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envoyé en exil. Delivré de ce concurrent vertueux il propofa deux formules ou profeffions de foi qu'il avoit lui-même dreffées; l'une étoit pour les Prêtres Catholiques, & contenoit une malédiction contre la Religion des Francs, & contre tous les dogmes qu'ils croyent; contre le Pape, & contre le huitieme concile, c'est-à-dire, selon les Grecs, contre le Saint Concile de Florence; certè profeffion devoit être lûe publiquement; l'autre étoit pour les Laïques, qui confiftoit dans la maniere de foufcrire à la premiere, & dans une proteftation de n'avoir jamais de commerce avec les Prêtres Francs, ni de croyance dans ce qui eft enseigné par le Pape.

Ces formules révolterent beaucoup de Catholiques; ils

regarderent cette foufcription comme une espece d'Apoftafie. Le grand nombre des Prêtres la reçut; ceux qui refuferent, allerent dans les montagnes fe joindre au Patriarche Cyrille : l'Eglife des Peres Francs n'en fut pas moins frequentée; Sylveftre envoya le jour de la Fête

du Saint Sacrement fon Chavich avec des hommes armés pour fe faifir des Grecs qui s'y rendroient.

M. le Conful y étoit, il fut témoin de cette violence; & il envoya faire des plaintes au Gouverneur. On arrêta le Chavich, fon escorte, & quelques Hérétiques qui favorifoient la manoeuvre. Sylveftre fut cité, il lui en couta douze bourfes pour éviter la prifon. L'épreuve qu'il venoit de faire du crédit des Catholiques & des dif

pofitions du Bacha, fit impreffion fur lui, & fufpendit au moins fes fureurs. On crut même quelque temps fon caractère changé; il paffa de la plus impérieufe arrogance à la plus lâche timidité; il craignit que l'affaire ne fût portée à Conftantinople, & que le Grand Seigneur dont il avoit paffé les ordres, ne le regardât comme un efprit brouillon & digne des punitions qu'il avoit follicitées contre les autres.

La frayeur qu'il laiffa entrevoir, inspira de la hardiesse à ceux qu'il perfécutoit : on le menaça, il difparut, & s'embarqua pour la capitale de l'Empire, chargé de plus de malédictions qu'il n'en donnoit à la Religion. Les Catholiques préfenterent au Cady, une longue Requête, où étoient expofés

leurs griefs contre ce faux Patriarche; il permit qu'on les envoyât à la Porte.Trois Députés furent chargés de la commiffion l'objet & la conclufion de la Requête étoit la dépofition de Sylveftre ; elle fut obtenuë. La victoire étoit entiere: deux Députés vinrent l'annoncer; par malheur le troifieme refta à Conftantinople, il fe nommoit Cherveri Bitar. Sylveftre entreprit de le gagner, & il y réuffit. Ce député flatté de fe voir recherché, voulut bien fe prêter à un accommodement; on convint que Sylveftre refteroit Patriarche d'Antioche, mais qu'Alep feroit fous la jurifdiction de Conftantinople, & qu'on enverroit aux habitans de cette ville tel Evêque qu'ils demanderoient euxmêmes. Celui qu'on leur don

na d'abord fe nommoit Grégoire: peu attaché à la Religion par principe, il le fut quelque temps par intérêt, ou plutôt il affecta de le paroître. Mais il fe démentit bien-tôt ; les Catholiques fe féparerent de lui; ils demanderent au Cady la permiffion de fe choisir un Evêque qui fût de leur pays, & indépendant de tout Patriarche; il y confentit: ils nommerent Maxime, un de leurs compatriotes, homme irréprochable dans fes mœurs & dans fa Foi; d'un caractère liant & propre réunir les efprits. Ce choix fut confirmé à Conftantinople. Gérafimos étoit exilé, mais non pas dépofé: sa démission étoit néceffaire pour que l'élection de l'autre fût légitime. Il la donna fans peine, & ce vertueux Prélat confacra lui-même

à

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