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tion; avoue toi-même que tu es Eraste, puisqu'on ne veut pas que je le sois.

ÉRASTE, se jetant aux genoux de Mondor.

Eh bien! Monsieur, vous voyez ce neveu, qui ne doit plus vous sembler digne de l'être.

Eraste! lui?

LISETTE.

FRONTIN.

A propos, je te félicite de ta conquête.

LUCINDE, à Éraste.

Eh! par où ai-je mérité, Monsieur, une démarche aussi hardie, et aussi offensante? ÉRASTE.

Ah! Madame, songez du moins, que je ne suis jamais sorti de ce respect auquel je m'étais voué en entrant auprès de vous.

MONDOR.

Dit-il vrai, Madame?

LUCINDE.

Je ne puis l'en dédire; c'est une réflexion que je fesais même il y a quelques momens. Je n'ai pas moins lieu de me plaindre de son étourderie; elle m'expose à des bruits que je n'ai pas mérités, et L'Orange doit pour jamais renoncer à me voir. Je ne veux pas cependant

qu'il sorte sans récompense; je connais le prix des services qu'il m'a rendus, et lui tiens compte de ceux qu'il aurait voulu me rendre. Prenez eette boîte; je croirais vous offenser, si je vous payais autrement.

Madame....

ÉRASTE.

LUCINDE.

Prenez-là, vous dis-je ? Adieu, L'Orange.

SCÈNE XIX.

MONDOR, ERASTE, LISETTE, FRONTIN.

MONDOR.

ON se moque de vous, mon cher neveu ; mais consolez-vous, elle m'a refusé moimême.

ÉRASTE.

Que vois-je! son portrait ?

MONDOR.

Son portrait! ah! fripon! Que je le voie... Oui, ma foi. Tu es trop heureux. Donne-le moi, tu vas avoir l'original.

ERASTE.

Quoi! vous croyez ?... Elle se sera peutêtre trompée.

.

MONDOR.

Cours vite après elle. Mais va changer d'habit auparavant ; elle a congédié L'Orange, et c'est Eraste qu'elle demande.

ÉRASTE.

Peut-on jouir d'un plaisir plus parfait ?

FRONTIN.

Adieu, fidèle Lisette.

LISETTE.

Tu es encore bienheureux, faquin, que je ne t'aie trompé qu'en herbe.

FRONTIN.

Va, je te défie de me tromper autrement.

FIN DE L'AMANT AUTEUR ET VALET.

ARLEQUIN SAUVAGE,

COMÉDIE EN TROIS ACTES,

PAR DELISLE,

Représentée, pour la première fois, par les comédiens Italiens, en 1721.

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SUR DELISLE.

LOUIS-FRANÇOIS DELISLE DE LA DREVETIÈRE, issu d'une famille noble du Périgord, naquit à Suze-la-Rousse, près de Pierrelate en Dauphiné, et vint faire ses études à Paris, où il fit ensuite un cours de droit. L'amour du plaisir et le goût des lettres le détournèrent bientôt de l'étude des lois. Son père ne pouvant lui payer de pension à Paris, il se vit obligé de vivre de ses talens littéraires, et travailla pour le théâtre Italien où l'on ne jouait encore que des farces grossières. Delisle fut, si l'on peut s'exprimer ainsi, le Molière du théâtre Italien, en ce qu'il fut le premier qui y donna des comédies régulières. La première pièce par laquelle il y débuta, fut Arlequin Sauvage. L'année suivante, il donna Timon le Misantrope qui eut un grand succès, et après cela Arlequin au banquet des sept Sages. Cette pièce fut suivie du Banquet ridicule.

En 1725, il fit paraître une comédie du Faucon tirée de Boccace. Il fit jouer en outre diverses autres pièces, dont voici les titres :

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