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que

de la conferver & de la faire tourner à fon profit. Or, toutes les fois que la tige n'eft pas affez groffe, ou qu'elle a des nodus & des em barras, la fève qui ne cherche qu'à fe décharger toujours par préférence vers le haut, trouvant dans l'écuffon plus de jeu & plus de flexibilité, y paffe plutôt que dans la tige où elle n'a pas les mêmes facilités. L'écuffon ou Ja greffe eft de nature poreufe, fpongieufe, aifée à fe dilater; donc il eft plus naturel la fève s'y porte, que dans la tige où elle n'éprouve que de la roideur & un ferrement univerfel dans toutes fes parties. La greffe, au contraire, molle & fibreufe prête toujours; de-là cette extenfion de la peau formant un bourrelet, qui fe gonfle horizontalement, juf que-là qu'on le voir fe porter en bas, & recouvrir la tige de deux ou trois pouces. Quand elle eft proportionnée à l'écuffon, ou que le fujet a la bonté & l'intégrité requises; on conçoit qu'y ayant de l'efpace & du jeu pour la fève, que la peau & le parenchyme de la tige étant flexibles, cette fève agit fuivant fon cours ordinaire, en fe répandant également dans la tige & dans l'écuffon.

Examinez tous les arbres qui ont des branches d'à plomb à la tige & au tronc, de ces branches perpendiculaires, ou qui le furent dans leur origine; vous n'en trouverez prefque point dont le bourrelet de la greffe ne foit du double au moins plus gros que la tige, & dont les branches verticales n'ayent auffi beaucoup

Y

plus de groffeur. Il eft contre nature que les branches- meres foient plus groffes que la tige.

Les gourmands, ai-je dit, font les entrepôts & les magazins de la fève. Lorfqu'elle en eft privée, il faut qu'elle fe dépofe autre part. Après s'être portée avec irruption vers l'écuffon, elle fe décharge horizontalement à l'endroit de la future qui s'eft faite entre lui & le fauvageon. L'écuffon fe trouvant inondé de fève, doit groffir toujours, & former néceffairement un bourrelet, qui n'eft qu'un corps étranger du à l'épanchement d'une fève trop abondante. Cette fève impregnée de fels, de parties nitreuses, vitrioliques, dont les acides, les pointes.& les efprits font dans une fermentation continuelle, agit fur fon principal récipient, & produit inceffamment ce gonflement

& cette tumeur.

On voit (PL.XV) un pêcher fur prunier avec un bourrelet A faillant de la greffe, caufé par l'engorgement de la fève. B, canal direct de la fève qui n'a point été coupé dans le tems, & qui devra l'être quand les branches inférieures Ĉ feront fuffifantes pour garnir l'arbre. D, tige qui profite peu, tandis que tout l'accroiffement fe fait dans la greffe qui eft en forme de loupe, & eft ordinairement trois fois plus groffe. Les fous - yeux de cet arbre ne font pas marqués, ce font de petits yeux presqu'imperceptibles placés au pédicule de chaque branche, qui ne groffiffent jamais davantage, &

qui ne portent que de petites feuilles. On leg erra diftinctement à la Pl. XVII. fig, 2 & 3 B. Le bourrelet qui forme l'efpece de foudure de la furpouffe avec la pouffe primitive, eft représenté fig. 2 & 3 A de cette même plan

che.

Tout ce que je viens de dire n'arrive point, du moins à ce degré, lorfque la fève le dépofe dans les gourmands comme dans des entrepôts. De ce gonflement du bourrelet de la greffe qui attire & contient une fi grande quantité de fève, s'enfuit néceffairement le peu d'accroiffement de la tige, faute de ce mou vement fucceffif du haut dans le bas, comme il fe fait du bas vers le haut. Ce mouvement étant interrompu, la fève ceffe d'être distribuée, & eft interceptée dans le bourrelet de la greffe d'où elle ne peut plus fortir. On conçoit bien par la groffeur des gourmands un envoi de fève du bas vers eux: mais auffi pour qu'elle fe communique des gourmands aux branches inférieures, il faut que la fève y retourne. Leur confervation contribue à faire groffir ces dernieres fenfiblement, au préjudice de celles qui font au-delà du gourmand.

En tirant toujours du bas en haut, le bas s'épuife, comme on vient de le voir. A mefure que la fève monte, loin de lui donner le tems de paffer dans les fibres tranfverfales de la tige, par le moyen defquelles feules peut fe faire fon accroiffement en groffeur, on la force de venir au fecours de tous les jets qu'on

pince continuellement, & à la place defquels elle s'occupe à faire de nouveaux rameaux, ne pouvant circuler ni defcendre que par leur moyen. On trouble par-là fon cours, on l'arrête, & on l'oblige à revenir fur fes pas. Ne trouvant point de canal où elle puiffe fe réfugier qui lui foit plus analogue que la greffe, elle y féjourne, & y opére une dilatation extérieure.

Lorfque les arbres font vifs, on peut bien corriger la difformité de ces bourrelets, & donner lieu à la tige de groffir & de prendre plus de nourriture, mais il n'eft pas poffible de la faire difparoître. Je ne fais qu'un moyen pour y réuffir, qui eft l'incifion, dont j'ai parlé plus haut. Elle confifte à fendre au printems, avec la pointe de la ferpette, l'écorce de la tige, depuis le tronc jufqu'à ce bourrelet, d'abord par derriere l'arbre; l'année fuivante on réitere cette opération fur un des côtés, à la troifieme fur l'autre, & à la quatrieme pardevant. Elle n'eft utile qu'à l'égard des arbres dont l'écorce eft liffe, unie, & dénuée de nœuds. Au refte on ne la répeté qu'à proportion des progrès de la tige.

Il eft certain, 1°. que par l'incifion vous fixez la fève fur la tige, & vous l'empêchez de s'élever comme auparavant, & de fe décharger dans le bourrelet, ce qui occafionne une diverfion. 2°. En la forçant de fe porter à l'incifion pour la guérir, vous opérez une extenfion & une dilatation dans la tige. 3°.

Quand les deux levres de la plaie font ouvertes, une peau nouvelle fe forme peu-à-peu, qui opére une futuré de deux ou trois lignes. 4°. Cette peau étant plus mince que l'ancienne, prête par la fuite à mefure que la fève fait effort pour y arriver. J'ajoute enfin que l'onguent de S. Fiacre y eft tellement effentiel que fans lui vous perdez tout le fruit de votre opération; les levres de la plaie se séchent & la réunion des parties eft bien plus difficile.

CHAPITRE III.

Des maladies du Pêcher, qui lui font communes avec les autres arbres.

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peut affigner deux fortes de caufes aux maladies des arbres; les unes font internes ou cachées, les autres externes & apparentes.

Les premieres font celles qui ne fe manifestent point, & qu'on ne connoît fouvent que lorfqu'il n'eft plus tems d'y remédier. Si l'on s'y fût appliqué dans le tems, il eût été trèspoffible de les découvrir, ou du moins de les conjecturer & de les détourner. Telles font les fuivantes: le vice de la terre fans fond, ftépar elle-même, aride, fabloneufe, pier

rile

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