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& qu'ils ont pour le trahir l'exemple que lui-même leur a donné.

Il vouloit alors attaquer les Lefghuis, peuple épars dans les montagnes, & par-là difficile à dompter.Il fit de Derbent fa pla'ce d'armes; ce corps formida

ble de Nations réunies fous fes

étendars, jetra par-tout l'épou vante. Ces Montagnards effrayés ne penferent d'abord qu'à fe foumettre; mais comme ils virent qu'après leur foumiffion, on les exiloit dans le Choraffan > qu'ils étoient dépouillés de tous leurs biens, & que leurs familles immolées aux premiers foupçons du vainqueur, perdoient dans les fupplices les reftes d'une vie épuifée par les travaux ; ils prirent le parti qu'infpire le defefpoir. Ces peuples accoutumés au pillage font prefque tous

foldats; ils fçavent employer avec adreffe les armes à feu, & entendent très bien la petite guerre. Ils placerent fur le haut de leurs rochers les plus inacceffibles, leurs femmes, leurs enfans, & leurs richeffes. Ils commencerent à faire des efcarmouches, à dreffer des embufcades, à enlever des convois; une nuit même ils oferent attaquer le quartier du Roi. Ce Prince furpris,fut obligé de faire retraite; toute fon Armée fe retira en défordre, & les vainqueurs firent un butin confidérable. Après cet échec il revint à Derbent pour y faire la revûe de fes troupes. Outré de l'affront qu'il venoit de recevoir, il fe livra aux tranfports les plus violens, & dans fa fureur il fit égorger plufieurs de fes Officiers & de fes foldats.

Il chercha enfuite des endroits plus praticables pour attaquer ces brigands avec avantage; mais cette tentative ne fut pas. plus heureuse, il y perdit beaucoup d'hommes & de chevaux, fans faire le moindre tort à fes ennemis. Ceux-ci toujours en mouvement le fatiguoient fans ceffe par des excursions qui gênoient fon Armée & l'affoibliffoient. Pour les arrêter, il fit conftruire à l'entrée de leurs défilés une fortereffe qu'il nomma Carafcon, c'est-à-dire, ruine de la Perfe. Les Montagnards ne furent point réprimés, & malgré fa fierté, il fe vit contraint à leur propofer un accommodement qu'ils accepterent.

Son frere Ibrahim Kan, avoit -'été tué dans le pays de Chakila; il partit auffi-tôt dans le deffein de le yenger; mais il trouva des

montagnes & des défilés impraticables; il pilla de plat-pays, & brûla tous les Villages qui étoient dans la plaine; fon Armée y féjourna une année entiere, & y laiffa des ravages pour plus d'un fiécle. Fatigué de tant de marches, & de combats inutiles, il vint camper devant Bardes.

C'eft dans cette Campagne qu'il fit une action bien cruelle, & qui feule fuffiroit pour le rendre l'exécration de la postérité. Il courut un rifque extrême à l'attaque d'un défilé, les balles fiffloient autour de lui de toutes parts. Un Officier accourut, & pour le garantir fe plaça un peu au-deffus, du côté oùlerifqueparoiffoit plus grand. De retour à fa tente, Thamas le fit appeller; l'Officier y courut dans l'efpoir d'une récompenfe

digne de l'action, & propor tionnée au fervice. Pourquoi, lui dit le Prince, vous êtes-vous placé devant moi? Pour fauver votre vie, repondit l'Officier au péril de la mienne. Hé quoi ! me prends - tu pour un homme fans cœur, lui dit le Monarque irrité? qu'on l'étrangle. La Sentence fut exécutée dans le moment; & la générofité punie comme une lâcheté ou une trahifon.

Après avoir paffé le Kur qui eft un grand fleuve, nous trayerfâmes un defert qui nous conduifit auprès de Ganja nous laiffâmes cette ville fur la droite, & nous arrivâmes au pied des montagnes que les Arméniens appellent Sekhnac .Le Roi fit paffer fa grande Armée par tous les défilés de ces hautes & affreufes montagnes pour

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