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Tant mieux.

MONDOR.

LUCINDE.

Je jouis de ma liberté, et grâces au ciel, je ne m'en ennuie pas encore.

MONDOR.

Oh! parbleu, vous serez libre avec moi plus que jamais ; vous ne serez gênée en rien.

LUCINDE.

Je me gênerais peut-être moi-même. Croyez-moi, Monsieur, vous êtes dans un âge où le joug de l'hymen est bien pesant. Vous vivez content, votre humeur est charmante; dès que vous seriez marié, vous deviendriez rêveur, sombre, chagrin : j'ai dans l'idée, enfin, qu'une femme vous porterait malheur.

MONDOR.

Voilà un conseil qui a tout l'air d'une audience de congé.

SCÈNE XV.

MONDOR, LUCINDE, LISETTE.

LISETTE.

MONSIEUR, Voilà une lettre qui presse.

(Elle sort.)

MONDOR.

C'est sans doute, un échantillon des vers en question... Non vraiment, c'est une lettre de mon frère. Il me donne apparemment des nouvelles de ce neveu dont je vous ai parlé, et dont je suis fort en peine. Madame.... (Voulant s'en aller.)

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Non, Monsieur, lisez ici; je sais trop combien l'affaire vous intéresse.

MONDOR.

Puisque vous me le permettez...

LUCINDE.

Je souhaite que ce que vous allez apprendre vous tire d'inquiétude.

Ah!

MONDOR.

LUCINDE.

Qu'avez-vous donc ?

MONDOR.

Éraste, mon neveu, est à Paris depuis trois

mois.

LUCINDE.

Ah! je respire. J'ai cru que vous alliez m'apprendre qu'il était mort, ou dangereusement malade... Je ne vois rien là qui doive

vous affliger; il est peut-être à Paris, et ne peut vous trouver, faute de savoir votre nom : car vous en avez changé, sans beaucoup de raison, ce me semble.

MONDOR.

Sans beaucoup de raison! Quand on s'est battu, qu'on a tué son homme, et que l'affaire n'est pas encore accommodée...

LUCINDE.

Mais votre neveu était-il seul? n'avait-il personne avec lui ?

MONDOR.

Il est parti, à ce qu'on m'écrit, avec un domestique nommé Frontin.

LUCINDE, bas.

Ah! qu'entends-je ? (Haut.) Frontin vient souvent ici; il est des amis de l'Orange, et l'un ou l'autre vous en donnera peut-être des nouvelles. Lisette!

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à Monsieur un grand service, duquel il sera récompensé et que L'Orange vienne ici surle-champ. Rassurez-vous, Monsieur, vous apprendrez bientôt ce qu'est devenu votre

neveu.

MONDOR.

Hélas! Madame, que me servirait de le retrouver? Vous le dirai-je ? Il est perdu pour moi, après l'indigne action par laquelle il vient de déshonorer, lui et toute mille.

sa fa

LUCINDE.

Qu'a-t-il donc fait ? expliquez-vous, de

grâce.

MONDOR.

Son père me marque qu'il a appris, et cela par des gens qui l'ont vu en cet état, qu'Eraste est au service d'une dame.

LUCINDE, à part.

Ah! ciel! Éraste est chez moi.

MONDOR.

Je vous suis bien obligé, Madame, de prendre tant de part à cette affaire. Je connais votre bon cœur. Jugez de ma douleur; vous m'en voyez pénétré. Se faire laquais! un enfant de famille! un fils unique!

LUCINDE.

Écoutez, il me vient une idée: peut-être est-il amoureux de la personne qu'il sert?

MONDOR.

Parbleu ! que ne se donne-t-il pour ce qu'il est ? Si elle le refusait, elle serait bien difficile.

LUCINDE.

Vous m'avez dit qu'il était bien fait; qu'il avait de l'esprit ?

MONDOR.

Oh! de l'esprit, il n'en a que trop! Mais point de jugement. A quoi croiriez-vous qu'il passait son tems? à faire des romans. La belle occupation!

LUCINDE.

Des romans ? Mais cela amuse.

MONDOR.

Oui, Madame, des romans, et de plus des vers! Des vers et des romans? N'y at-il pas là de quoi faire tourner la cervelle la mieux timbrée ? Il ne lui manquerait plus que de faire des comédies, pour être toutà-fait joli garçon !

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