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difparurent de nos marchés. Les Jardiniers & les Maîtres des maifons de campagne autour de Paris, voulurent avoir de ces fruits fi colorés, d'un goût fi fuave, & qui fe vendoient fort cher. Bien tôt les Pépinieriftes élevèrent des amandiers & des pruniers fur lefquels ils grefférent diverfes fortes de pêches.

Il n'y avoit originairement qu'une douzaine de Jardins à Montreuil où l'on cultivât le pêcher à la mort d'un des propriétaires qui poffédoit un terrein d'environ quatre arpens, fitué vers l'endroit qu'on nomme la Croix-du-bois, fes enfans eurent chacun un arpent qu'ils firent enclorre de murailles. Les héritiers d'un de ces derniers, au nombre de quatre, partagèrent entr'eux l'arpent de terre provenant de la fucceffion de leur pere. Tous plantèrent des pêchers le long de leurs murs de clôture. On s'apperçut alors que dans les quatre quartiers de terre du dernier décédé, les pêches avoient plus de couleur & de goût, que les arbres profitoient mieux, geloient moins tous les ans, & que ce qu'on avoit planté dans le refte de chaque carré, étoit plus hâtif. Bien tôt le terrein commença à être coupé de murs en tout fens; ufage préfentement général à Montreuil.

On remplit enfuite les carrés non-feulement de fruits d'un débit fur, tels que les fraifes, & les framboifes; mais encore de plantes d'un commerce lucratif & abondant.

On

On planta des primeurs, des vignes, & des arbres de fruits à pepin de toute nature. Les expofitions du nord & du couchant moins favorables au pêcher que celles du levant & du midi, furent deftinées' aux fruits à pepin & à noyau, qui peuvent y réuffir. L'intelligence des Montreuillois jufqu'alors renfermée dans la feule culture du pêcher, s'étendit infenfiblement aux autres denrées, & aux fruits de toute espèce. Depuis ce temslà, ils multipliérent tellement leurs murailles que tous les terreins de la campagne même éloignés en furent coupés. Pour bien juger de leur effet, il faut se transporter fur le haut de la montagne, en venant par Bagnolet, & confidérer de-là Montreuil à vue d'oifeau.

Lors des révolutions, que fit éprouver à la France, le Systême qui changea la face des affaires de l'Etat & des Particuliers, les habitans de ce lieu qui faifoient des rentes fur leurs biens, les rembourferent, foit par les facilités qu'ils trouverent à faire des emprunts en billets, foit par les gains immenfes que leur produifoient la vente de leurs denrées. Ils firent plus. Ils acheterent les maifons bourgeoifes affez nombreufes. Alors, ils conftruiGrent des murs de toutes parts, tant dans leurs enclos qu'en dehors. Les tablettes, les auvents, les paillaffons plats & les autres préfervatifs furent des fuites de ces aggrandiffemens.

H

Girardot, fi renommé pour le commerce des pêches à Bagnolet, n'en fut point l'inventeur. Une noble émulation le porta à enchérir fur les pratiques de Montreuil. Ce ne fut que vers la fin du dernier fiécle que tet habile Agriculteur commença fon établiffement:

Pendant une longue fuite d'années. il préfenta affidûment à Louis XIV, qu'il avoit fervi en qualité de Moufquetaire, les fruits de fes arbres naiffans. Il n'y avoit pas encore long-tems qu'il jouiffoit de fes dépenses exceffives, lorfque l'hiver de 1709, fi fatal à tous les végétaux, n'épargna point fes pêchers, ni ceux des environs. Les pêches fe vendirent cette année jufqu'à quatre francs la piéce, & Girardot, qui n'en recueillit point & ne put en trouver, ne fit pas au Roi fes préfens accoutumés. Il eft certain qu'il travailloit peu par lui-même à fes arbres, & qu'il les faifoit façonner par des gens de journée & des garçons Jardiniers. Sa fortune aifée & brillante, qu'on fait mal-à-propos monter à 30000 livres par an, doit moins être attribuée au profit qu'il retiroit de fes fruits, qu'au difcrédit dans lequel tomberent les biens fonds durant les longues guerres de Louis XIV. Girardot fit alors diverfes acquifitions à bas prix, qu'il revendit enfuite ou qu'il donna à bail à rente, fur lesquelles il gagna confidérablement. Son terrein confiftoit en quatre arpens d'une feule pièce ;

rés

on y conftruifit des murailles en tout fens, qui le partageoient en foixante-douze carce qui fit nommer damier cette pièce de terre. Elle a été depuis enclavée dans le de la Ducheffe d'Orléans douairiere. parc La nature de cette terre franche, pefante & tardive, dans un fond extrêmement humide, ne me paroît pas un terrein propre au pêcher. Girardot fit enfuite au même endroit l'acquifition d'un fief appellé les Guédons dont l'emplacement, qui n'eft que carriere à plâtre, & rempli de fources à quatre ou cinq pieds de profondeur, n'étoit pas plus convenable au pêcher que le précédent. Avouons donc que la bonté du terrein a moins de part au fuccès que le

gouvernement.

LE PÊCHER

ET les autres Arbres confidérés dans leur premier âge.

PREMIERE PARTIE.

CHAPITRE PREMIER.

Defcription du Pêcher, fon gouvernement

LE

commun aux autres arbres.

E PÊCHER, originaire de Perfe, est un arbre médiocrement touffu, de moyenne hauteur & groffeur, affez femblable à l'amandier, par fon écorce d'un rouge grifâtre, fes feuilles longues, pointues, liffes & dentelées, fes fleurs d'un rouge mat, & fa façon de pouffer. Ses feuilles, étant écrasées, répandent une odeur d'amande, & fes Aeurs en cela différentes de celles des arbres fruitiers à pepin, fe montrent & s'épanouiffent

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