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que des cercles minces aplatis & ferrés dans la feconde, vous les verrez gonflés, nourris & plus efpacés.

On a remarqué qu'en fupprimant les gourmands, la tige ceffe de profiter, & reste àpeu près dans le même état, qu'en pinçant ou arrêtant quelques branches au pêcher, la Nature, à qui cette extrémité eft effentielle, en reproduit fur le champ une autre. De plus au-lieu d'un petit rameau que vous ôtez, il en croît d'innombrables, qui fubiffent le même traitement, & qui forment à chaque bout rogné autant de têtes de faule, d'où il arrive que tous les yeux du bas de ces branches rognées, qui dans le pêcher vous auroient donné du fruit l'année fuivante, s'ouvrent dès l'année même en pure perte. Delà, votre arbre s'emporte, vous n'avez plus que des branches par en haut, tout le bas périt infailliblement.

Les lambourdes & brindilles exiftent dans tous les arbres fruitiers, tant à noyau qu'à pepin, avec cette différence que dans ceux-là elles donnent leur fruit la même année qu'elles ont été produites, au-lieu que dans ceux-ci les lambourdes font trois ans à fe former en brindilles pour donner leur fruit.

Les lambourdes font de petites branches menues & longues, qui ne croiffent guère fur le pêcher que de cinq à fix pouces, quelquefois plus fur les autres arbres; elles naiffent ordinairement vers le bas à travers l'é

corce du vieux bois, & même des yeux des branches de l'année précédente. Leurs yeux font drus, de couleur noirâtre, plus gros & plus rebondis que ceux des fortes branches. La couleur de leur peau eft d'un beau verd de mer, clair & luifant. Leur extrémité fupérieure eft couronnée par une espèce de bouquet ou grouppe de boutons noirâtres, avec un feul bouton à bois. On peut juger de leur fécondité, parce qu'une feule nourrit cinq à fix pêches. Leur durée n'eft que d'un an; épuifées enfuite, elles font retranchées à la taille.

Les brindilles plus précieufes encore font àpeu-près la même chofe, excepté qu'elles font moins longues, moins élancées, mais plus groffes & plus nourries; elles n'excédent jamais deux ou trois pouces de long : fouvent elles fe trouvent placées par devant, en forme de dard. La fig. 4 de la Planc. XVI. représente une brindille avec fes rides & fes boutons à fruit, marqués D.

Nulle raifon ne peut autorifer à abattre ces deux fortes de branches, foit à la taille,'foit à l'ébourgeonnement & au palliffage, quand même elles fe trouveroient fur le devant. Heureufe difformité qui naît de l'abondance! Je préfère des arbres bien fournis de fruits & un peu irréguliers à ceux qui traités felon les régles en auroient moins. On retroufle néanmoins ces branches quand le bouton à bois eft grandi, & on les attache, en leur faisant faire

tant foit peu l'anfe de panier. Il n'y a qu'une exception à cette regle, c'eft quand l'œil à bois a gelé ou manque : le fruit du pêcher, comme on l'a vu, ne mûrit point qu'il n'ait à côté ou au-dessus une branche pour lui fervir de mere nourrice, qu'on fait fagement de couper à trois ou quatre yeux, lorfque le fruit peut être fevré & qu'il a acquis les deux tiers de fa groffeur, afin que la circulation de la fève ne foit pas interrompue, & que les feuilles placées à chaque œil fervent à le défendre des rayons du foleil. Il profite alors de la fève qui auroit monté dans toute la branche.

J'ai dit qu'on diftinguoit dans le pêcher trois fortes de branches à fruit, les groffes, les médiocres, & les petites. Les fortes font celles qui font de la groffeur d'une plume à écrire, qui ont des yeux triples à chaque nœud; favoir deux yeux à fleur, avec un œil à bois au milieu. Ces branches, loin de s'aouter comme les gourmands, font d'un verd un peu foncé, avec des marques noirâtres & un peu graveleufes. Leurs yeux voifins les uns des autres, font bien nourris & produifent des feuilles longues & larges, d'un verd qui annonce leur fanté. A ces fortes de branches on donne fept à huit pouces de taille, felon la vigueur de l'arbre. Mais à l'ébourgeonnement on en fupprime une partię pour peu que les autres s'alongent, fans les éclater ni les pincer avec le pouce. Les branches médiocres à fruit tiennent le milieu en

tre celles dont je viens de parler & les petites. Elles ont auffi des yeux triples, comme les groffes, leur couleur eft la même, & leur groffeur peut être celle d'un cure-dent: on les taille à quatre, cinq cinq ou fix ou fix yeux. Les petites branches font de deux fortes. Les unes fructueufes, & qui ont à chaque nœud un feul œil à fruit avec un œil à bois, font particuliérement celles que les gens de Montreuil nomment branches-crochets, dont ils fe fervent pour amufer la fève, & fur lefquelles ils tirent à fruit au défaut des fortes & des demifortes. On les taille à un, deux ou trois yeux, le fruit y noue également & y mûrit parfaitement. Taillées à un œil, elles donl'année fuivante de très bonnes branches médiocres, fructueufes. Beaucoup de Jardiniers tirent trop à fruit fur elles, fauf, difent-ils, à les rabattre, fi le fruit ne noue point. Mais dénuées de fève pour nourrir tant de fleurs & de bourgeons elles ne produifent que des feuilles. La feconde efpèce eft celle des branches folles ou chiffonnes, dont la ftérilité eft le partage. Elles ne font pas plus groffes que des brins de ba lai, & n'ont que de très-petits yeux à côté de chaque feuille & fort éloignés les uns des autrés. Il faut leur affocier certaines bran ches dénuées d'yeux à bois, mais qui ont un bouquet de vingt ou trente fleurs. On a dit plus haut la raison de leur fuppreffion.

nent pour

CHAPITRE IV.

Diverfes pouffes du Pêcher durant fes premieres années.

UN pêcher d'un an doit avoir poussé qua

tre, cinq ou fix belles branches qu'on aura paliffées de toute leur longueur, à moins qu'occupé à fonder le terrein, il n'agiffe fourdement par fes racines dans le fein de la terre. La fig. 2. Planc. VII. A, fait voir des yeux ou boutons à bois fur une pouffe d'un an. La conduite tenue à l'égard de cet arbre la premiere année fert également de regle pour la feconde. Au-lieu de ravaler, comme font les Jardiniers, fur la branche d'en-bas en la taillant à deux ou trois yeux, on laiffe une ou deux branches, qu'on taille en branches - crochets à trois ou quatre yeux, puis on en ôte une après qu'on coupe tout près de l'écorce, & on alonge celle des extrémités s'il s'y rencontre des gourmands, on les rabat deffus. Cette pratique conferve à la fève fes agens & fes réfervoirs, fans épuifer, dès fon jeune âge, un arbre qui fait tous les ans à pure perte la pouffe de quatre ou cinq branches. A fa feconde année il

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