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n'y avoit qu'un Dieu, il ne pouvoit y avoir qu'un Prophete. Ces paroles attrifterent nos Miffionnaires qui avoient conçu de cette Traduction des idées avantageuses à la Religion. Depuis ce temps-là nous n'avons plus entendu parler de l'ouvrage; & quelques mouvemens que nous nous foyons donnés pour en avoir du moins un Exemplaire, nous n'avons pû y réuffir. Ainfi fe font évanouies toutes nos espérances.

Pour comble de difgrace la perfécution fe ralluma bientôt, & nous replongea dans de nouvelles inquiétudes. Le Patriarche alla lui-même demander une audience, & l'obtint. Il dit au Roi que nous débauchions fes fujets, & que nous lui enlevions fon Peuple. Cet objet préfenté avec

adreffe eut d'abord l'effet qu'il s'étoit propofé. Le Prince expédia un ordre qui portoit que les déferteurs de la Foi Arménienne euffent à rentrer fous l'obéiffance du Patriarche. On tint quelque temps la chofe fecrette ; & pour ne point fe compromettre encore une fois malà-propos, on ne vouloit la rendre publique qu'après avoir pris de juftes mesures pour l'exécution. Elle demandoit de groffes fommes, & les Arméniens les plus riches, las de tant de dépenfes inutiles ne vou loient plus rien débourfer. Le nouveau Calanthar étoit parent de plufieurs Catholiques, & plus affectionné à la Religion, que fon prédéceffeur: il rece voit toujours les Miffionnaires avec diftinction. Les Vertabiets n'ignoroient pas les difpofitions

de ce premier Juge, & ils fentirent que fous fon adminif tration leurs intrigues ne réuffiroient pas. Ils prirent donc le parti de ne point inquiéter les Catholiques de Julfà. Il n'en pas de même de Tefflis, où le Patriarche avoit également envoyé cet ordre.

fut

On y perfécuta les Catholiques; & les Peres Capucins qui gouvernoient cette Eglife, ef fuyerent l'orage les premiers.

Ces Peres furent tirés avec violence de leur maison, mis en prifon, condamnés à une groffe fomme d'argent, pour la quelle on prit & leurs petits meubles, & leurs Vases facrés. Enfin on les chaffa de la ville. Les Catholiques furent emprifonnés.

Au milieu de tant de violences, le Seigneur prit en main la I iv

SHMOLENT

OXFORD

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cause de ses ferviteurs,qui étoit la fienne, & les vengea de leurs ennemis & des fiens d'une maniere bien éclatante.

Le R. Pere Damien de Lyon, Religieux diftingué par fon efprit, & par fon fçavoir, fut le digne inftrument dont Dieu fe fervit pour delivrer fes freres de l'oppreffion. Son talent pour la Médecine l'avoit mis en faveur auprès d'Ibrahim-Kan, frere du Roi, qu'il avoit guéri d'une grande maladie; & dans une mauvaife affaire, que le Patriarche lui avoit fufcitée à Tauris, cette faveur lui donna une victoire fi éclatante, qu'il fit chaffer honteusement de la ville le Prélat Schifmatique qui avoit entrepris de le faire bannir.

Après la mort d'IbrahimKan, il avoit trouvé dans le

cœur du fils toutes les bontés du pere, & ce jeune Prince s'étoit tellement attaché à lui, qu'il vouloit qu'il l'accompa gnât dans tous les voyages.

En fuivant la Cour, le Pere Damien s'étoit fait connoître du Roi; & ce Prince qui l'eftimoit, l'avoit appellé à Derbent pour prendre foin de Monsieur le Résident de Mofcovie qui y étoit fort malade. C'eft-là qu'il apprit les violences qu'on exerçoit à Tefflis contre les Capucins fes freres, & contre les Catholiques fes enfans. Il entreprit cette affaire; elle étoit en bonnes mains, la circonftance étoit favorable. Le Roi qui aimoit Monfieur le Réfident, regardoit le Médecin de ce Miniftre comme un homme plus néceffaire que jamais. Et Sa Majefté étoit difpofée à ne lui

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