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à ce Chef des Apôtres la primauté, il me donnoit beau jeu, & il me fut aifé d'affurer cette prérogative par les paroles mê mes de Jefus Chrift au Chapitre XVI. de Saint Matthieu & au XXe, de Saint Jean, par l'autorité des Conciles, par les témoignages & les exemples de Saint Athanafe, de Saint Bafile, de Saint Chryfoftome, & des autres Saints de l'Eglife Orientale qui ont reconnu les Papes Juges dans les caufes majeures. Battu par fes propres armes, il ne rendit point de com bat, & la conteftation finit non par des querelles & des criailleries, comme il arrive affez ordinairement, mais par des mar ques de charité mutuelle. On me preffa même de faire un plus long féjour: je me contentai de promettre que je tâcheTome IX.

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rois de revenir. Je retournai à Scopoli j'y reçus le brevet du Roi, par lequel Sa Majesté rétabliffoit les Jéfuites Chapelains de fon Conful à Salonique: c'étoit pour moi une raison preffante de me rendre dans cette Capitale. Dès le lendemain de mon arrivée le brevet du Roi fut lû dans l'affemblée des Négocians chez Monfieur le Conful, & il fut reçu avec un applaudiffement général.

Le Pere Matthieu Piperi n'étant venu trouver au commencement d'Avril, nous nous abouchâmes enfemble, & il fut réglé qu'il y auroit toujours un Miffionnaire à Salonique, & que l'autre continueroit les excurfions commencées dans les pays circonvoifins. Pour me conformer à cet arrange

ment, je partis incontinent après Pâques, & je parcourus une bonne partie de la Macédoine on fera peut-être bien aife de fçavoir ce que je remar quai dans ce voyage.

Je trouvai prefque par-tout le terrein affez femblable à celui de nos meilleures Provinces de France; il produit un vin délicat, & toutes fortes de grains, du froment, du feigle, de l'orge, du millet, & même du ris en quelques endroits. Près de Salonique le terroir eft moins fertile, on y voit beaucoup de rochers, & des pierres femblables à l'ardoife, ce qui fait croire qu'il y en a des carrieres; nais les gens du pays ne fe font pas encore avifés d'y fouilleron y voit auffi le long du chemin un banc de rocher élevé& affez égal,qui a bien une

lieuë de long, & qu'on dit être de la pierre de chaux.

Ce pays eft fort agréable par la variété des objets qu'il préfentet on y voit des plaines, des montagnes, des collines des forêts des prairies, des lacs, des rivieres & deux grands étangs dont l'un a bien trois lieuës de tour, & l'autre fix lieues de longueur fur une de mi-lieuë de largeur. Ils ne font féparés que par des plaines trèsfertiles: la pêche de ces étangs eft affermée au nom du Grand Seigneur: on y prend des carpes, des anguilles, des brochets, des perches, des tanches d'une groffeur monftrueufe, & d'autres & poiffons que nous ne connoiffons point: Sur ces lacs & fur ces étangs, on trouve diverfes fortes d'oi-. feaux aquatiques, des hérons,

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des cygnes, des canards, des oyes fauvages, & une espèce de pélican; c'est le nom que je crois devoir donner à un oiseau

plus gros que le cygne, & d'u-ne couleur blanchâtre, qui a le bec long d'un pied, & plus gros à proportion qu'il n'eft long. Il eft large de trois ou quatre doigts à la racine, & diminuant proportionellement, il fe termine en pointe.

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Auprès du plus grand de ces étangs on voit un groupe de rochers fort approchés les uns des autres, ils ne font pas fort gros pour leur hauteur, qui eft de dix à douze pieds. Comme je les confidérois attentivement pour voir si ce n'étoit pas les ruines de quelque Château, le Janiffaire qui me conduifoit, m'apoftropha ainfi : cet amas de pierres vous étonne, me dit-il,

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