페이지 이미지
PDF
ePub

tinople, l'autre à Moscou. Maître abfolu de la Perfe, il alla droit à Ispaham; il ne s'y repofa que quarante jours. Vers la fin de Décembre 1736, il en partit pour aller faire le fiége de Candahar, la plus forte des places de l'Afie, & le dernier retranchement des Aghvans: ils y avoient renfermé toutes les richeffes de la Perfe, l'or, les pierreries & les joyaux de la Couronne. Apeine fe fut il éloigné d'Ifpaham de quatre journées, qu'il trouva les Aghvans en ordre de bataille fur le bord d'une très-large riviere. On regardoit ce pofte comme l'écueil de fa gloire & le terme de fon bonheur. Il paffa cette riviere à la vûe des ennemis les chaffa devant lui, & au mois de Mars 1737, après un fiége de treize mois, il emporta Candahar, où

il fit un butin immenfe. Huffein Kan, Commandant de la Ville obtint fa grace par l'entremise de fa foeur qui étoit dans le Sérail du Conquérant.Prefque tous les Aghvans pafferent à fon fervice, & devinrent fes troupes les plus intrépides & les plus fideles.

Dans ces circonftances,arriva un Ambaffadeur de Conftantinople pour traiter de la paix. Velinhamet qui étoit occupés d'un projet plus vafte, fit des demandes très dures qu'il fçavoit bien que la Porte n'accorderoit pas fi-tôt; il vouloit gagner du temps; un de fes Kans fut chargé de la négociation: pour lui, forti de Candahar, il marcha feize journées, mit le fiége devant Kabul fur les terres du Mogol, & s'en rendit le Maître en huit jours, L'allarme

fe répandit dans l'Inde; l'Empereur lui fit demander quelles étoient fes prétentions. Velinhamet, qui portoit alors le nom de Schah Nadir, répondit froidement que fon deffein étoit d'allerle faluer à Diaffabat,lieu de fa réfidence. Que fi cette visite lui étoit importune, il pouvoit, s'en épargner le rifque, en lui envoyant une année de fes revenus. Il n'attendit pas la réponse; mais continua fa marche vers Dely, & fe vit à deux journées de cette capitale au mois de Février 1739, à la tête de foixante mille hommes de Cavalerie : felon la coutume des Perfes, il n'avoit point d'Infanterie dans fon Armée. Mahamad Schah EmpereurMogol lui oppofa une Armée de plus de quatorze cens mille hommes. Schah Nadir ne voulut pas rifquer une bataille

où il auroit été écrafé par le nombre. Il trouva le secret d'affamer cette Armée innombrable, & de la détruire fans la combattre. Mahamad fut contraint de fe foumettre ; le Vainqueur fe fit proclamer Roi fur le trône des Mogols; tous les tréfors de cet Empire furent remis entre fes mains : il rendit enfuite à Mahamad fa couronne; mais à condition qu'il feroit fon tributaire. On ne fçavoit en Perfe ce qu'étoit devenu Schah-Nadir forfqu'en 1740, on le vit paroître avec des richeffes prodigieufes qui furent évaluées trois cens carols de roupies d'argent,c'està-dire, plus de cinq milliars deux cens cinquante millions de notre monnoye. Une fortune fi brillante ne fuffifoit pas à l'avidité de cette ame ambitieuse & guerriere; il tourna fes armes

victorieufes contre les Montagnards qui vivoient dans fes Etats; il attaqua les Turcs, & commença ce plan de Gouvernement que je vais vous détailler.

En 1741 j'étois à Derbent, ancienne ville fituée fur les bords de la mer Cafpienne, lorfqu'il y arriva couvert de gloire, & chargé de toutes les richeffes de l'Inde ; c'est-là que je l'ai vû pour la premiere fois. Son Armée augmentée de beaucoup dans fes routes & dans fes expéditions différentes,étoit alors de 150000. hommes; elle étoit compofée de troupes Indiennes, de Tartares Ufbechs, & d'Aghvans; il avoit peu de Perfans avec lui; il fçavoit que les peuples naturellement attachés à leurs Souverains, ne fuivent qu'à regret un Ufurpateur;

« 이전계속 »