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Point d'arbres ni d'arbustes qu'on ne puiffe ébourgeonner pour qu'ils prennent une figure réguliere. Les cerifiers, guigniers & bigarreautiers, par exemple, tant en efpalier, qu'en contr'efpalier, reffemblent fans l'ébourgeonnement à des hériffons. Comme ils pouffent différemment qu'un pêcher & qu'un pommier, ils doivent aufli être ébourgeonnés d'une autre maniere. Ils n'exigent pas non plus la même précision ni la même correction. Leurs boutons toujours gros & nourris, parce que leurs fruits font par paquets fortant du même œil, & qu'ils font abondans en fève, ont befoin d'un plus grand nombre de branches qui leur fervent de réfervoirs & de meres-nourrices. Ils pouffent moins des branches à bois feulement, que des branches à fruit.

Le cerifier fait auffi éclorre fur le vieux bois quantité de brindilles en devant qui font précieuses, & des branches fortes, fouvent aplaties avec des côtes, & cannelées qui prennent beaucoup de fève : on ne confervera celles-ci qu'autant qu'elles feront en nombre égal de chaque côté. La figure qu'il doit avoir eft celle d'un éventail régulier. Jamais fes branches perpendiculaires ou demi-perpendiculaires ne s'approprient toute la fève, comme celles du pêcher. S'il s'emporte du haut, quoiqu'il se dégarniffe rarement du bas; rapproché à la taille il pouffe affez aifément. La façon de le travailler à l'ébourgeonnement, eft de lui ôter les rameaux trop nombreux, de laiffer tous ceux

qu'on peut paliffer, quand même ils feroient trop drus, & de conferver les lambourdes des côtés & celles qui font droites & courtes endevant; ces dernieres donnent les plus beaux fruits & les plus abondans. On les retranche enfuite lorfque de nouvelles lambourdes les remplacent.

Un cerifier en efpalier au levant, bien dreffé, ébourgeonné à propos, & paliffé fuivant les regles, forme un riche coup d'œil, furtout lorfque paré de fes fruits il étale fes rameaux fouples, dont le feuillage d'un verd brun & obfcur, contrafte avec le bel incarnat de fes fruits pendans négligemment au bout d'une queue alongée.

Les précoces font une claffe féparée ; leur bois eft toujours plus fluet; cependant bien gouvernés, ils acquierent une étendue femblable à ceux d'une conftitution plus robufte. Il eft fort commun d'en voir à Montreuil qui ont trente pieds de face & au-delà.

Tous les arbres fruitiers qu'on paliffe contre l'ufage ordinaire, demandent à être ébourgeonnés. Tel eft le figuier que des particuliers, plus curieux de l'excellence du fruit, que de fa quantité placent en efpalier. C'eft celui qui craint le plus la gêne, & qui pouffe d'autant plus, qu'on lui donne moins l'effor. Pour lui faire prendre une forme réguliere afin de l'affujettir au treillage, on eft forcé de couper quantité de rameaux placés par-derriere qui empêchent les gros bois d'approcher du mur

ainfi que ceux qui dardent de toutes parts endevant, d'où il arrive que les faux-bourgeons fe multiplient à l'infini.

Le bois du figuier eft rempli d'une moëlle fpongieufe, & la fève eft laiteufe. Par la fup preffion de fes rameaux, on met la moëlle à l'air qui la defféche, la pluie s'introduit enfuite dans les petites cellules que la Nature y a pratiquées, & de-là s'enfuit la pourriture intérieure qui occafionne la mortalité de ces branches incifées. Comme fes pores font fort ouverts & fes conduits intérieurs très-dilatés, il fe fait une extravafion de cette fève laiteufe qui flue jufqu'à évacuation totale. Telle est la raifon pour laquelle tout figuier qui n'eft pas empaillé l'hiver ou qui l'eft mal, gele aisément, furtout s'il tombe de la neige, du givre & des frimats Il fait le plus fouvent éclorre du baş quantité de branchettes creufes qui gelent en hiver ou qui féchent au printems, faute de confiftance fuffifante, foit pour fupporter le froid, foit pour réfifter au grand air du prin

tems.

Ainfi le régime du figuier fe réduit à ne le tourmenter aucunement, à lui ôter feulement les bois morts, & à appliquer à fes plaies l'onguent de S. Fiacre, à l'empailler amplement durant l'hiver, & à le tirer de fa prifon vers la fin de Mars quand les dangers font paffés,

L'ébourgeonnement fait de la maniere dont je l'ai dit, influe tellement fur la fuite de l'og vrage, qu'on eft fur de ne pas s'y reprendre à

plufieurs

lufieurs fois; on n'a plus qu'une fimple recherche à faire de tems en tems. Les arbres ayant eu le loifir de jetter leur feu, deviennent plus fages, fans être épuifés, altérés, ni fatigués.

CHAPITRE VI.

L'ART

Du Paliffage.

ART du paliffage confifte à attacher d'abord au treillage le côté le plus difficile, puis paffer à l'autre, & finir par le devant & le milieu. Il n'eft pas dans l'ordre de la Nature, Toujours elle porte en avant fes rameaux pour fuivre la direction & l'impreffion de l'air, Toujours les bourgeons attachés & arrêtés s'écartent du mur par leur extrémité.

On diftingue deux fortes de paliffages, l'un d'hiver & l'autre d'été. Tous deux confidérés quant au fond & à la forme, ont également pour objet l'utilité & l'avantage de l'arbre; le dernier fe propofe de plus de former un coup d'œil régulier. Tous deux tendent à lui donner plus d'étendue, à faire naître l'abondance à accélérer la maturité du fruit, & à lui procurer, avec un coloris charmant, une faveur douce & un parfum exquis,

De la façon dont on a traité jufqu'ici les arbres en efpalier, qui ne parviennent jamais

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pas

garnir les murailles, il n'eft aifé de concevoir que le paliffage contribue à leur donner plus d'étendue. On croiroit que ce feroit plutôt l'office de la taille. Rien cependant n'est plus vrai. Par la taille & l'ébourgeonnement, on ôte aux arbres d'efpalier toutes les branches tant de devant que de derriere. Parmi celles qu'on laiffe pour être dreffées en éventail, il y en a au moins la moitié qu'on fupprime aux différens ébourgeonnemens. Cette fuppreffion peut être eftimée la troifieme partie de leurs membres. Joignez encore à ces prodigieux retranchemens, celui de l'extrémité de leurs rameaux, il eft impoffible qu'ils s'a longent. Je dis plus ils périront en peu de tems, & la ftérilité d'ailleurs en fera le partage. Si donc au lieu de tant les décharger & de leur faire pouffer tant de bourgeons en pure perte, on laiffoit à leurs rameaux plus d'étendue & plus de longueur; ils prendroient l'effor, & donneroient au centuple de ce qu'ils donnent ordinairement: ils fe fortifieroient, & leur durée feroit plus longue. Puifque nous leur otons par néceflité les rameaux de devant & de derriere

qui font la moitié d'eux-mêmes, il faut, pour les dédommager les laiffer pouffer par les côtés & étendre, fuivant la force des arbres, les branches des extrémités & de face, ainfi que celles qui pouffent entre deux. Pourquoi les beaux efpaliers font-ils, fi races ? fraces C'est parce que tous les Jardiniers déchargent

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