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de Schah Sultan Huffein, & en cette qualité fe prétendoit le légitime héritier du trône. Pendant le regne de Thamas KouliKan il contrefaifoit l'homme fimple & retiré, qui, renfermé dans l'étude & la pratique de la loi du grand Prophete, ne craignoit que le commerce & l'entretien des hommes. Mais dès qu'il vit fur le trône un Prince de 14 à 15 ans, fon ambi. tion fe réveilla; & loin que la piété eût éteint dans lui la foif des honneurs, il s'en fit une voie

pour y parvenir. Dans des entretiens particuliers avec les autres Mollas, il leur repréfentoit que c'étoit non-feulement un avantage pour l'Etat, mais un devoir de religion, de ranimer les reftes de la famille Royale prefque éteinte par l'invafion des Aghvans, & par l'ufurpa

tion de Thamas Kouli - Kan; qu'il étoit le feul qui eût échapé aux violences de cet ufurpateur; que devenu leur maître il feroit leur appui; que leur intérêt, autant que leur devoir exigeoit d'eux une entreprise qui en donnant à la Perfe un fouverain légitime leur affureroit un protecteur puiffant & généreux; & que s'ils le mettoient fur le trône de fes Ancêtres, la premiere des Loix, dont il donneroit l'exemple, feroit celle de la reconnoiffance. Ces difcours répétés fouvent à fes amis, & par eux répandus dans le Public, firent l'impreffion qu'il at tendoit fur les efprits. Il fe forma un parti dans le Peuple, à qui l'efpoir du pillage donna bien-tôt des chefs. Par malheur pour Charok-Schah, le brave Emir-Kan qui l'avoit tiré de fa

prison étoit abfent ; il avoit été obligé d'aller au fecours de Herat qui étoit affiégée par les Aghvans; ces étrangers redoutables qui avoient si bien fervi Thamas Kouli-Kan,avoient pénétré dans la Perfe par le Candahar fous la conduite d'un Chef habile, & fous lequel ils fe flattoient de conquérir une feconde fois cet Empire. Cette derniere circonftance étoit favorable aux deffeins ambitieux du perfide Molla; & tout fembloit confpirer à le porter fur le trône. Il y monta, mais ce ne fut pas pour long-temps; il prit le nom de Cha-Soliman, & fit crever les yeux au Prince détrôné. Le fidele Emir-Kan inftruit de l'attentât, revint en diligence chaffer l'ufurpateur; la vengeance fut auffi prompte qu'elle étoit jufte ; il fe faifit du

coupable & de fes deux fils: on leur arracha les yeux, & après d'autres tourmens, on les renferma tous trois dans une prison où la vie ne leur fut confervée que pour prolonger leurs fupplices, dont le plus grand même étoit de vivre. Il fit visiter les yeux de Charok-Schah par les plus habiles Médecins ; ils affurerent que la fortune qui l'avoit fi bien fervi contre le poifon qu'Adel-Schah lui donna, l'avoit fervi encore contrela violence du rébelle, & qu'il verroit au moins d'un œil : Emir-Kan fit annoncer dans toutes les Provinces de l'Empire le rétablissement du Roi légitime, & l'efpérance de fa prochaine guérifon. On fit de grandes réjouiffances dans toutes les villes; celle d'Ifpaham fignala fon zèle: elle fe flatoit d'être bien

tôt

tôt honorée de la préfence & du féjour de fon Souverain. Elle n'eût pas cette confolation; les Médecins s'étoient trompés, le Prince ne recouvra point la vûe. Il renonça de luimême à la Couronne que le brave & généreux Emir-Kan refufa de porter après lui.

Au milieu de ces changemens, Ifpaham étoit affez tranquille; Aboulfat-Kan, Chef d'une nation de Lores en étoit Gouverneur depuis la mort de Thamas; il s'entendoit bien avec le Mayar-Kan dont je vous ai déja parlé, & cette bonne intelligence contribuoit à entretenir la paix dont cette Capitale feule jouiffoit. AliMerdon-Kan, Chef d'une autre nation de Lores ennemie de la premiere, vint y prendre fes quartiers; c'eft ce même Officier qui deux Tome IX.

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