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de lui pour cinq cens tomans, c'est-à-dire, pour dix mille écus de foye, & de payer la fomme dans huit jours.

Honteux de leur défaite, & craignant les impreffions que cette nouvelle pouvoit faire fur les efprits, les Vertabiets vouloient y préparer infenfiblement le peuple de Julfa & devancer les Catholiques; mais ils n'ofoient arriver de jour dans la ville, & ce retardement donna le temps à ceux-ci de les prévenir. Les deux Députés qu'avoient dépêchés & Monfeigneur l'Evêque & Meffieurs Chérimans, vinrent les premiers, & annoncerent le triomphe de la Foi fur l'héréfie. Quelle joye pour nous & pour ce troupeau de Jefus-Chrift! Le Patriarche ne put foutenir cet affront, & voyant que les Arméniens

Arméniens qu'il avoit engagés dans une fi mauvaise démarche, étoient outrés contre lui, il fortit précipitamment de Julfa fans dire mot à perfonne, mais bien ré folude pouffer les chofes plus loin,& d'écrafer du moins, la famille des Chérimans s'il ne pouvoit ruiner la Religion; fes plus zélés partifans s'étoient tournés contre lui, & cethomme à qui quelques jours auparavant on avoit rendu des refpects qui alloient jusqu'à une efpèce d'adoration, étoit devenu l'objet de l'aversion publique. Nos Catholiques fuivoient de près leurs Députés & arriverent triomphans.

Nous commencions à refpirer, lorfqu'à ces troubles affoupis fuccéderent de nouvelles allarmes. Le Roi vouloit une Traduction Perfanne des Livres Tome IX.

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de Moïfe, des Pfeaumes de David, & de l'Evangile. Il envoya à Ifpaham un Molla, ou Docteur de la Loi, qu'il chargea de raffembler les Juifs, les Arméniens, & les Francs qu'ils jugeroient néceffaires pour ce travail. Le Molla,homme d'efprit, confia'aux Juifs les Livres de l'ancien Teftament; aux Arméniens & aux Francs, ceux du Nouveau. La Traduction fut commencée chez le Molla dès le mois de Mai mil fept cens quarante. Nous nous trouvions chez lui ordinairement deux Millionnaires & deux Arméniens Catholiques; deux Moines & deux Prêtres Arméniens Schifmatiques. Tous les mots étoient examinés, on cherchoit le vrai fens & les termes les plus propres pour les exprimer. La diverfité

des fentimens faifoit fouvent naître diverfes explications. L'endroit oùJefus-Chrift donne la prééminence à faint Pierre, fut, entre autres, vivement difcuté. Les Schifmatiques prétendoient que ces paroles: Tu es Petrus, &c. fignifioient que quiconque confefferoit que Jefus eft fils de Dieu, participeroit aux éminentes prérogatives qu'avoit méritées à faint Pierre cette glorieufe Confeffion. Le Molla fut fi étonné de cette explication, qu'il demanda de lui-même au Pere Duhan fi les Francs donnoient le même fens à ces paroles. Le Pere Duhan lui expliqua le sens Catholique, qu'il trouva fi naturel, qu'il impofa filence aux Schifmatiques. Nous eûmes la confolation de voir que dans prefque toutes ces contefta

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tions, ce Mahometan, guidé par la feule raifon, décida en faveur des explications Catholiques qui lui paroiffoient parfaitement conformes au fens naturel de la lettre.

Ce travail dura fix mois.

étoit

pour

Quand il fut fini, le Roi qui lors à foixante lieuës d'Ifpaham, ordonna qu'on lui apportât cette Traduction, & que ceux qui y avoient travaillé vinffent le trouver. Monfeigneur notre Evêque, & deux Miffionnaires, partirent avec le Molla de la part des Catholiques. Les Arméniens députerent quatre Evêques. Le Roi les reçut avec bonté, les logea, & rembourfa les frais de leur voyage. Mais quand on lui préfenta la Traduction, il dit qu'il n'avoit pas le temps de l'examiner, que d'ailleurs comme il

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