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1822 levement de cette nation n'est ni une revolte ni une insurrection. Il n'es pas davantage une parodie sans but, une émanation materielle en morale de ces secousses politiques, dont le caractère équivoque a fait faire des reflexions sérieuses aux hommes sensés. Les vexations horribles que la Grèce avoit à souffrir, prouvoient assez que nous n'appartenions pas à une puissance protectrice et légale, et que la légitimité se deshonoreroit elle-même, si elle vouloit mettre sa cause en parallèle avec la conduite de ces barbares inexorables, que notre anéantissement politique n'avoit point adoucis, et qu'une ombre de liberté civile met en fureur. Aucun serment, aucun traité ne nous lioit à un pouvoir absolu fondé sur la force, qui semblable à la plus mortelle épidémie, infectoit l'atmosphère de notre patrie devastée. Ce n'étoit pas sans quelque vraisemblance, quoique foible et éloignée, d'un heureux succès, que le tems étoit arrivé, non de renverser une royauté nationale et révérée, non de sacrifier une situation supportable, bien que défectueuse, aux phantômes d'une perfection imaginaire, mais de briser la verge de fer de nos tyrans, de repousser la force par la force et de substituer un état légal, invariable à une existence précaire, sans lois et sans protection. Et quel desastre plus grand ou plus funestre pouvoit-on craindre que celui où ont été plongés Candie, l'Epire et la Morée? Une administration detestable, digne fille du gouvernement avide du troisième Mahomed, modèle de brigandage et de pillage, qui tous les jours étoit mise officiellement à l'enchère, arrachoit à un peuple opprimé les dernières gouttes de son sang. C'est envain que les plaintes des malheureux s'élevoient de toutes parts, elles retentissoient, sans pénétrer, jusqu'à la région, d'où emanoit l'autorité qui nous écrasoit. Déjà le désespoir, causé par le délai des secours, commençoit à présenter à la misère de plusieurs provinces, un changement de religion, comme le dernier moyen pour parvenir à la tranquillité, et à faire évanouir les droits sacrés que l'évangile s'étoit acquis sur la reconnoissance pieuse de la nation grecque. Mais l'Europe auroit -elle préféré voir sous ses yeux ce monstrueux parjure? auroit-elle quoique fière d'une alliance toute chretienne, voulu donner de nouveau son suffrage au triomphe du Coran sur la sainte écriture, de la barbarie sur la civilisation? Il a fallu prendre les armes pour périr du moins

avec honneur. Qu'on ne se fasse point ici illusion sur 1822 ce grand problême; en politique chaque illusion a aussi sa punition, qui est d'autant plus rigoureuse que les intérêts et les tems que l'on meconnoît, sont plus importans. Ici, dans le cas actuel, tout nait et découle de la force des choses. Les hommes, les lieux, les paroles ne comptent pour rien. Le premier pas une fois fait, quoique d'une manière violente, il a fallu continuer sous peine d'être anéanti. La révolution, populaire dans ses motifs, devoit le devenir encore plus par les événemens, qui l'ont suivie. Le sort affreux de tout ce que la nation grecque possedoit d'hommes distingués et de familles célèbres, la déstruction des églises et des écoles, les effets d'une vengeance féroce, ont montré l'abîme où la nation devoit tomber, si elle avoit eu la lâcheté de se soumettre. Quelle garantie pouvoit-elle espérer pour sa sûreté des contempteurs de tous les grecs, des violateurs de toutes les lois? Animée par la situation qui la privoit de l'appui des lois et de toute protection, elle s'est trouvée par les orages du premier mouvement réduite à l'alternative où de périr où de s'affranchir. Foible et dépouillée de tout, elle auroit en effet déjà été perdue, si la divine providence n'avoit pas jusqu'à présent produit le miracle de ses progrès, et annoncé de nouveau à l'Europe attentive, qu'elle vient au secours des opprimés, et qu'elle montre sa puissance en soutenant les foibles.

Quoi! après un si petit nombre d'années écoulées depuis la délivrance de l'Europe, exaltée même par les puissans et les chefs des peuples comme une faveur divine, ne seroit-il déjà plus tems de rappeler en politique que la Poute Puissance veille sur les nations et les rois, qu'elle égalise les époques mème par des revers et que du sang repandu avec un généreux sacrifice, par les générations présentes, elle fait naitre le bonheur des générations à venir? Depuis treize mois nos peuples ont fait plus qu'ils n'osoient espérer. Abandonnée du reste du monde, ayant derrière elle le souvenir d'un illustre passé, poussée enfin par sa propre misère, la Grèce continuera de parcourir une glorieuse et pénible carrière, et de donner aux peuples chrétiens, ainsi qu'aux ames sensibles qui dirigent sa destinée, le spectacle d'un peuple qui combat pour sa patrie, et qui est décidé à vaincre ou à

1822 mourir dans cette lutte. Tel est son sort et la destination que la Providence lui a assignée. Elle est forcée de la suivre avec persévérance, et de sacrifier dans cette lutte désespérée tout ce qui lui reste de plus cher, à la possibilité de sa délivrance. Si néanmoins le destin de notre nation, étoit de succomber à la supériorité du nombre ou aux immenses ressources de son ennemi mortel, le sang de cet ennemi coulera avec le sien dans ses défaites, et en finissant comme elle a commencé, elle laissera au monde par sa chûte la conviction qu'elle étoit digne d'un meilleur sort. La nation rassemblée par le moyen de ses réprésentans, s'étant donnée une constitution provisoire qui embrasse toute la Grèce dans toutes ses parties et ses intérêts, cette assemblée a cru qu'il étoit de son devoir et conforme aux intérêts de la nation à la tête de laquelle elle se trouve, d'exposer aux puissances chretiennes sa situation et sa résolution. Les succès qu'elle a eus depuis son établissement fortifient l'espérance que la Grèce parviendra à jouir paisiblement de son indépendance nationale, et des avantages de la civilisation européenne. Nous protestons d'avance contre toute violation des droits incontestables que nous avons achetés au prix de sacrifices immenses. L'humanité et la religion, les considérations de la politique et du commerce, montreront dans cette occasion aux puissances chretiennes, dans la sagesse de leurs delibérations, te legs conforme aux intérêts de leurs peuples et à leur gloire, qu'elles ont l'intention de laisser dans cette affaire à l'histoire et à la postérité.

Donné à Corinthe le 15 (27) Avril 1822.

Les membres de la régence provisoire de la Grèce.
MAUROCORDATO, président. ATHANASE CANACERI, vice-
président. ANAgnosti PappaganePULO. JEAN ORLANDO.
JEAN LOGOTHETY.

Le secrétaire des affaires étrangères,

NEGRI.

10.

Convention entre la France et l'Es- 1822 pagne concernant la liquidation et le paiement des créances des sujets de S. M. Très - Chretienne à la charge de l'Espagne, signée à Paris le 30 Avril 1822.

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(Le Moniteur universel 1822. No. 215.)

a Majesté Très-Chrétienne et Sa Majesté Catholique étant également animées du désir de mettre un terme aux difficultés qui ont retardé jusqu'à présent la liquidation et le paiement des créances des sujets de Sa Majesté Très-Chrétienne à la charge de l'Espagne, et voulant, pour l'utilité commune de leurs sujets respectifs, régler cet objet par un arrangement définitif, ont nommé dans ce but et à cet effet, pour leurs plénipotentiaires; savoir: Sa Majesté Très-Chrétienne,

Le Sieur Gérard de Rayneval, conseiller d'état, son ministre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire près la cour de Prusse, commandant de l'ordre royal de la Légion d'honneur et chevalier de l'ordre très distingué de Charles III etc.

Et Sa Majesté Catholique,

Don Joseph Noguera, son secrétaire en exercice, premier officier de la secrétairerie- d'état, chevalier de l'Ordre très distingué de Charles III etc. etc.

Lesquels après s'être communiqué leurs pleinspou voirs respectifs, sont convenus des articles suivans:

ART. I. A l'effet d'operer le remboursement et l'extinction totale des créances des sujets de S. M. TrèsChrétienne, dont le paiement est réclamé de S. M. Catholique, en vertu du premier article additionnel au traité du 20 Juillet 1814, la somme de quatre cent vingt-cinq mille francs, représentant un capital de huit millions cinq cent mille francs, sera prélevée par le gouvernement fran

1822 çais sur celle qui est actuellement en dépot entre ses mains, et qui appartient à l'Espagne en vertu des précédentes conventions.

ART. II. Au moyen de l'exécution de la stipulation précédente S. M. T. C. se charge de pourvoir au remboursement des dites créances de ses sujets sur l'Espagne, fondées sur le premier article additionnel au traité du 20 Juillet 1814 et S. M. Catholique se trouve en conséquence complétement libérée de tout ce qu'elle pouvoit leur devoir en vertu du dit article.

ART. III. Immédiatement après l'échange des ratifications de la présente convention, le Gouvernement français fera remettre à la personne et aux personnes qui seront autorisées à cet effet par S. M. Catholique, le surplus de la rente qu'il a gardée en dépôt, y compris la somme totale des intérêts accumulés et composés, par lui perçus jusqu'à ce jour.

ART. IV. Afin de prévenir, autant qu'il est possible, toutes les difficultés qui pourroient entraver et retarder la liquidation qui devra être faite par le Gouvernement français d'après l'article II. ci dessus, le Gouvernement espagnol s'engage à faciliter de toutes les manières la production des titres et pièces servant à constater les réclamations auxquelles se rapporte le dit article.

ART. V. Dans le cas où, contre la teneur de l'article additionnel du traité du 20 Juillet 1814, le séquestre existeroit encore sur des propriétés françaises dans les états de S. M. C. la main levée en sera immédiatement effectuée.

ART. VI. Il est bien entendu que les stipulations cidessus, relatives seulement à l'extinction des créances fondées sur le Ier article additionnel du traité du 20 Juillet 1814, ne préjudicient en rien aux réclamations de toute autre nature que des sujets de S. M. T. C. auroient à faire valoir sur le Gouvernement espagnol, lesquelles réclamations seront liquidées et payées par ce gouvernement, conformément aux lois et décrets sur la dette publique d'Espagne.

ART. VII. La présente convention sera ratifiée et les ratifications en seront échangées à Paris dans le terme d'un mois, ou plutôt si faire se peut.

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