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riches. Il en fit faire un qui n'étoit qu'une grande plaque d'or émaillée en pierreries & d'un fort bel ouvrage. Je vous envoie le plan de fon camp. Le nouveau Sophi - Soliman, le troifieme qui depuis Thamas Kouli-Kan foit monté fur le trône, exige que je me rende à fa Cour pour y être auffi fon Médecin. Si j'y vais, je m'inftruirai de toute la fuite de cette révolution, & je vous en enverrai le détail.

A Bander-Abaffy, le 2 Février 1751.

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Contenant les Révolutions qui fuivirent la mort de Thamas

Kouli-Kan.

MON REVEREND PERE,

A

que

Près la fanglante fcêne vous ai décrite dans ma derniere Lettre, les Conjurés & leurs complices fe répandirent dans le camp, firent main-baffe fur tout ce qui avoit appartenu à Thamas Kouli-Kan, & n'épargnerent aucun de ceux qu'ils foupçonnerent d'avoir eu part à

fa faveur. Ils entrerent dans l'appartement de fes femmes, qui tremblantes & éperduës fe jettoient aux genoux des meurtriers, & les conjuroient de ne point fe diffamer eux-mêmes par une brutalité, ou par des fureurs dont ils ne pouvoient retirer aucun avantage. On n'attenta ni à leur honneur nià leur vie; on fe contenta de leur enlever les bijoux, les pierreries, & tout l'or dont Thamas leur avoit fait préfent.

Du Haram les meurtriers coururent aux tentes des trois Miniftres qui avoient eu fa confiance: deux furent égorgés; on épargna le troifieme. Il fe nommoit Mayar-Kan. Ces ménagemens firent croire qu'il étoit d'intelligence avec eux; & qu'il avoit eu part à la confpiration. Le foupçon n'étoit pas mal fon

'dé: on vit dans la fuite cet homme intriguant & perfide, fucceffivement Miniftre fous trois regnes, conferver trois fois la vie & fa dignité, en trahiffant fes Maîtres.

Ces premiers meurtres furent fuivis d'une confusion horrible dans tout le camp. On fe voloit par-tout & l'on s'égorgeoit ; on entendoit des cris affreux, le fang couloit de toutes parts; l'appas du butin armoit l'avarice, & l'impunité irritoit la vengeance. Les Les quatre

mille Aghvans que Thamas avoit chargés la veille d'arrêter les Officiers de fes Gardes, ne pouvoient se perfuader qu'il eût péri; ils coururent à fa tente pour le défendre; mais ils furent affaillis par fes Gardes au nombre de fix mille,auxquels quatre mille Perfans s'étoient joints: ces braves

Etrangers foutinrent le choc avec un courage invincible, &, malgré l'inégalité du nombre,ils forcerent leurs ennemis à la retraite. Etant entrés dans la tente de ce malheureux Prince, à qui ils avoient voué leurs fervices & leur vie, ils n'y trouverent qu'un cadavre dont la tête étoit féparée, & nageant dans fon fang: à cette vûe les armes leurs tomberent des mains, ils firent retentir l'air de leurs cris, & penferent enfin à fe retirer. On les poursuivit, mais fans fuccès: ils partirent en bon ordre, & avec une valeur de defespoir qui les rendoit terribles.

Je me trouvai deux fois entre les combattans, au milieu des balles & des fabres; mais j'échapai fans autre accident que celui que je vais vous raconter en peu de mots. Deux domefti

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