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ARLEQUIN.

Je le crois, puisque tu n'aimes pas le bien; car il n'y a que ceux qui préfèrent l'argent à leurs amis qui aient besoin de cautions. (Violette laisse tomber un miroir qu'Arlequin ramasse; il s'y voit et croit d'abord que c'est un portrait.) Ah, ah! tu portes aussi des hommes en poches: il est bien joli celui-là, il remue. (Arlequin diverti par les mouvemens de l'homme qu'il croit voir, fait cent postures bizarres.) Ah, ah, ce drôle-là- est bouffon. (Il continue à faire des grimaces.) Pardi, voilà un plaisant original, regarde un peu, Violette, il se moque de moi. (Violette regarde, et Arlequin, surpris de la voir dans le miroir, marque son étonnement dans tous ses mouvemens.) Oh! est-ce que tu es double? te voilà dans deux endroits tout-à-la-fois.

VIOLETTE.

C'est ma figure.

ARLEQUIN.

Mais comment diable est-elle venue là?

VIOLETTE.

Ah, ah, ah, ah!

ARLEQUIN.

Regarde, regarde, elle rit aussi, hé, ah, ah, et cet autre aussi, ah, ah, ah! (Violette et Arlequin rient, et les ris d'Arlequin aug

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mentent à mesure qu'il se voit rire.) Pardi, voilà les plus drôles de corps que j'ai vus ; ils font tous comme nous. Baisons-nous un peu, pour voir s'ils se baiseront aussi. ( Il la baise.)

FLAMINIA.

Voilà une plaisante scène ?

ARLEQUIN.

Vois, vòis, comme ils se baisent: ah! ah! (Il regarde derrière le miroir pour voir où ils

sont

FLAMINIA.

Que cherches-tu ?

ARLEQUIN.

L'endroit où ces gens-là sont: il est aussi grand que celui-ci, et cependant je ne puis voir sa place. (Il regarde encore dans le miroir, et n'y voyant plus Violette.) Ah! où diable est allée cette fille qui te ressemblait?

FLAMINIA.

Je veux t'expliquer la chose. On nomme cela un miroir : c'est un secret que nous avons pour nous voir; car ce que tu vois n'est que ton image que cette glace réfléchit : et il en fait de même de toutes les choses qui lui sont présentées.

ARLEQUIN.

Voilà un beau secret! mais dis-moi, puis

que vous savez faire de ces miroirs, que n'en faites-vous qui représentent votre ame et ce que vous pensez; ceux-là vaudraient bien mieux; car je pourrais voir dedans si Violette ne me trompe pas, lorsqu'elle me dit qu'elle m'aime.

FLAMINIA.

Effectivement de tels miroirs seraient beaucoup plus utiles.

ARLEQUIN.

Sans doute, et si j'en avais eu un, lorsque mon fripon de marchand est venu pour m'attraper, je l'aurais regardé dedans, et connaissant ses mauvais desseins, je n'en aurais pas été la dupe..

VIOLETTE.

Cela serait bien nécessaire.

SCÈNE V.

PANTALON, FLAMINIA, VIOLETTE, ARLEQUIN.

FLAMINIA.

AH! mon père, si vous étiez venu un moment plus tôt, vous vous seriez bien diverti de la surprise d'Arlequin à la vue d'un miroir et de ses effets; il nous a donné la comédie.

PANTALON.

Je suis bien fâché de ne m'y être pas trouvé. Les plaisirs naissent ici sous vos pas; Mario vous en prépare de nouveaux dans une fête galante qu'il vous donne: il va paraître, je vous prie de faire les choses de bonne grâce.

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LES PRÉCÉDENS, L'HYMEN, L'AMOUR,

TROUPE DE JEUX ET DE PLAISIRS.

(LELIO ET MARIO sont déguisés à la suite.)

L'AMOUR.

MON frère, à la fin vous ruinerez votre empire, pour y vouloir engager trop de monde sans moi. Croyez une fois mes conseils : laissez la fortune et les vains brillans dont vous séduisez les ames plutôt que vous ne les gagnez, et ne recevez point de cœurs sous vos lois, si l'Amour même ne vous les livre.

L'HYMEN.

Il est vrai que je le devrais, mais c'est Votre faute et non la mienne. Je ne refuse point les cœurs que vous me présentez : dcpuis long-tems vous êtes conjuré contre mon

empire, et les feux que vous allumez ne tendent qu'à me détruire.

L'AMOUR.

Finissons aujourd'hui nos débats en faveur de Flaminia : elle doit entrer sous vos lois, je vous offre tous mes feux pour elle : je la blessai autrefois du plus doux de mes traits en faveur de Lelio, vous lui destinez Mario: pour accorder notre différend sur cela, souffrez que je lui présente les cours de l'un et de l'autre, et tenons-nous en à son choix.

L'AYMEN.

A cette condition je consens de me raccommoder sincèrement avec vous.

L'AMOUR, à Flaminia.

Je vous offre ces cœurs, charmante Flaminia: ils sont tous les deux dignes de vous; Mario est tendre et riche à la fois, Lelio n'a pour tout bien que les sentimens purs et sincères que je lui ai inspirés pour ne vous engager que par votre propre choix...

FLAMINIA.

Je vois bien, charmant Amour, que vous favorisez secrètement Lelio, puisque vous employez la pitié que ses malheurs exigent de mon cœur pour animer encore mes sentimens pour lui.

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