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Maréchauffée. Suivis de cet archer, ils revinrent triomphans à Julfa, & tout en arrivant ils le mirent en fonction. M. Aroution revenoit d'Ifpaham, ils ordonnerent au Moifil de le conduire en prifon au Monaftère, & avec lui deux ou trois de fes parens, tous de la famille des Chérimans. Cette nouvelle fe répandit bien-tôt par toute la ville, & y fit grand bruit.

Meffieurs Leon & Patros; coururent à la prison, & ayant fçu les caufes de la détention de leur frere; s'il eft coupable, dirent-ils, nous le fommes auffi. Ils ne voulurent point l'abandonner, & pafferent la nuit avec lui.

Le lendemain matin Dimanche des Rameaux, on vint appeller le Pere Supérieur de la part de Meffieurs Chéri

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mans les Vertabiets qui l'at-tendoient lui déclarerent qu'il falloit qu'il fe rendît auprès du Prince; il promit d'obéir. Sur fa parole on lui permit de retourner à la maifon, & les priniers eurent la liberté, d'y venir entendre la Meffe. Le départ avoit été d'abord fixé au Mardi; mais ce temps étant trop court pour les préparatifs, il fut différé au Jeudi Saint.

. Pendant cet intervalle on avertit Monfeigneur l'Evêque. de fe tenir prêt. C'étoit particuliérement à lui & au Supérieur des Jéfuites qu'on en vouloit. Ce Prélat étoit le chef des Miffionnaires, & le Pere Duffau avoit la confiance de prefque tous les Catholiques. Ces deux têtes une fois à bas, on comp, toit venir aisément à bout de tout le refte. Il faut avouer que

ves,

l'acharnement des Arméniens contrece Jéfuite n'étoit pas fi mal fondé : non content de confirmer les foibles dans la Foi par fes entretiens, fes inftructions, fes manieres infinuantes & fes exhortations perfuafiil enlevoit chaque jour aux Schifmatiques quelquesuns de leurs fujets; & il venoit tout récemment de tirer de leurs mains deux pupilles, qu'il difpofoit à embraffer la Religion Catholique; auffi de dépit l'appelloient-ils le Voleur d'âmes. Cette prétendue injure étoit dans leur bouche un éloge accompli de fon zèle. Le Mercredi on affembla tous ceux qui devoient être conduits au Prince, & on les mena chez le Gouverneur pour y faire enré-giftrer leurs noms. Pendant qu'on difpofoit tout pour le

voyage, les Vertabiets mettoient tout en œuvre pour

faire

figner à ceux qui étoient fur une lifte la calomnieufeRequête qu'ils avoient dreffée: ils n'épargnerent ni promeffes ni menaces pour les y engager; deux feulement parurent ébranlés; les folliciteurs de fignatures voulurent profiter du moment, & leur préfenterent l'écrit à figner. Revenus de leur premiere frayeur, ils le refuferent; piqués de ce refus,les Vertabiets leur arracherent de force leurs cachets, & fcellerent eux-mêmes l'écrit. Fiers de ces fignatures extorquées & fubreptices, ils les montroient avec affectation dans toutes les maifons Catholiques. Ils les préfenterent à Meffieurs Leon, & Petros Chérimans, & leur propoferent d'y joindre les leurs. Ces zélés

Catholiques leur répondirent que la prévarication de quelques lâches déferteurs ne feroit jamais la regle de leur conduite; que fi on vouloit les conduire devant le Prince, ils étoient prêts d'y aller, qu'ils fçavoient fouffrir & mourir même pour leur Foi;mais qu'ils ne fçavoient ni la diffimuler ni la trahir.

Le tems de la Semaine fainte, tems confacré par la Religion, ne fut pas refpecté; & c'eft le jour même du Jeudi faint qu'on partit à deux heures du matin. Voici ce qui compofoit les deux Caravanes des Perfécuteurs & des Perfécutés. A la tête de la premiere étoit le Supérieur du Monaftère, deux Vertabiets, leurs domef tiques, le Moifil, & un Armé nien qui devoit leur fervir d'In

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