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ARLEQUIN.

Cet homme-là est fâché.

LE PASSANT.

Heureux mille fois les sauvages, qui suivent simplement les lois de la nature, et qui n'ont jamais connu Cujas ni Barthole!

ARLEQUIN..

Oh, oh! voilà un homme raisonnable. Tu as raison, mon ami; vous êtes tous des bélitres dans ce pays.

LE PASSANT.

A qui en veut ce drôle-là ?

ARLEQUIN..

Dis-moi la vérité je gage qu'on t'a voulu pendre.

LF PASSANT.

Vous êtes un sot, on ne pend pas d'es gens de ma sorte.

ARLEQUIN.

Pardi, tu me la donnes belle ! on en pend qui valent mieux ; et sans aller plus loin, saistu bien que j'ai failli à être branché, moi, il n'y a qu'un moment?

Vous ?

LE PASSANT.

ARLEQUIN.

Oui, moi-même en propre personne.

LE PASSANT.

On avait apparemment de bonnes raisons pour cela.

ARLEQUIN.

On n'a que des raisons de ton pays, c'està-dire, des impertinences. Un coquin de marchand est venu m'offrir sa marchandise; moi, je l'ai prise de bonne amitié : il voulait ensuite que je lui donnasse de l'argent: je n'en avais point, il s'est fâché, et moi aussi, et pour le punir, je l'ai payé à bons coups de bâton. Voilà toutes les raisons que l'on avait. Cependant ce fripon s'en est allé chercher d'autres pour m'étrangler; et mon affaire était faite, si le capitaine ne m'eût retiré de leurs mains.

LE PASSANT, à part.

Il ne manquait plus que cette rencontre ; un voleur de grand chemin, qui a sa bande et son capitaine dans le voisinage.

Que dis-tu là?

ARLEQUIN.

LE PASSANT.

Je dis que ce marchand a tort.

ARLEQUIN.

Sans doute, c'est un faquin.

LE PASSANT.

Assurément, et vous avez raison d'être en colère, car c'est une affaire sérieuse que d'être pendu.

ARLEQUIN.

Comment, morbleu ! des plus sérieuses, et quand j'y songe, j'entre dans une colère que je ne me possède pas.

LE PASSANT.

Il faut prendre garde de ne plus vous y exposer: : adieu, Monsieur.

Où vas-tu ?

ARLEQUIN.

LE PASSANT.

Je vais joindre ma compagnie qui n'est pas loin d'ici.

ARLEQUIN.

Non, je veux que tu demeures; je suis bien aise de causer avec toi.

LE PASSANT.

Je n'ai pas le tems.

ARLEQUIN.

Il faut le prendre; je le veux, moi.

LE PASSANT, à part.

Je serai bienheureux si j'en suis quitte pour la bourse.

ARLEQUIN.

Dis-moi! es-tu honnête homme ?

LE PASSANT.

J'en fais la profession.

ARLEQUIN.

Et comment veux-tu que je te croie, si tu ne me donnes pas des cautions! car vous en avez tous besoin dans ce pays : allons donnem'en, et après nous causerons.

LE PASSANT.

Où voulez-vous que je les prenne!

ARLEQUIN.

Fouillons dans ta poche, c'est-là que vous les mettez.

LE PASSANT, à part.

La chose n'est plus équivoque: tâchons d'en sortir à meilleur marché que nous pour-rons. Je vois bien, Monsieur, ce que vous souhaitez voilà ma bourse, c'est tout mon bien.

ARLEQUIN.

Si quelqu'un m'en demandait autant, je le tuerais; car je suis honnête homme, moi, et ne suis pas sujet à caution.

LE PASSANT.

Je le vois bien, Monsieur, adieu.

Arrête.

ARLEQUIN.

LE PASSANT, & part.

Encore ? Ciel ! tirez-moi de ce pas.

ARLEQUIN.

Je suis fâché d'en agir ainsi avec toi, parce que tu me parais bon homme, et que tu estimes les sauvages.

LE PASSANT.

Plût à Dieu que je fusse parmi eux ! je ne serais pas exposé à tous les maux qui me suivent.

ARLEQUIN,

Voilà tes cautions: je te crois honnêtehomme sur ta parole, puisque tu voudrais être sauvage.

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Sais-tu bien que je suis un sauvage, moi?

LE PASSANT.

Vous ?

ARLEQUIN.

Oui Je suis arrivé aujourd'hui dans ton pays, et depuis que j'y suis, j'ai vu plus

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