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des Turcs. Sa vengeance fe tourna bien-tôt contre eux. Nous décampâmes de Go guetféhay au mois de Septem bre 1744, l'Armée s'approcha des frontieres de Turquie; de gros détachemens furent envoyés jufqu'à Bagdad & à Mofful: cette ville fut affiegée; je n'étois point à l'Armée pendant cette Campagne; j'ai appris par les nouvelles publiques que Thamas Kouli-Kan gagna une grande bataille, la quatriéme & la derniere qu'il ait livrée aux Turcs. Tant de victoires avoient rendu fon nom redoutable en Turquie ; & à Conftantinople le peuple ne l'appelloit que le Tapouskan, c'est-à-dire, le Prince à maffue.

Mais s'il étoit craint des étrangers, il n'étoit pas moins détefté par fes fujets, Les con

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tributions exorbitantes qu'il exigeoit, & fur tout la rigueur. barbare avec laquelle il les faifoit lever, avoient réduit les peuples à la derniere mifere. Ses Officiers augmentoient le malheur public par leurs exactions particulieres.

Cependant vainqueur des Turcs & des rebelles, il vint paffer une partie de l'hyver à Ifpaham: il en partit enfuite pour aller vifiter fon Kalat, & y dépofer de nouvelles fommes; delà il fe rendit à Mafchet, il y féjourna jufqu'au printemps; il alla le paffer & une partie de l'été dans les environs de Zangan Sultania & Sakhou-Boulak, où les paturages font abondans : il prit la route de Kachan, & revint à Ifpaham au commencement de Décembre. Il y refta 45 jours, pendant lefquels tout

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ce qu'on peut imaginer d'injuftices & de cruautés fut commis par fes ordres, ou fans aucune punition de fa part. Son Armée répandue dans la ville & dans les campagnes voisines, porta le défaftre par-tout; on voyoit les foldats furieux courir dans les chemins & dans les rues, conduifant par pelotons & à grands coups, tantôt vingt, tantôt trente malheureux qui n'avoient pu fatisfaire leur avidité; on n'entendoit par tout que des cris aigus & perçans quiexprimoient la confternation ou le defefpoir. Si quelqu'un fuyoit de fa maison, celle du voifin étoit pillée ; fi un village defertoit, on faifoit payer ville dont il dépendoit; tout étoit dans la confufion & dans les alarmes ; une ville prife d'affaut & abandonnée à la fureur Tome IX.

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du foldat vainqueur ne voit pas des fcênes plus horribles que celles dont Ifpaham fut le théatre pendant le féjour de l'Ufurpateur. Ses inquiétudes augmentoient avec fes cruautés ; chaque jour étoit le dernier de quelque famille; je ne fortois point du Palais que je ne trouvaffe vingt-cinq ou trente cadavres d'hommes étranglés par fon ordre, ou affommés par fes foldats.

Il voulut, avant fon départ, fe faire rendre un compte exact de tous les meubles précieux de fon Palais: un tapis qui fervoit d'ornement au Trône; avoit difparu depuis environ trois ans ; le foupçon tomba d'abord fur le gardien des joyaux de la Couronne; l'Accufé nia le fait, & après une rude bastonnade il déclara que fon pré

déceffeur avoit vendu le tapis; Et à qui? reprit Thamas. Qui feroit affez hardi pour acheter des meubles de mon Palais ? L'Accufé demanda du temps pour faire fes perquifitions; il revint peu de jours après, & dénonça comme acheteurs huit Marchands dont deux

étoient Indiens, deux Arméniens, & quatre Juifs. Ils furent arrêtés, & après quelques interrogations, on leur arracha un oeil; ils furent enfuite attachés tous les huit par le col à une même chaîne ; le lendemain matin, on alluma, par ordre de Thamas, un grand feu, où ils furent jettés tous enfemble & enchaînés comme ils étoient. Tous les fpectateurs, & les Bourreaux eux-mêmes, étoient effrayés de cette barbare exécution; c'eft la premie

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