftême des Demons, qu'ils croyoient leur être fi favorable.

Voici comment parle Clement Alexandrin au troifiéme Livre des Tapif feries. Vante-nous, fi tu veux, ces Oracles pleins de folie & d'impertirence,ceux de Claros, d'Apollon Pithien, de Didime, d'Amphilochus. Tu peux encore y ajouter les Augures,& les Interprêtes des fonges & des prodiges, Fais-nous paroître aussi devant l'Apollon Pithien, ces gens qui devinoient par la farine ou par l'orge, & ceux qui ont été fi eftimés parce qu'ils parloient du ventre, Que les Secrets des Temples des Egyptiens, & que lo Necromancie des Etrufques demeurent dans les tenebres; toutes ces chofes ne font certai nement que des Impoftures extravagantes, & de pures tromperies pareilles à celle des jeux de Dés. Les Chévres qu'on a dreffées à la Divination, & les Corbeaux qu'on a inftruits à rendre des Oracles, ne font, pour ainfi dire, que les Affociés de ces Charlatans qui fourbent tous les hommes.

Eufebe au commencement du quatriéme Livre de fa Préparation Evangelique, propofe dans toute leur étendue les meilleures raifons qui foient au monde, pour prouver que tous les Oracles ont pû n'être que des Impoftures, & ce n'eft que fur ces mêmes raifons que je prétends m'appuyer dans la fuite, quand je viendrai au détail des fourberies des Oracles.

il

J'avoue cependant que quoi qu'Eufebe fçût fi bien tout ce qui pouvoit empêcher qu'on les crût furnaturels, n'a pas laiffe de les attribuer aux Demons, & il femble que l'autorité d'un

homme fi bien inftruit des raisons des deux partis, eft d'un grand préjugé pour le parti qu'il embraffe.

Mais remarqués qu'Eufebe, après avoir fort bien prouvé que les Oracles ont pû n'être que des Impoftures des Prêtres, affure fans détruire ni affoiblir ces premieres preuves, qu'ils ont pourtant été le plus fouvent rendus par des Demons. Il falloit qu'il apportât quelque Oracle non fufpect, & rendu dans de telles circonftances, que quoique beaucoup d'autres pûffent être imputés à l'artifice des Prêtres, celui-là n'y

pût jamais être imputé; mais c'est ce qu'Eufebe ne fait point du tout. Je voi bien que tous les Oracles peuvent n'avoir été que des fourberies, mais je ne le veux pourtant pas croire. Pourquoi? parce que je fuis bien aife d'y faire entrer les Demons. Voilà une affes pitoyable espece de raifonnement. Ce feroit autre chofe fi Eufebe dans les circonftances des tems où il s'eft trouvé n'avoit ofé dire ouvertement que les Oracles ne fuffent pas l'ouvrage des Demons, mais qu'en faisant femblant de le foutenir, il eût infinué le contraire avec le plus d'adreffe qu'il eût pû.

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C'est à nous à croire l'un ou l'autre felon que nous eftimerons plus ou moins Eufebe. Pour moi, je croi voir clairement que dans l'endroit dont il eft question, il n'y a placé les Demons que par maniere d'acquit, & par un refpect forcé qu'il a eu pour l'opinion,

commune.

Un paffage d'Origene dans fon Livre feptiéme contre Celfe, prouve affés bien qu'il n'attribuoit les Oracles aux Demons que pour s'acommoder au tems, & à l'état où étoit alors cette

grande difpute entre les Chrétiens & les Payens. Je pourrois, dit-il, me fervir de l'autorité d'Ariftote & des Peripateti ciens, pour rendre la Pithie fort fufpectes jo pourrois tirer des écrits d'Epicure & de fes Sectateurs une infinité de chofes, qui décre diteroient les Oracles, & je ferois voir aisément que les Grecs eux-mêmes n'en faifoient pas trop de cas; mais j'accorde que ce n'étoient point des fictions ni des impoftures; voyons fi en ce cas-là même, à examiner la chofe de près, il feroit befoin que quelque Dieu s'en fût mêlé, & s'il ne feroit pas plus raisonnable d'y faire préfider de mauvais Demons, & des Genies ennemis du Genre bu main.

Il paroît affés que naturellement Origene eût cru dês Oracles ce que nous en croyons; mais les Payens qui les produifoient pour un titre de la Divinité de leur Religion, n'avoient garde de confentir qu'ils ne fuffent qu'un artifice de leurs Prêtres. Il falloit donc pour gagner quelque chofe fur les Payens, leur accorder ce qu'ils foutenoient fi opiniâtrément, & leur faire voir que quand mêmy auroit eu du furnaturel dans roit pas à dire c

·les, ce n'é

- Divinité

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