Joseph-François-Édouard de Corsembleu Desmahis naquit à Sully-surLoire en 1722, et mourut à Paris en 1761, dans sa trente-neuvième année. Ses parents le destinaient à la robe; mais, admis dans la société de Voltaire, il cultiva, sous le patronage de ce grand homme, la poésie, vers laquelle il se sentait entraîné par un penchant irrésistible. Cependant le bagage littéraire de Desmahis n'est pas volumineux; c'est tout au plus sl l'on a conservé de ses productions un petit in 18: encore la seule comédic qu'il ait faite, l'Impertinent, y tient-elle la plus grande place. Cet acte, joué en 1750, obtint beaucoup de succès; aujourd'hui, en le lisant, on voit combien il était facile de se faire une réputation à l'époque où l'art n'était pas encore un métier. Il est vrai de dire que Voltaire, pour s'em parer, dans l'intérêt de sa popularité, de tous les jeunes gens qui don naient quelques espérances, les aidait puissamment de son illustre patronage. C'est ainsi qu'il écrivait à Desmahis: Vos jeunes mains cueillent des fleurs S'embellira de votre aurore. Je dirai Je fus comme vous; C'est beaucoup me vanter, peut-être; Le plaisir permet-il de l'être ? Desmahis méritait qu'on ne prit pas ironiquement de pareilles flatteries, du moins par la douceur et l'égalité de son caractère; sa modestie mettait en relief tous ses écrits; et, dans un temps où les petits vers jouaient un grand rôle, ceux de Desmahis étaient remarqués. Mort jeune, Desmahis fut regretté de tous les écrivains, qu'il avait l'art bien difficile, de concilier. Il prisait tellement la concorde littéraire, qu'ij dit un our à un jeune poëte satirique : « Si vous faites encore une satire, je romps avec vous. » Toute la bonté de son caractère et la grâce de son esprit éclatent dan ce peu de mots : « Lorsque mon ami rit, c'est à lui de m'apprendre le << sujet de sa joie; quand il pleure, c'est à moi de deviner la cause de son chagrin, » COMÉDIE EN UN ACTE ET EN VERS, 17yn, ACTEURS. DAMIS. JULIE, maîtresse de Damis. PASQUIN, valet de Damis. La scène est à la campagne, dans la maison de Juhe. SCÈNE PREMIÈRE. PASQUIN. Monsieur Damis se croit un homme singulier; Je vous rendais justice, Et me remerciais d'être à votre service. DAMIS. A Julie ? PASQUIN. Qui, monsieur, à la tante; et de plus défendu DAMIS. En effet, Rosalie Doit surtout l'ignorer; mais j'appréhende bien PASQUIN. Monsieur, je vous ai fait observer tout cela, Mais moi-même, ignorant ce qu'il faut taire ou dire, DAMIS. Vous êtes curieux, à ce qu'il me paraît. PASQUIN. Je n'en disconviens pas; pour mieux servir mon maître, Amant depuis six mois de madamę Julie, Votre début paraît un accès de folie; Loin de briser vos nœuds, le temps les rend plus forts. DAMIS. Bon! PASQUIN. Sa société devient aussi la vôtre; Vous n'avez pour agir que les mêmes ressorts, Fort bien. DAMIS. PASQUIN. L'hiver entier se passe de la sorte, J'entends parler de noce, et cela me transporte; Arrive le printemps, votre maîtresse alors, Ayant uniquement sa nièce pour compagne, Abandonne Paris, vient à cette campagne, |