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jourd'hui les témoignages de la part que je prends à votre infortune.

TIMON.

Ah! charmante Eucharis, ces traits d'une amitié si souhaitée et si peu attendue me paient trop des pertes que j'ai faites; quel bien pour moi pourrait égaler la satisfaction que je sens de voir que ma misère, qui n'est propre qu'à éloigner les hommes de moi, ne vous épouvante point!

ARLEQUIN.

Tu as tort; la misère doit bien plutôt te rapprocher les hommes, puisqu'elle te rend leurs secours nécessaires.

EUCHARIS.

Arlequin a raison.

ΤΙ ΜΟΝ.

Oui, Madame, il a raison; ses discours viennent de m'apprendre des choses que l'expérience que j'avais faite de l'une et de l'autre fortune ne m'avait pas apprises.

EUCHARIS.

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Si vous connaissez vos erreurs, il ne me reste plus qu'à soulager les maux où elles vous ont plongé, et ce n'est que pour cela que je viens vous trouver, persuadée qu'on ne peut blesser les lois de la bienséance dans une action louable; je vous offre donc avec

ma main une fortune assez brillante pour réparer chez vous les outrages du sort.

ARLEQUIN.

Ma foi, voilà la reine des femmes; et il faudrait avoir le diable au corps pour être misantrope vec elle; que je vous embrasse ma chère amie! vous rassurez mon estomac alarmé de la diète où ma bonne foi et la sottise de Timon m'avaient condamné.

TIMON.

Que faites-vous, Eucharis ? Je ne puis accepter vos offres.

ARLEQUIN.

Et pourquoi ne peux-tu pas les accepter?

TIMON

Parce que j'en suis indigne.

ARLEQUIN.

Je le crois; mais, si tu es sage, tu ne feras. pas semblant de le savoir, puisque cela nous empêchera d'aller sur la montagne.

TIMON.

Je ne puis ni ne dois accepter vos bontés; la tendresse même que je sens pour vous me défend de vous charger d'un misérable qui ne l'est que par sa faute, et que les hommes ni même les Dieux n'ont pu corriger. Adieu.

SCÈNE VI.

MERCURE, TIMON, EUCHARIS, ARLEQUIN.

MERCURE.

ARRÊTE, Timon, les Dieux sont satisfaits puisque tu reconnais tes erreurs.

ΤΙΜΟΝ.

Mais je ne le suis point, moi.

MERCURE.

Prends garde de ne pas tomber dans un excès plus criminel que tous les autres.

TIMON.

Pardonnez à ma faiblesse, je la sens trop vivement pour être capable de raison.

MERCURE.

Oublie tes erreurs, ou si tu t'en souviens, que ce ne soit que pour n'y plus retomber; c'est tout ce que les Dieux exigent de toi, ils te rendent tes trésors; et ce n'est qu'à présent que tu te peux dire riche, puisque tu es assez sage pour faire un bon usage de tes richesses; au surplus n'impute point à Arlequin le vol qu'il t'a fait, c'est moi qui l'y ai engagé sous le nom et la forme d'Aspasie.

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ARLEQUIN.

Quoi, c'est toi qui m'as joué ce tour?

MERCURE.

Oui.

ARLEQUIN.

Et pourquoi me fesais-tu cette pièce ?

MERCURE.

Pour corriger Timon.

ARLEQUIN.

Eh! mort-non de ma vie, tu es un drôle de dieu de me faire un coquin pour le faire lui honnête homme:

MERCURE.

Je ne t'ai point fait coquin pour cela, puisque tu l'as fait sans malice; j'ai voulu t'instruire, et avec Timon tous ceux qui abusent des biens qui ne sont donnés aux hommes que pour lier la société et la rendre plus heureuse; Timon, il ne te reste plus qu'à donner la main à Eucharis ; elle est belle et sage, et les Dieux te la destinaient; ils rendront heureux un hymen où elle ne s'est engagée que par leur conseil, puisque c'est moi qui, sous la forme d'Aspasie, lui ai appris les moyens de te plaire.

TIMON.

Puis-je jamais assez vous marquer ma reconnaissance!

MERCURE.

Votre bonheur me suffit, jouissez-en longtems; mais puisque vos erreurs sont dissipées, il est tems que les Vérités viennent prendre l'empire qu'elles doivent avoir sur vous. Venez, aimables Vérités, vous emparer d'eux pour toujours.

(Les Vérités viennent s'emparer de Timon et d'Arlequin, et reprendre leur empire sur eux.)

ENTRÉE ET BALLET DES VÉRITÉS.

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