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difpofe pour l'année fuivante. On peut jusqu'à un certain point fuppléer à une taille défectueufe, au lieu que rien ne peut réparer un ébourgeonnement vicieux. De-là dépend la fécondité de l'arbre, comme fa fanté & sa durée. Il eft queftion ici de la faifon de l'ébourgeonnement & de la méthode qu'il faut y fuivre..

C'est en conféquence de l'empire abfolu de l'Art fur la Nature, que les hommes se font avifés de donner aux arbres en efpalier cette forme & cette étendue, qui de chaque branche fait autant d'éventails, & que par le retranchement de celles de devant & de derriere, ils ont forcé la fève de fe porter fur les côtés afin de la rendre féconde >

gênant dans fon cours. Le pêcher a plus be foin qu'aucun autre arbre d'être ébourgeonné: il produit tous les ans une fi grande quantité de bourgeons, qu'abandonnés à eux mêmes, ils n'offriroient à la vue qu'un objet informe, & que devenant le jouet des vents, ils feroient immanquablement brifés. Le fruit, outre qu'il profiteroit moins, acquéreroir aufli moins de faveur.

celles

L'exactitude de l'ébourgeonnement eft moins effentielle dans les autres arbres, parce que le touffu de leurs feuilles, qui font d'ordinaire plus larges & plus ferrées que du pêcher, en cache la difformité; & de plus le préjudice qu'on peut leur faire, en es dégarniffant en quelques endroits, eft ré

parable par ces branches, que j'appelle adventices, qui percent à travers la peau.

Cet art de l'ébourgeonnement n'est autre chose que la fuppreffion fage & raisonnée des rameaux fuperflus, que le choix judicieux de ceux qu'il faut paliffer, que ce goûr & cette intelligence pour n'en conferver qu'une quantité fuffifante. Il fe répéte autant de fois que les bourgeons s'alongeant & fe multipliant, donnent lieu à le renouveller. Le point effentiel eft de fuir également la confufion & le vuide. Pour éviter celui-ci, il faut toujours tirer du plein au vuide, mais fans forcer, fans croifer, fans caufer aucune difformité. On évite la confufion, en laiffant entre les bourgeons un efpace fuffifant, pour qu'ils ne fe touchent point, & que leurs feuilles ne jauniffent ni ne tombent.

L'époque de l'ébourgeonnement n'eft pas plus fixe que celle de la taille. On doit fe régler fur la faifon, l'âge, la vigueur des arbres, le climat, les expofitions différentes & les circonstances particulieres de l'abondance ou de la difette des fruits.

Les Montreuillois le différent jusqu'à la mi-Mai, ou dans le mois de Juin, lorfque les bourgeons de leurs arbres ont un pied ou quinze pouces de long. C'eft moins la propreté & la régularité que le befoin des arbres qui les guide. Voici leurs principales raifons: 1. En ébourgeonnant de bonne heure, on met le fruit au grand air. Comme en Avril

& au commencement de Mai, il est encore fort tendre, il eft en danger d'être frappé du foleil & de tomber. 2°. En retardant & en laiffant alonger les bourgeons, & ne fupprimant que tard les furnuméraires, les arbres ne s'épaifent point à en pouffer de nou veaux. 3°. La gomme eft plus à portée de fluer au mois d'Avril que quand l'écorce eft plus formée. 4°. A peine les arbres commencentils à fe remettre des fatigues qu'ils ont ef fuyées par les tailles faites à leurs rameaux, à peine les cicatrices commencent elles à fe recouvrir, qu'on leur en fait de nouvelles. 3. Tant que le fruit eft à couvert fous cette efpèce de forêt, hériffée de bourgeons, il jouit d'une fraîcheur qui contribue beaucoup a fon accróiffement. Les bourgeons 'd'ailleurs fe trouvant à l'aife pouffent & s'alongent leurs yeux, leurs boutons pour l'année fuivante, fe forment & fe façonnent. Tous ces avantages difparoiffent dans l'ébourgeonnement précipité.

Doit-on ébourgeonner par provifion, & remettre à paliffer à un autre tems? Cette façon de travailler a des fuites fâcheufes. 1. Les fruits dénués de l'appui des bourgeons qu'on leur a ôtés font abattus par les vents. 2. Les feuilles des bourgeons du bas, après avoir jauni, tombent & font avorter les yeux pour l'année fuivante. 3°. De nouvelles occupations font oublier le palif fage. En ébourgeonnant à vue des pays,

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on courre rifque de fupprimer certains bourgeons mieux placés que ceux que l'on conferve, ou d'épargner ceux qu'il faudroit jetter à bas. Il peut arriver auffi qu'on ne trouve pas fon compte dans le nombre des branches qu'on a laiffées, comme fuffifantes. 5. Ces mêmes branches non paliffées, venant à être caffées par les vents, opérent encore des vuides. En paliffant au contraire à mesure. qu'on ébourgeonne, on prévient tous ces inconvéniens.

Beaucoup de Jardiniers qui n'envifagent que la régularité & l'uniformité, commencent à paliffer par un bout de l'efpalier & finiffent par l'autre. Je crois que les arbres expofés fur des hauteurs à la fureur des vents, ceux qui ont le plus pouffé, qui portent des fruits plus hâtifs & plus nombreux, ont droit d'être travaillés les premiers, enfuite les plus foibles, puis les vieillards & les infirmes. Parmi les expofitions, celle du midi exige toujours la préférence. Je ne dis point qu'un arbre vigoureux doit être moins ébourgeonné qu'un foible, qui n'étant pas foulagé ne feroit que des pouffes chétives.

On ne perdra point de vue la nourriture actuelle du fruit, & la provifion pour la récolte fuivante. On pourroit ajouter une troifieme confidération, qui eft la grace & la régularité de l'arbre. Il faut être bon économe, & fe ménager fucceffivement des fruits chaque année. On excelle en cela à Montreuil

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tous les ans leurs arbres en donnent, au-lieu que dans nos jardins on en a abondammem dans une année, & peu ou point les fuivan tes. On laiffe à cette fin moins de bourgeon's à un arbre bien chargé de fruits qu'à un qui l'eft moins afin que le premiet puiffe les hourrir. On téferve enfuite des bourgeons de bois bien franc de distance en diftance, foit pour regarnir, soit pour remplacer l'année prochaine ceux qui feront épuifés ou retranchés.

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En ébourgeonnant les arbres de deux & de trois ans, leur difpofition & la diftribution de leurs branches doivent être confultées. Ce moment décide de leur fort avec la taille de l'année fuivante. Mais je donne en génétal beaucoup de charge à des arbres quoique jeunes, quand ils font extrêmement vifs. Mon but eft de leur procurer un plus prompt avancement, & de conferver dans leur totalité une plus ample circulation de fève.

Rien de plus à éviter dans le Jardinage, que la pratique de pincer, de raccourcir & d'arrêter les bourgeons. Toutes ces mutilations font la caufe du dépériffement des atbres. La prétendue régularité qu'on leur attribue difparoît trois femaines après, par un nombre infini de faux bourgeons d'autant plus affidus à pouffer qu'on eft plus obstiné à les retrancher.

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Pour l'ebourgeonnement il ne faut fe servir que de la demi-ferpette. Quand on fair tra

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