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quelques années un pareil défi, pourvû qu'on n'eût point d'autres livres que la Bible, & que tout fe décidât par l'Ecriture Sainte. Les Vertabiets avoient fait semblant d'y confentir. Au jour marqué, on fe rendit à l'Eglife affignée; mais le Pere fut bien furpris quand il vit entrer le Vertabiet fon antagonifte, tenant à la main le livre d'un Patriarche hérétique: Ce n'eft pas-là, dit-il, notre convention; vous fçavez que nous nous fommes engagés à ne recevoir d'autre témoignage que celui des Livres Saints. Il ne s'agit pas de convention, répondit le Vertabiet, le témoignage de mon Auteur vaut bien tout autre témoignage; puis adreffant la parole au peuple: Vous voyez, s'écria-t-il, que ce Miffionnaire ne fçait rien, &

qu'il eft inutile de difputer contre lui. Mille voix confufes annoncerent auffi-tôt fa prétendue victoire, & ne permirent pas au Miffionnaire de fe faire entendre. Il fut infulté & chaffé de l'affemblée ; & il paffa pour conftant qu'il n'avoit pas pu répondre. Cette hiftoire, dont la mémoire eft encore ici toute récente, détermina le Prélat à refufer la Conférence propofée. Les Députés revinrent le lendemain à la charge; ils s'adresferent à notre Pere Supérieur ; ils en reçurent la même réponse.

Ce refus n'étoit cependant pas abfolu. Monfeigneur l'Evêque & le Pere Supérieur propoferent qu'on mît de part & d'autre les difficultés & les réponses par écrit, & que ces Ecrits refpectifs fuffent fignés

par les principaux de Julfa; c'étoit le moyen de bannir le tumulte & d'établir la vérité. Ce n'étoit pas-là ce que vouloient les Schifmatiques. Ils rejetterent la propofition, & chercherent d'autres voyes pour perdre & les Miffionnaires & les Catholiques. Thamas Kouli-Kan étoit parti pour la conquête des Indes; fon fils gouvernoit à Mafchet dans fon abfence; ils y envoyerent un Vertabiet & un Prêtre qui accuferent les Miffionnaires d'en imposer au peuple, de débaucher les fujets du Roi, de fervir d'efpions aux Cours de l'Europe, d'ourdir des trames fecrettes,& de former des confpirations contre l'Etat. Telles étoient à peu-près les plaintes qu'ils avoient portées contre nous. De pareilles accufations

intentées par des hommes que leur caractere paroiffoit rendre dignes de foi, firent impreffion fur l'efprit du jeune Prince: il renvoya la Requête au Gouverneur, avec ordre d'examiner les chefs d'accufations; & s'ils étoient vrais, de bannir les Miffionnaires du Royanme. Munis de ces ordres, & inftruits des difpofitions de la Cour, le Prêtre & le Vertabiet revinrent. Ils fe vantoient d'un triomphe commencé, & fe flattoient de le rendre bien-tôt complet. Ils firent affembler les principaux de leur Secte; à leur tête étoit le Calanthar, c'eft le Juge de la ville, on le choifit toujours parmi les Hérétiques. On tint confeil, & il fut réfolu qu'on iroit inceffamment à Ifpaham, communiquer au Gouverneur les ordres qu'on avoit obtenus.

Il fut ravi d'engager l'affaire dont il espéroit tirer lui-même un avantage confidérable. H ordonna au Dérogat de Julfa, qui eft un Officier Perfan, prepofé par le Roi pour veiller fur les différends qui peuvent furvenir, de fe transporter fur les lieux, & d'examiner par quel ordre les Peres s'étoient établis en Perfe. Le Dérogat obéit, & fit appeller les Miffionnaires; nous y allâmes tous, & Monfeigneur l'Evêque porta les dif ferens ordres des Rois qui nous avoient honorés de leur faveur & de leur protection; on les lut, & on nous renvoya. Nous croyions la chofe finie; mais le lendemain la fcêne changea. Le Dérogat, le Calanthar, & deux des Arméniens les plus accrédités s'étoient rendus au Monaftère, d'où ils

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