de fi longues prieres. Va retroactis fæculis, iftos Theologos non tulerunt, ut admonerent Ecclefiam ne tot cantibus, & proli~ xis precibus fatigaretur. VIII. Mais ne font-elles pas effectivement trop longues? & ne peut-on pas dire que fi leur lon gueur exceffive étoit moins autorisée, le remede le plus sûr & le plus naturel feroit de la reformer, &de mettre une jufte proportion entre les prieres publiques, &lattention dont un homme de bien eft capable? Pour parler de la forte, il faudroit montrer premierement en quoy, & par quelles raifons cette longueur eft exceffive; & en fecond lieu marquer precifément un vrai remede qui mît fûrement les chofes dans une juste mesure: mais outre que ces propositions vagues, dont on ne prévoit pas les fâcheufes confequences n'ont rien qui les foûtienne, il femble même qu'elles fe détruisent. IX. Cette longueur des prieres publiques eft autorisée, & autorifee en un point, qu'on fouhaiteroit qu'elle la fût moins. On dit cependant qu'elle eft exceffive: premiere contradiction. Le remede le plus sûr feroit de la reformers cependant ce feroit le remede le plus naturel : feconde contradiction. On raifonneroit plus jufte fi l'on difoit: Cette longueur eft autorisée par les plus habiles & les plus faints hommes de leurs fiecles, qui, infpirez de Dieu, ont cu leurs raifons; elle n'eft done pas exceffive. En reformant cette longueur, la nature y auroit plus de part que la grace; il faut donc fe défier de ce remede, & dire que ce feroit le moins fûr. X. Cette longueur eft exceffi ve: mais où eft cet excez ? Eft-ce un excez de zele? eftce un excez d'obligation ? Un excez de zele qui furpaffe indifcretement la jufte mesure? Un excez d'obligation qui porloin la feverité du pre te trop cepte?: Il est vrai qu'en la refor mant, ce feroit le remede le plus naturel: il ne le feroit fans doute que trop. La tiedeur, l'indevotion, le relâchement. de la difcipline y trouveroient compte: mais par cet trop leur te raison-là même, ce remede feroit fi peu fûr, que, felon tous les Peres, & les Maîtres de la vie fpirituelle, rien n'est plus fufpect qu'un changement où la grace a moins de part la nature, l'efprit de Dieu que que celui de l'homme, nit hoftis que præten L'ancien ennemi de l'hom- Non defme, qui lui tend de tout côté átiquus dedes pieges pour le furprendre, ceptionum ne trouve rien où il réuffiffe laqueos ubimieux, que lorfqu'il flatte fes dee. Novit inclinations, dit faint Leon le cui adhibeat aftus cupGrand. Il obferve fon tempe- ditatis.Onrament & fes habitudes, ce nium diqu'il aime, & ce qu'il fuit, ce fuetudinem, qu'il defire, & ce qu'il craint, ventilat cuce qui le flatte, & ce qui l'aftas, fcrutaflige; ne trouvant point de plus & ibi caufür de lui nuire, que nocendi ubi moyen de le tenter par les chofes où quemque il a plus de penchant. cutit con tur affectus, fas quærit viderit ftudiofiùs oe cupari. S: Leo, ferm. 7. de nativit. In hoc om ritualis con Tout le fecret de la vie fpinis vita fpi- rituelle, ajoûte Thaulere, confiftit,ut ope- fiste à faire un fage difcerne-ra naturæ à ment entre les actions de lå gratiæ ope ribus fecer- nature, & les operations de la nere queat. Natura cor grace. ruptilibus vie & fon creaturis ; homo eifdé moriatur inftit. c. 4. n'á La nature cherche fa repos dans les crea-vule vivere tures corruptibles; la grace. gratia verò au contraire veut que l'hom-defiderat ut me chrétien y meure. La nature aime fes commoditez &. &c. Thaul. fes aifes; la grace veut qu'on y renonce. La nature ne de-. mande que des douceurs &. des confolations; la grace de defir & d'empreffement que pour Dieu, & pour tout ce qui peut rendre une vie fainte. Si cela eft vrai, il s'enfuit qu'un changement eft d'autant moins fûr, qu'il eft plus naturel, & qu'il flatte plus delicatement les inclinations du vieil homme, tel que feroit celui de reformer la longueur des prieres publiques. |