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pouvoient y croîtré naturellement. Les graffes & exotiques, ainfi nommées, parce qu'elles viennent des pays étrangers, & qu'elles demandent un régime particulier, ne furent recherchées que les dernieres. Leur culture est différente. Accoutumées à refpirer dans d'autres climats un air entiérement opposé à celui de nos régions; elles ne doivent, parmi nous, leur confervation qu'à des foins infinis. Nos Jardiniers ordinaires font peu propres à les gouverner; il faut des connoiffances particulieres & une étude toute différente pour entendre la pratique de cette fubdivifion du Jardinage, qui en forme une classe féparée.

A l'égard des jardins de propreté & de fimple ornement où l'Art femble vouloir affervir les beautés de la Nature; je les crois fort anciens. Les Hiftoriens & les Poëtes des tems les plus reculés, nous les repréfentent très-ornés, & décorés de figures, d'obélifques, de vafes précieux, de perfpectives, de cafcades naturelles ou artificielles, de canaux, de jersd'eau & de portiques. Tout ce qui eft du reffort des Beaux-Arts, fe reffentoit assurément de leur enfance. Les Princes, pour déployer leur magnificence, & les riches Particuliers, pour faire éclater leur fomptuofité, plantèrent dans tous les tems des jardins uniquement confacrés au plaifir des yeux, & à l'agrément de la promenade. Les Hommes illuftres, que leurs ouvrages en ce genre im

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mortalifent, ne doivent point être compris dans la claffe des Jardiniers; leurs talens pour le deffin & la diftribution des jardins, les rangent dans celle des Architectes.

Après avoir parlé de l'établiffement du Jardinage, & de fes divers Ouvriers, il est naturel de dire un mot des outils connus de nos peres, & de ceux employés de nos jours.

Les inftrumens du Jardinage ont été ou empruntés de l'Agriculture & du labour des terres, ou trouvés par fucceffion de tems, comme ceux des autres Arts. Je compare encore ici les premiers Homines, quant à l'établissement de toutes ces chofes, aux Habitans des Pays nouvellement découverts, & aux Sauvages. Ces derniers travaillent à la terre, fans les outils en ufage chez les Peuples qui ont le fecours des Arts & des Sciences. Ils fe fervent de pierres fort aiguifées, d'os d'animaux & de poiffons, avec lefquels ils fouillent la terre, fendent le bois & font quantité d'ouvrages pour fe procurer les chofes utiles, comme des arcs, des fléches, des naffes & des filets. Je parle des Peuples fauvages qui ne font pas en relation avec les Européens & les autres chez qui les Arts font connus, tels qu'un grand nombre de Sauvages à la Louifiane & ailleurs.

La defcription que nous lifons dans Virgile, des inftrumens fervans au labour, nous fait croire qu'ils ont beaucoup de rapport avec les nôtres. Nous nous fommes contentés de

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les perfectionner, à en juger par les defcriptions que nous en ont laiffées plufieurs Auteurs, & fur-tout Caton qui entre dans le plus grand détail fur ce qui eft du reffort de l'Agriculture; il eft probable que les Peuples anciens & les Romains particuliérement, qui ont porté les Arts à un fi haut degré de perfection, n'auront pas moins excellé en ce genre. La différence qui peut être entre nos outils & ceux des Anciens eft la même qui fe trouve entre ceux des diverfes Régions. Nos Couteliers de Paris, par exemple, font des ferpettes qui ne reffemblent point à celles de Châtelleraut. Dans ces derniers tems, on les a perfectionnées. On fait des demi-ferpettes (planche I. figure 1.) pour les moindres ouvrages, & des ferpillons (fig. 2.) à long manche, à lame courte & à petit bec, trèscommodes pour l'ébourgeonnement & le paliffage. Ils fervent à aller entre deux branches trop voifines, & à couper quantité de brindilles. Il y a auffi des ferpettes renforcées (pl. II. fig. 1.) propres à toutes fortes d'ouvrages. Je dirai à ce fujer que pour opérer furement avec ces outils, il faut avoir la main gauche au-deffus de la branche, quand on coupe en en-bas, & au-deffous lorfqu'on fait fa coupe en-deffus. On fait aller fa ferpette en coulant d'un côté ou d'un autre, toujours en-dehors, quand on retranche une branche fur le devant.

Les fcies à mains que j'ai rendues plus com

modes, font de différentes fortes. Les unes font à manche de bois, non-fermantes (pl. III. fig. 1.)& les autres à virolle (fig. 2) ou à reffort qui ferment (fig. 3.) Il y en a une que j'appelle un paffe-par-tout deftinée à ôter les branches en fourches, où la largeur des autres scies les rendroit inutiles, & à faire une coupe moins groffiere, eu égard à la fineffe de fes dentelures. Ces paffe-par-tout font faits avec des refforts d'acier de vieilles pendules, & ils ont huit à neuf pouces de long fur un pouce par en-bas. Tout jardinier doit avoir autour de lui une trouffe femblable à celle des Tapifliers, où il y ait plufieurs poches pour placer fes différens outils, avec un marteau à tête fendue fur le côté de cette trouffe on met un gros bouton destiné à suspendre les fcies à main.

Je joindrai ici l'explication des autres figures de ces trois planches. La 3. (planche I.) repréfente un échenilloir. A, eft la partie tranchante par en haut. B, le croiffant tranchant par-deffus feulement. C, autre croiffant non tranchant, qui caffe en tordant les branches pendantes qu'on ne peut couper. E, trou pour recevoir une vis. F, (fig. 4.), vis qui entre dans le trou E de la douille.

La fig. 4. ( planc. III.) offre le greffoir. B, manche arrondi en-dehors plus commode. pour le travail. C, le morceau d'ivoire en forme de petite efpatule, pour ouvrir la peau en greffant, & y inférer l'écuffon.

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(Pl. II. fig. 2.) Fourche vue par fa partie convexe nouvellement introduite dans le Jardinage, pour fouiller la terre, & lever les arbres fans offenfer leurs racines. (fig. 3.) La même fourche vue par fa partie concave.

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Je ne puis me défendre de joindre à ces outils de Jardinage un inftrument d'Agricul ture autant connu dans l'Anjou qu'il l'eft peu par-tout ailleurs; il fe nomme Ecobue, & eft recourbé à-peu-près comme une Houe avec un long manche de bois. C'est à M. le Marquis de Turbilly, Fondateur des Sociétés d'Agriculture en France, que l'on eft redevable de cet inftrument, qu'on connoîtra plus parfaitement par la lecture de fon livre, qui a mérité les fuffrages d'un corps célèbre.

L'ufage des engrais & du fumier eft aufsi ancien que l'Agriculture & le Jardinage. Je ne m'arrête point à établir ce point univerfellement reconnu. Il eft pourtant des terres fi favoureuses par elles-mêmes, qu'elles n'ont pas befoin d'être remontées par des engrais.. Tout le monde fait que l'Egypte est fécondée

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le débordement des eaux du Nil. Dans lespays méridionaux, les fumiers chauds de mulet, de mouton & de pigeon, brûleroient les plantes, s'il n'étoient fuffifamment confommés, & employés fobrement.

Outre les fumiers, il y a différentes fortes d'engrais, dont parlent les Anciens, qui ont écrit fur l'Agriculture & fur le Jardinage dans le tems que ces deux Arts étoient unis;

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