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ARLEQUIN.

Voici le meilleur de mes amis; demandelui un peu ce que je vaux, et tu verras si je ne mérite pas mieux la fortune que toi.

LE FLATTEUR.

Vous êtes le plus méprisable des hommes.

ARLEQUIN.

Et depuis quand ?

LE FLATTEUR.

Vous l'avez toujours été.

ARLEQUIN.

D'où vient donc que tu chantais il n'y a qu'une heure mes louanges?

LE FLATTEUR.

C'était pour me moquer de vous; est-ce que les louanges prouvent quelque chose? ce n'est qu'une manière de parler qui n'a d'objet que l'intérêt de ceux qui louent.

ARLEQUIN.

Ceux qui louent sont donc des impertinens ?

LE FLATTEUR.

L'impertinence n'est que du côté de ceux qui se laissen: flatter.

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ARLEQUIN.

Je n'entends rien à tout cela; de qui est

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Ah! ah! bon, lis-la, car je ne sais pas lire,

moi.

TIMON.

Qui est cette Aspasie ?

ARLEQUIN.

C'est une jolie fille à qui j'ai donné tes trésors à garder.

Voyons.

TIMON.

TIMON lit la lettre.

Comme les Dieux ne donnent rien inutilement, aux hommes, Timon, en se refusant l'usage des trésors qu'ils lui avaient fuit trouver, s'en est rendu indigne...

ARLEQUIN.

Tu vois bien que je n'ai pas tort de te les avoir pris.

TIMON continue de lire.

Vous les méritez encore moins, puisqu'oubliant vos devoirs pour un maître qui vous aimait, vous l'avez trahi honteusement en lui

volant des biens que les Dieux ne lui avaient pas donnés pour être la récompense d'un crime; ainsi fesant justice à l'un et à l'autre j'emporte avee moi vos trésors, et je vous en prive pour toujours tous les deux.

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Et elle a bien fait; par quel endroit méritiez-vous votre fortune?

ARLEQUIN.

Quoi! scélérat, tu ne pensais donc pas ce que tu me disais tantôt !

LE FLATTEUR.

Ah, ah, ah! Cette question prouve bien que vous n'êtes qu'un sot. Ah, ah, ah!

ARLEQUIN.

Par-la-mort-non de ma vie, il faut que je

t'assomme.

LE FLATTEUR.

Je crains aussi peu ton courroux à présent que tu n'as rien, que je t'estimais lorsque je te louais; le plaisir de t'annoncer ta ruine nic paie assez de toutes les menteries que je t'ai dites en te louant. Ah, ah, ah!

(Il sort.)

SCÈNE IV.

TIMON, ARLEQUIN.

TIMON.

Voilà une scène charmante, et je ne croyais pas que mes trésors dussent jamais me donner tant de plaisir.

ARLEQUIN.

Je suis un grand chien d'avoir cru ce coquin, et de m'être fié à cette carogne d'Aspasic.

TIMON.

Te voilà aussi misérable que moi; tu éprouves la vérité de ce que je t'ai dit de la malice des hommes; pour n'avoir écouté que tes passions, et ne t'être pas contenté du nécessaire, tu perds à la fois le nécessaire et le superflu que tu cherchais, et tu tombes dans la plus terrible des misères.

ARLEQUIN.

J'enrage; si je tenais cette carogne d'As pasie, je la déchirerais à belles dents.

TIMON.

Les siennes s'occupent mieux au moyen des trésors qu'elle t'emporte.

ARLEQUIN.

Ne me dis pas cela; tu redoubles ma colère, je crois la voir manger à mes dépens, et cela ine donne une faim canine.

TIMON.

Et le pis est qu'il ne te reste plus rien pour Ja rassasier.

ARLEQUIN.

Quoi, tu n'as rien chez toi?

TIMON.

Ne m'as-tu pas tout enlevé? je n'ai pas un morceau de pain, ni un sou pour en acheter.

ARLEQUIN.

Et comment dois-je faire ?

TIMON.

Si tu veux retourner sur la montagne, nous y vivrons des racines que nous y trou

verons.

ARLEQUIN.

Ne me parle pas de cette maudite montagne.

TIMON.

Tu n'as pourtant point d'autre ressource, et tu es encore bien heureux que je veuille t'y conduire, tu ne le mérites guères ; mais tu me fais pitié, et j'espère que les fautes t'auront rendu plus sage, et produiront chez toi ce que je croyais faussement que la nature toute simple y devait produire.

ARLEQUIN.

C'est toi qui es la cause de tous mes mal

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