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le font point-entre eux; nonplus que les couleurs entreelles.

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A l'extrémité de l'ifle, vers le Sud-Eft, il y avoit une petite ville défendue par un château: je n'ai trouvé là ni infcriptions ni figures, excepté deux grands tigres en relief, placés au-deffus d'une porte. On me raconta que cette ville avoit été ruinée depuis environ 50 ans, par des corfaires de Malthe. Ils voulurent enlever une fille, & furent d'abord repouffés; mais ils revinrent quelque temps après en grand nombre, fe rendirent maîtres de la ville, s'emparerent du château, & le détruifirent. Ce fait m'a été confirmé par des Provençaux, qui me nommerent même le Capitaine de ces Corfaires ; & ils m'ajouterent qu'il étoit mort

dans l'indigence & la mifere, quoique fes courfes fréquentes & heureuses euffent dû beaucoup l'enrichir. Cette violence avoit rendu odieux les Francs dans toute l'ifle. Le nom François y eft pourtant plus refpecté que dans aucun autre endroit de l'Empire Ottoman.

Les Anglois & les Hollandois y font peu connus ; les Allemands & les Vénitiens y font regardés comme ennemis : les François y font bien venus parce qu'ils ont facilité le commerce des habitans du païs, & fe font intéreffés en leur faveur auprès de la Seigneurie de Venife, & du Grand Maître de -Malthe.

Revenu de cette excurfion, j'envoyai le Pere Piperi à la côte voifine de Theffalie, & ce ne fut qu'après bien des dangers

qu'il arriva à la plage de Lagoura. On donne ce nom aux environs des Monts Pélion, & Offa, fi fameux par les fables des Poëtes: ce font des gorges de montagnes, des plaines, des vallées, des collines agréables, que la nature elle-même femble avoir pris foin d'embellir. Ces cantons enchantés ne doivent à l'art aucuns de leurs ornemens. Le célebre vallon de Tempé avec fon fleuve Pénée , en fait une partie confidérable : prefque tout ce canton charmant eft coupé par de beaux ruiffeaux qui ferpentent en cent petits canaux naturels, & arrofent divers arbres d'une hauteur extraordinaire, & donnent aux bergers & aux troupeaux un abri délicieux contre les ardeurs du Soleil. L'air ne peut manquer d'être fort fain dans

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un fi beau pays; cependant les habitans prefque tous Grecs n'en vivent pas plus contens, faute de fçavoir fe gouverner & fe modérer: ils n'ufent prefque que de mets falés, & de fruits. Quoique leur vin ne foit des meilleurs, ils en prennent avec excès; ils le boivent toujours pur, comme tous les peuples du Levant, qui fe mocquent de nous, quand ils nous voyent mettre de l'eau dans notre vin; mais auffi en échange, ils boivent l'eau toute feule, quelquefois pendant plufieurs mois ils paffent fouvent de l'un à l'autre par caprice & fans règle; auffi font-ils fujets à des maladies fort dangereuses, fur-tout pendant l'été, & pendant l'automne. On trouve dans ce pays de bons chevaux qui foutiennent encore la réputa

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tion de l'ancienne Cavalerie Theffalienne: on y nourrit toutes fortes de troupeaux, & on y trouve quantité de bleds, de miel, de cire, & même de foye. Le Pere Piperi parcourut toutes ces contrées, & ne revint me joindre à Salonique qu'après trois mois écoulés.

Il refta avec moi tout l'hyver, & nous ignorions quels fecours nous pouvions efpérer, pour donner à la nouvelle Miffion la forme qui convenoit.

La maifon confulaire où nous avions demeuré jufqu'alors, n'étant gueres propre pour les fonctions de notre fainte Religion, nous avions loué vers la fin de l'année précédente, un petit appartement dans la paroiffe de Saint Athanafe; je m'y retirai, & je laiffai le Pere Piperi chez Monfieur le

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