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Il étoit à la fleur de l'âge, naturellement brave, libéral & bien faifant. Délivrée des cruautés de l'oncle, la Perfe efpéroit, beaucoup des qualités du neveu, & tout promettoit à ce jeune Prince un règne heureux & tranquille. Il ne faut pas profiter de ces avantages; fon élevation l'étonna ; il fut ébloui par fa fortune, & l'indépendance corrompit fon cœur. Enyvré de fa grandeur & de fés richeffes, il les fit fervir aux plus infames débauches qu'il porta aux derniers excès. Ce Zorab-Kan dont j'ai parlé,acheva de le ren→ dre odieux.

L'élévation de cet Efclave étranger excita la jaloufie & l'indignation des grands Seigneurs: il étoit difficile de ref pecter un choix fi déplacé. Né de la plus baffe extraction; it Tome IX.

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n'avoit aucune des qualités qui pouvoient en couvrir la honte, & il en avoit toute la baffeffe dans les fentimens. Les largeffes d'Adel-Schah continrent les habitans de Maschet pendant les trois premiers mois de fon règne; mais les vivres manquerent dans la ville, on en demanda à la nation des Curdes ; ils en refuferent; & bien perfuadés que ce refus leur attireroit une guerre fanglante, ils fe retirerent dans la ville de Cofchan, où étoient leurs magasins. AdelSchah alla les y affliéger: Cofchan fe défendit long-tems, les forties furent meurtrieres; mais l'artillerie fut fi bien fervie du côté du Roi, que la ville fut enfin emportée, les magasins furent ouverts, la difette ceffa & le Roi revint triomphant à Maschet.

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Mahomet Kouli-Kan auteur de la confpiration formée contre Thamas, en avoit tramé une contre lui. Le traître comptoit fe frayer une route au trône Adel - Schah l'avoit conservé dans fa charge de Capitaine des Gardes, & ill'avoit comblé de bienfaits. Averti du complot, & inftruit du temps & du lieu marqué pour l'exécution, ce Prince diffimula; & de retour à Mafchet, il fit arrêter le coupa ble. Après lui avoir reproché fon ingratitude & fa perfidie, il lui fit arracher les yeux: Qu'on le conduife, ajouta-t-il, dans le Haram des femmes du feu Roi; elles demandent få mort qu'elles s'en faffent elles-mêmes juftice. A peine fut-il entré dans le Serrail, qu'à la vue du meurtrier de leur ancien maîelles fe jetterent sur luj

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avec fureur: les poinçons, les cizeaux, furent les armes dont elles fe fervirent: il ne ceffa de fouffrir que lorfqu'elles furent laffes de le tourmenter, & il mourut après avoir effuyé mille fupplices.

Adel-Schah, dès les premiers jours de fon règne, avoit envoyé fon frere Ibrahim Mirza à lfpaham avec un détachement de 12000 hommes pour s'affurer de cette ville, ouvrir les chemins & tenir tout ce pays dans le refpect & le devoir : il comptoit aller bientôt lui-même fe montrer dans cette capitale; toute fa Cour se disposoit à le fuivre, mais il ne pouvoit fe réfoudre à abandonner fon tréfor, & il étoit difficile de le tranfporter. D'ailleurs la Province de Choraffan étoit remplie de féditieux qui n'atten

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doient que fon départ pour fe révolter ouvertement: fes troupes accoutumées fous Thamas Kouli - Kan aux mouvemens aux marches & aux combats s'ennuyoient de leur fejour à Mafchet, & murmuroient hautement de cette inaction. Un gros corps de celles qui étoient de la nation des Lores, demanda plufieurs fois la permiffion de fe retirer dans fon pays, fitué aux environs d'Ifpaham. Après avoir effuyé plufieurs refus, ils décamperent au commence ment d'une nuit avec tant de fecret & de diligence, qu'ils avoient déja fait dix lieues avant qu'on fût inftruit de leur départ. Le Roi indigné de cette défertion, vouloit monter à cheval & les pourfuivre lui-même. Mais Zorab-Kan lui représenta que cet exploit n'étoit pas digne

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