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L'ARCHER.

Allons, qu'on le saisisse.

(Les Archers se jettent sur Arlequin, et l'enlèvent malgré sa résistance sur cette entrefaite, Lelio arrive.)

SCÈNE II.

LELIO, ARLEQUIN, LES ARCHERS, LE

MARCHAND.

LELIO,

part.

C'EST Arlequin que ces archers ont pris, il aura fait quelque sottise. (Haut.) Messieurs, où menez-vous cet homme ? il m'appartient. L'ARCHER.

C'est un voleur de grand chemin que nous conduisons en prison, pour avoir volé ce marchand.

LE MARCHAND.

Oui, Monsieur, il m'a volé.

ARLEQUIN.

AH! damné de Capitaine, que le diable te puisse emporter avec tous les honnêtes gens de ton pays, qui viennent poliment vous offrir les choses pour vous attraper, et vous faire ensuite étrangler ah! scélérat, ne m'as-tu amené de si loin que pour me jouer cc tour ?

LE MARCHAND.

Il fait ainsi l'innocent; je lui ai voulu vendre tantôt ma marchandise, il l'a prise; et puis il fesait semblant de croire que j'avais voulu la lui donner: il fesait le niais, comme s'il n'avait jamais vu d'argent, et à la fin il ne m'a payé qu'à coups de bâton.

LELIO

Eh! Messieurs, ce pauvre homme est un sauvage que j'ai amené avec moi, il n'a aucune connaissance de nos usages: et ce matin pour me divertir de son ignorance, je lui ai dit que l'on trouvait ici sans peine toutes les choses dont on avait besoin, et qu'il y avait des gens qui venaient vous les offrir, sans expliquer que c'est pour de l'argent: il a pris ce que je lui ait dit au pied de la lettre, parce qu'il n'en savait pas davantage : ainsi je suis la cause innocente du mal qu'il vous a fait, et je veux vous le réparer. Dites-moi, Monsieur, ce qu'il a à vous, je vous le paierai.

L'ARCHER.

Si cela est ainsi, ce pauvre homme n'a pas tort payez seulement ce marchand, et ramenez votre sauvage chez vous.

LE MARCHAND.

Que Monsieur me fasse rendre ma marchandise, je ne demande que cela.

LELIO.

As-tu encore les choses que tu lui as prises?

ARLEQUIN.

Oui, je les ai; mais je ne les veux plus: je serais bien fâché d'avoir rien à un bélitre comme toi. Tiens.

L'ARCHER.

Voilà un procès bientôt fini.

LE MARCHAND.

Nous sommes tous contens; (à Lelio) mais votre sauvage ne l'est peut-être pas ? Je voudrais bien, pour qu'il n'eût rien à me reprocher, lui rendre les coups de bâton qu'il m'a donnés.

ARLEQUIN.

Je ne les veux pas, moi: quand je donne quelque chose, c'est de bon cœur.

L'ARCHER.

Monsieur, je suis votre serviteur.

ARLEQUIN.

(Ils s'en vont. vont.)

Allez-vous-en à tous les diables.

SCÈNE III.

LELIO, ARLEQUIN, fesant mine au parterre sans rien dire, ni regarder son maître.

LELIO, à part.

LE Voilà bien fâché : je veux me donner la comédie tout entière. (Haut.) Eh bien! Arlequin, voici un bon pays, et où les gens sont fort aimables, comme tu vois? ( Arlequin le regarde sans répondre. ) Tu ne dis mot: tu devrais bien au moins me remercier de t'avoir empêché d'être pendu.

ARLEQUIN.

Que le diable t'emporte, toi, tes frères, et ton pays!

LELIO.

Eh pourquoi me souhaites-tu un si triste

sort?

ARLEQUIN.

Pour te punir de m'avoir conduit dans un pays civilisé, où la bonté que vous faites semblant d'avoir, n'est qu'un piége que vous tendez à la bonne foi de ceux que vous voulez attrapper: je vois clairement que tout est faux chez vous.

LELIO.

C'est que tu ne sais pas encore ce qu'il faut

savoir

pour nous trouver aimables; mais je veux te l'apprendre.

ARLEQUIN.

Tu es un babillard, et c'est tout; mais parle, parle, puisque tu en as tant d'envie: aussi bien je suis curieux de voir comment tu t'y prendras, pour me prouver que ce marchand n'est pas un fripon.

LELIO.

Rien n'est plus facile. Nous ne vivons point ici en commun, comme vous faites dans vos forêts; chacun y a son bien, et nous ne pouvons user que de ce qui nous appartient : c'est pour nous le conserver que les lois sont établies elles punissent ceux qui prennent le bien d'autrui sans le payer; et c'est pour l'avoir fait que l'on voulait te pendre.

ARLEQUIN.

Fort bien! mais que donne-t-on pour ce que l'on prend?

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C'est-là de l'argent? Cela est drôle. (Il le

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