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PANTALON.

Songez, Flaminia, à la soumission que vous devez avoir pour mes volontés, et que c'est Mario qui vous donne cette fête.

FLAMINIA.

Je ne perds point de vue mes devoirs ; mais je sais que tout est réciproque entre les pères et les enfans, comme entre le reste des hommes: il est sans doute juste que les enfans respectent leur père en tout, mais il n'est pas moins juste que les pères restreignent leur autorité sur leurs enfans, dans les bornes d'un exacte équité, et qu'ils ne la poussent pas jusqu'à les sacrifier à leurs préventions.

PANTALON.

Ce n'est point vous sacrifier, que de vouloir vous rendre heureuse.

FLAMINIA.

Vous croyez me rendre heureuse, et moi, je dis le contraire : ainsi vous et moi sommes parties, il n'y a qu'un tiers qui puisse en décider, choisissons-en un.

PANTALON.

Ce serait un plaisant arbitrage?

FLAMINIA.

Qu'Arlequin nous juge.

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Il aime la vérité, et la dit toujours lorsqu'il la connaît; il ne faut que lui expliquer la chose, et je suis assurée qu'il décidera saine

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Écoute, Arlequin, j'aime un amant depuis long-tems, mon père m'avait promis de me le donner, il était riche lorsque je commencai à l'aimer, aujourd'hui il est pauvre; doisje l'épouser quoiqu'il n'ait point de bien?

ARLEQUIN.

Si tu n'aimes que son bien, tu ne dois pas l'épouser, parce qu'il n'a plus ce que tu aimais; mais si tu n'aimes que lui, tu dois l'épouser, parce qu'il a encore tout ce que tu aimes.

FLAMINIA.

Qui mais mon père qui voulait me le

donner quand il était riche, ne le veut plus aujourd'hui qu'il est pauvre.

ARLEQUIN.

C'est que ton père n'aimait que son bien.

FLAMINIA.

Et il veut m'en donner un autre qui est riche, que je ne puis aimer, parce que j'aime toujours e premier.

ARLEQUIN.

Et cela te fâche ?

FLAMINIA.

Sans doute.

ARLEQUIN.

Ecoute fais perdre à celui-ci son bien, et ton père ne te le voudra plus donner.

FLAMINIA.

Cela n'est pas possible: que dois-je donc faire ? obéirai-je à mon père en prenant celui que je n'aime point, ou lui désobéirai-je en prenant celui que j'aime?

ARLEQUIN.

Te maries-tu pour ton père ou pour toi ?

FLAMINIA.

Je me marie pour moi seule, apparemment.

ARLEQUIN.

Eh bien, prends celui que tu aimes, et laisse dire ce vieux fou.

PANTALON.

Le juge et la fille sont deux impertinens. Taisez-vous.

FLAMINIA.

Je ne lui ai pas dicté ce qu'il vient de dire ; mais aut rme de fou près, c'est la nature et la raison toute simple qui s'expliquent par sa bouche.

PANTALON.

La nature et la raison ne savent ce qu'elles disent; vous n'êtes qu'une sotte; on ne vit pas de sentimens, il faut du bien dans le mariage. MARIO,

Ne vous emportez pas, Monsieur, les sentimens de Mademoiselle sont aussi beaux, que le jugement d'Arlequin est raisonnable et vous devez vous rendre à ses vœux: quoiqu'ils me soient contraires, je ne les approuve pas moins, et je vous demande comme une preuve de l'amitié dont vous m'honorez d'être favorable à Lelio.

PANTALON.

Vous prenez, Monsieur, votre parti en galant homme, et moi je saurai le prendre en

père sage, fille.

et qui sait ce qui convient à sa

MARIO.

Voici un homme qui vous rendra plus traitable. (Il lui présente Lelio.)

LELIO.

S'il n'y a, Monsieur, que les bruits de ma mauvaise fortune qui vous aient indisposé contre moi, il est facile de les détruire je suis plus riche que je n'ai jamais été ; et si, d'ailleurs vous ne me jugez pas indigne de votre alliance, ma fortune ne mettra point d'obstacle à ma félicité

PANTALON.

Il n'est donc pas vrai que vous êtes ruiné ?

LELIO.

Non, Monsieur, un naufrage que j'ai fait sur ́les côtes d'Espagne a donné lieu à ces bruits; vous pouvez, lorsque vous voudrez, approfondir la vérité.

PANTALON.

Je me rends, ma fille a raison.

LELIO.

Permettez, charmante Flaminia, que je vous marque ma reconnaissance à vos pieds.

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