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mais qu'eft-ce que cela, dît " Ephron? Dans le temps même " Abraham fit pefer ces quatre cent ficles, & Ephron les reçut. " Si quelque efprit chagrin étant venu à la traverse avoit dit Vous êtes tous deux des avares; vous Abraham qui ne donnez pas affez; vous Ephron qui mettez vôtre terre à prix. Ils lui auroient répondu : mal à propos vous embaraffez-vous d'une affaire qui ne vous regarde pas; tout s'eft paffé de gré à gré, nul de nous ne fe plaint; Qui vous a établi nôtre Juge? Rien ne s'eft fait en fecret par des pactes tacites & ufurares: Voila les enfans de Geth devant vous, voila tous ceux qui entrent dans le confeil à la porte de La Ville. Ce font des gens qui rendent la justice; ce feroit non à vous mais à eux à defapprouver nôtre conduite.

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Il est arrivé entre les fondateurs & les Corps qui ont accepté les fondations, quelque chofe d'affez femblable. Bien loin que les Conciles & les Peres les ayent accufez d'une avarice reciproque, ils ont loué leur generofité. Ces actes fe font paffez publiquement; on en voit les conventions fur les épitaphes & dans les registres des Eglifes: mal à propos me-t-on fur des pactes fi raisonnables des jugemens fi iniques. C'est une regle generale autorisée par le confentement unanime des Peres, que dans les chofes qui font bonnes d'elles-mêmes, il faut loüer l'action; que dans celles qui font indifferentes, il faut en juger favorablement ; que même dans celles qui paroiffent mauvaises, il faut, autant que l'on peut, en fauver l'intention.

Tout le contraire arriveroit dans l'efpece dont il s'agit.Dans les fondations ou faites, ou reçûës, il n'y a rien de mauvais ; l'action des deux côtez eft bonne & approuvée:par confequent nulle apparence de dire que l'avarice y eft fouvent reciproque, par confequent il est de la charité, & même de la justice,d'épargner la reputation des uns & des autres.

Quand cette femme pechereffe, fi fameufe dans l'Evangile, vint trouver Jesus. Chrift dans la falle de Simon, & que profternée à fes pieds elle y répandit fon parfum, ce Pharifien dît en lui-même: Si cet homme étoit un Prophéte, il fçauroit fans doute qui eft celle qui le touche. Par là il blâma interieurement & cette pechereffe qui ne l'étoit plus & Jesus-Christ même qui fɔuf

des fi talis

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xit: Recede

à me,

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S.Aug.lib.

froit qu'elle parfumât fes pieds de la liqueur odoriferante qu' elle avoit apportée.

Ad illius Si cette femme s'étoit apPharifæi pe prochée de ce Pharifien, il lui mulier ac- auroit dit (c'eft la reflexion que ceffiffet,dic- fait faint Auguftin) ce qu'aquod Ifaias voit dit Ifaïe: Retirez-vous, ne de talibusdi- me touchez pas, car je fuis pur Il auroit crû commettre une me tangere, impureté legale en recevant fon quia mun- prefent. Mais cet homme-Dieu dus fum. n'en jugea pas de même; il So homilia- loua & la perfonne & l'action: rum, hom. la perfonne, elle a beaucoup aimé, l'action, Je fuis entré dans votre maison, vous ne m'avez point donné d'eau pour me laver les pieds, au lieu qu'elle les a arrofez de fes larmes, vous ne m'avez point parfumé la tête d'huile defenteur, au lieu qu'elle a repandu fur mes pieds une liqueur odoriferante.. C'est pourquoy nul mal ni dans cette femme,qui donna ce qu'

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elle avoit ; ni dans Jesus-Chrift, qui reçut fon prefent, & qui le reçut même avec éloge, en expofant au Pharifien fon incivi lité.

A combien d'avares peuton appliquer ces paroles, qu'ils ne donnent rien à ceux qui reprefentent la perfonne de Jefus-Chrift? Ce qu'avoit dit le Pharifien, il ne l'avoit dit qu'en lui-même : c'en eft bien af fez de porter un jugement defavantageux aux fondateurs & aux Corps qui reçoivent les fondations, fans qu'il paroiffe dans des livres, où beaucoup de gens font ravis de lire une auffi charitable & auffi judicieuse reflexion que celle-ci : L'avarice des deux côtez s'eft foxvent couverte du manteau de la Religion; elle a voulu vendre fes aumones,& mettre à prix fes prieres; & la charité, en plufieurs

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