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Arméniens des plus diftingués viennent d'y entrer. Les foupçons augmentent, & rien n'eft éclairci. On ne fut informé que le lendemain de la vérité du fait.

L'émotion ceffa; mais les 'Arméniens ne cefferent pas d'aller dans les maifons de leurs parens catholiques pour leur perfuader d'abandonner la Foi. Ils n'y gagnerent rien, & c'est à cette occafion qu'un chef de famille, à qui l'on difoit que, quand il n'y auroit plus de Peres & de Miffionnaires, il feroit bien forcé d'aller à l'Eglife Arménienne, fit cette belle ré ponse: « Je ne connois, dit-il, qu'une Eglife, c'eft l'Eglife Romaine dans laquelle je fuis né, & avec laquelle je fuis "uni de communion. S'il ne refte plus à Julfa, de Miffion

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naires ou de Prêtres Catholiques, je fuis veuf, & par conféquent libre ; j'irai me faire ordonner Prêtre, afin de pouvoir fatisfaire ma dévotion, & » pour que mes enfans trouvant » dans leur maifon de quoiremplir leurs devoirs de Chré»tiens ne foient point tentés d'aller aux Eglifes Armé »niennes."

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Dieu fe contenta des généreufes difpofitions du Héros Chrétien, & il ne permit pas que le Schifme triomphât de la Religion. Les Vertabiets fe flattoient cependant d'un heureux fuccès; & la veille du jugement,un de leurs Chefs s'étoit expliqué de maniere à faire croire qu'ils comptoient retourner feuls à Julfa, & que les Miffionnaires en feroient enfin bannis pour toujours. Le

jour marqué pour la décision arriva. Le Prince ne parut faire aucune attention aux calomnies dont on tachoitde noircir les Peres & les Chérimans. Il fe contenta de les interroger fur leur foi, & leur demanda quelle étoit l'eur créance. Cette queftion s'adreffoit aux deux partis. Chacun fut obligé de répondre & de s'expliquer.

Là fe paffa une fcêne fingulière. Deux freres fervoient d'Interprêtes, l'un à Monseigneur l'Evêque, l'autre aux Vertabiets. Tous deux également zélés,l'un pour la Foi Catholique, l'autre pour le Schifme. Le cadet, partifan des Arméniens, étoit un homme emporté. Il accabloit fon frere des plus groffieres injures, & lui reprochoit d'être déferteur de la Foi de fes peres. L'aîné

plus modéré les laiffoit tomber fans y répondre; mais le reprenoit avec force lorsqu'il rendoit en langue Perfanne les fauffes interprétations que les Vertabiets donnoient de l'Ecriture. Ce contrafte réjouiffoit les Juges.

Le Prince qui ne vouloit, ce femble, que fe divertir, demanda une explication nette & précife des articles du Symbole; chacun la donnoit à fa façon, & quand on vint à l'article du Saint-Esprit, il demanda aux Arméniens comment il étoit fait, & s'ils l'avoient vû; ils répondirent que non, & qu'étant Dieu comme les deux autres Perfonnes, il étoit invifible. Mais, poursuivit le Prince, peut-être votre Patriarche qui eft un figrand homme, l'at'i vû. Ces plaifanteries leur

déplurent, & ils commencerent à s'appercevoir que ce prétendu Jugement qu'ils attendoient, pourroit bien dégénérer en un fimple badinage; mais n'étoit plus temps de reculer. Enfin, après une demi-heure d'audience, le Prince que ces conteftations peu intéreffantes pour lui, commençoient à fatiguer, les renvoya tous, fans condamner perfonne, maist laiffant aux Catholiques la liberté d'exercer leur Religion: c'est tout ce qu'ils demandoient.

Les Vertabiets ne remporterent de cette tentative que la honte d'avoir fait une démarche inconfidérée : les Arméniens qui l'avoient confeillée, n'en furent pas quittes à fi bon marché. Le Prince qui avoit befoin d'argent,& qui connoiffoit leurs richeffes, les obligea d'acheter

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