ils évitent, felon ces paroles de l'Apôtre, operarium inconfu fibilem.

I.

Le facré miniftere, & la vie que doivent mener ceux qui Fembraffent, eft comparé dans F'Ecriture à ce qu'il y a de plus laborieux, & de plus penible. Ce font des foldats qui doivent garder Jerufalem nuit & jour, courber leurs épaules fous la charge militaire, & à quelque heure qu'on les appelle fe preparer au combat.

cupez

que

le

pere

Çe font des laboureurs ocà défricher une terre ingratte & fterile; des vignerons de famille loue pour aller à fa vigne, & à qui il promet de donner ce qui fera raifon nable. Ce font des ferviteurs qu'on loge, qu'on nourrit, qu'on paye, & à qui on donne

fe

plus ou moins de talens, afin qu'ils les faffent profiter. Qu'un Capitaine se contente d'un foldat féneant & endormi: Qu'un laboureur recueille une abondante moiffon d'un champ qu'il aura negligé de cultiver & d'enfemencer: Qu' un vigneron, qui au lieu de s'occuper de fa profeffion pendant la journée, aura pris un doux repos, reçoive le denier qui n'a été promis qu'à ceux qui auront travaillé : Qu'un fer. viteur demeure longtemps dans la maison de fon maître, à qui il ne rend fervice qu'autant que fon caprice, une indolence, & une pareffe habituelle le permettent: Je dirai qu'un Ecclefiaftique qui porte ces differens noms dans nos livres faints

peut

difpenfer

du travail de fon miniftere ;' que pourvû qu'il ne fasse rien ́

d'évidemment reprehenfible, un doux repos ne lui doit donner aucun fcrupule; qu'il lui fuffit de fe trouver de temps en temps à l'Eglife, d'où il fort quelquefois avec plus de joye qu'il n'y eft entrés que fans charger fes tendres épaules du fardeau de la croix, il n'a qu'à gager quelque Simeon Cyrenéen qui la porte.

II.

Ainfi regarde-t-on souvent le ministere ecclefiaftique. L'exemple de ces gros Beneficiers, qui n'ont prefque pour toute peine que celle de recueillir la manne, où ils trouvent de quoy varier leur goût, fait croire à d'autres qu'il fuffit d'être nommé à un benefice, & de porter l'habit clerical, pour vivre graffement de l'autel.

Une vie fi commode, & d'ailleurs fi honnorable, où leurs paffions font flattées par tant d'endroits, eft pour eux un fi agreable enchantement, que fans fçavoir non plus que Simon Pierre ce qu'ils difent, ils s'écrient: Seigneur, il nous eft avantageux de demeurer ici, dreffons-y trois tentes; fe doutans bien que quelqu'une d'elles leur pourra

fervir de retraite.

III.

fingula qua

Le travail, & les fleaux des autres hommes ne font pas pour pfal.72. eux, tant ils ont d'adreffe à les éloigner. Partout ailleurs le travail, & le plaifir partagent les Habent differentes profeffions: mais ils fçavent fi bien feparer l'un de hominum l'autre, qu'ils choififfent ce qui quid,aliqu'd leur agrée; qu'ils fuïent, & voluptatis ; qu'ils écartent ce qui les incom- fed adverte

mode.

que genera

laboris ali

re eft prudétaim ali

quorum, & mirari

quemadmo

Quelques-uns d'eux ont comme les gens de guerre, un

dum inter équipage pourvû de tout, hæc artifi riches

cio difcer

nentes

de

caparaçons, des oiseaux. & de proye, des lits magnifiques,

totum quod où ils font couchez auffi mol

delectat eligunt,& am

quod mole

lement

que

des femmes: mais plectantur ; à la difference des gens de ftum eft fu-guerre, ils prennent la fage giunt,& de- precaution de ne fe pas charclinant. ger du poids d'une cuiraffe, tibus, &c. de ne point paffer les nuits fans S. Bern. de dormir, de ne courir aucun vita & mor. danger où ils expofent leur perfonne.

Cum mili

Cleric c. 4.

23. 10.

Si les laboureurs arrosent de leur fucur la terre qu'ils défrichent; fi les vignerons portent le poids de la chaleur & du jour en travaillant à la vigne: ils ont trouvé un meilleur fecret, celui de ne rien faire > & de profiter du travail de ces bonnes gens. Qu'on ne prenne pas ce petit détail pour une