페이지 이미지
PDF
ePub

de Magafin à poudre. Ce fontlà toutes les fortifications de Salonique. Avec tout cela, & quoique les Turcs l'appellent Khalé, c'eft-à-dire, Fortereffe, nom qu'ils donnent à toutes les villes un peu fortifiées, elle n'est rien moins qu'une ville forte: elle n'a ni ouvrage extérieur ni foffés; fes murailles foibles en beaucoup d'endroits ne font terraffées nulle part: d'ailleurs elle eft dominée du côté du Nord-Eft par des hauteurs yoifines; elle a au refte une espece de garnison de fept à huit cens Janiffaires, la plûpart mariés & peu aguerris: leurs exploits se bornent à quelques infultes qu'ils font aux pauvres fujets du Grand Seigneur, & quelquefois aux Francs: ils entendent bien cette efpece de petite guerre, &

c'est la feule qu'ils entendent. Il y a encore deux à trois cens Turcs marchands, qui ont le titre de Janiffaires, mais fans en recevoir la paye; ceux-ci font affez tranquilles & ne font de mal à perfonne.

Du côté des fept Tours & du fauxbourg qui tient à cette Fortereffe, la defcente eft roide, fcabreuse, & femée de petits Rochers qui s'élevent à fleur de terre. En d'autres endroits de la ville de grands jardins occupent prefque un tiers du terrein; les deux autres font occupés par des maisons. Les hauts quartiers qu'habitent les principaux d'entre les Turcs font bâtis pour l'agrément : ils n'ont point de folidité; les murs ne font que de terre graffe détrempée & couverte d'un enduit de mortier. On les fou

tient par deux longues pieces de bois ou folives minces jointes ensemble par des traverses, engagées horisontalement dans la maçonnerie, & diftantes de trois, quatre ou cinq pieds l'une de l'autre; cette efpece de charpente dirige les maçons pour élever à plomb leurs murailles; mais ces pieces de bois qui fouvent paroiffent à l'extérieur, venant à pourir, ces murailles s'écroulent.

La partie haute de la ville a des Serrails ou Hôtels affez

beaux pour le pays: leurs principales pieces font la Cour, des galeries fort larges qui ont vûe fur la Mer, & de belles Salles bien plafonnées, avec des eftrades ou fophas fur lefquels les Turcs reçoivent les vifites, donnent audience, & rendent la juftice.

[ocr errors]

La plupart des Grecs habitent au pied des collines qu'enferme la ville, & dans des rues où il n'y a gueres qu'eux. Les plus riches & les plus qualifiés qui font en petit nombre, ont d'affez belles maifons bâties & difpofées à la Turque.

Les Juifs occupent bien un tiers de la ville habitée, ils font répandus dans les bas quartiers, dans les marchés, & le long des murs du côté de la Mer. Quelques riches Marchands de cette nation font bien logés, d'autres le font paffablement, mais le plus grand nombre eft fi pauvre, qu'ils habitent des maifons ouvertes de tous côtés, & fans cheminées , parce qu'ils ne brulent qu'un peu de

charbon. Cette nation eft naturellement mal-propre, ce défaut dans cette populace ainfi

entaffée, joint à la mauvaise nourriture, fait naître parmi eux beaucoup de maladies épidémiques & même la pefte dont ils font fouvent prefque les feuls frappés.

Les rues de Salonique font étroites & couvertes en partie de fophas qui de chaque maison fortent en dehors; elles font mal pavées & fort mal-propres dans la baffe-ville. Vers le milieu où font les marchés, les ruës font couvertes de planches, ce qui les rend obfcures, mais fraîches en Eté.

On voit là un édifice affez folide & affez beau; il confifte en fix petits Domes à deux rangs foutenus & féparés par des pilaftres joints les uns aux autres par des arcades; c'eft ce qu'on appelle le Bezeftan, & c'eft le lieu où les Marchands d'Etof

« 이전계속 »