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en avons faite dans notre naufrage, ne doit nous laisser aucune tentation pour leur secours. Consultez un peu votre Sauvage sur cela.

LELIO.

Il est vrai que sa frayeur était grande; et, si j'avais pu rire dans le péril où nous étions, je me serais diverti de sa colère et des injures qu'il me disait à cause du danger où je l'avais exposé.

SCAPIN.

Il fut pourtant le moins embarrasser; dės que le vaisseau fut échoué, il n'attendit pas la chaloupe pour se sauver, mais il se jetta à la nage et fut le premier hors de danger, sans s'embarrasser de ceux qu'il y laissait.

LELIO.

A propos d'Arlequin, où l'as-tu laissé ?

SCAPIN.

Il est dans l'admiration de tout ce qu'il voit, et vous ririez de son étonnement.

LELIO.

Je l'imagine assez; c'est pour m'en ménager le plaisir que j'ai défendu de l'instruire de nos coutumes. La vivacité de son esprit, qui brillait dans l'ingénuité de ses réponses, me fit naître le dessein de le mener en Europe avec son ignorance: je veux voir en lui la

nature toute simple opposée parmi nous aux Lois, aux Arts et aux Sciences; le constraste sans doute sera singulier.

SCAPIN.

Des plus singuliers.

LELIO.

Va tout préparer pour demain, je vais chercher dans cette campagne un homme avec qui j'ai quelques affaires.

SCÈNE II.

MARIO, LELIO.

MARIO.

JE commence à croire sérieusement que les mariages sont écrits dans le ciel, et qu'ils s'accomplissent sur la terre. A peine Flaminia est dans cette ville, que je l'aime. Je parle, et son père me l'accorde: voilà mener les choses de bon pied, Mais que vois-je ! N'estce pas Lelio? Oui, c'est lui-même. Seigneur

Lelio?

LELIO.

Ah! mon cher ami, est-ce vous ?

MARIO..

Je suis charmé de vous voir; personne n'a pris plus de part à votre malheur que moi.

Comédies en prose. 2.

7

Pardonnez à mon empressement; voire naufrage a-t-il été aussi funeste à votre fortune que l'on me l'a écrit en Espagne ?

LELIO,

J'y devais tout perdre ; mais heureusement j'ai retrouvé ce que j'avais de plus précieux, et ce que j'y ai perdu n'est pas considé

rable.

MARIO.

Voilà la nouvelle du monde qui pouvait le plus me flatter, et je vous en félicite de tout mon cœur. Mais par quelle aventure êtes-vous dans cette ville?

LELIO.

Par l'impatience de voir un objet aimable qui m'appelle en Italie. Je l'aimais avant mon voyage, le père me l'avait accordée, et nous étions sur le point d'être heureux, lorsque je me vis obligé d'aller aux Indes, pour y recueillir une riche succession. Comme je trouvai les choses en règle, j'eus bientôt fini mes affaires je partis: j'ai fait naufrage sur la côte d'Espagne. Après en avoir ramassé les débris, et donné ordre à quelques affaires, je me suis embarqué sur un vaisseau de cette ville, pour passer d'ici en Italie,

MARIO.

Je suis charmé de tout ce que vous me

dites. Pour vous rendre confidence pour confidence, je vous dirai que je suis amoureux aussi, et que je vais me marier.

LELIO

Comme je suis persuadé que vous faites an choix digne de vous, je vous en félicite de

tout mon cœur.

MARIO.

La personne est aimable, riche, et d'un bon caractère.

EELIO.

C'est tout ce que l'on peut souhaiter. Estelle de cette ville ?

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MARIO

Non, elle est Italienne; c'est la fille d'un de mes amis. Des affaires importantes l'ont appelé ici, où il est depuis quinze jours avec cette aimable personne. Comme il est logé chez moi, j'ai eu occasion de la voir souvent: elle m'a plu, je l'ai dit au père, il me l'accorde; voilà en deux mots toute mon histoire.

LELIO

Je souhaite que la possession de cette charmante personne, et le tems que vous aurez de vous mieux connaître, ne fassent qu'augmenter vos feux.

MARIO.

J'espère d'être heureux avec elle. Mais

vous me ferez bien l'honneur d'assister à ma noce.

LELIO.

Je m'y convierais moi-même si je pouvais. Vous aimez, et vous connaissez l'inquiétude des amans, lorsqu'ils sont éloignés de ce qu'ils aiment; ainsi je n'ai besoin que de mon amour pour me justifier auprès de vous: j'ai quelques affaires dans cette ville, auxquelles il faut que je donne ordre, et je pars demain. Adieu, je suis obligé de vous quitter ; j'aurai l'honneur de vous embrasser chez vous avant que de partir,

MARIO.

Je suis fâché de ne pouvoir vous arrêter, mais il faut vous laisser libre. Adieu.

SCÈNE III.

LELIO, ARLEQUIN.

LELIO.

ALLONS; mais voilà Arlequin.

ARLEQUIN.

Les sottes gens que ceux de ce pays! les uns ont de beaux habits qui les rendent fiers; ils lèvent la tête comme des autruches; on les traîne dans des çages, on leur donne à boire

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