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pofer aux pluies, aux gelées & aux frimats. Il s'y délaye peu à peu, & fe fond ; le jus qui s'en détache, pénétre la terre & on l'enfouit au printems. Il eft inutile de dire qu'il ne convient qu'aux terreins fecs, legers ou brûlans. Le fumier de bœuf eft un peu moins humide & froid, à caufe de la complexion plus féche de cet animal, & du plus grand feu de fon eftomac. Auffi fa chair eft plus compacte que celle de la vache, qui ett plus molle, plus lâche & plus dilatée.

Le fumier de mouton plus chaud que les précédens, s'emploie rarement feul. Pour en corriger l'acrimonie & la féchereffe, on le mêle avec celui de vache. Il faut de plus qu'il ait effuyé pendant l'hiver les diverfes influences de l'air, afin que le crottin qui le compofe puiffe être attendri, autrement il brûle les plantes, defféche la terre, & au lieu de s'incorporer avec elle, il reste en mottes féches, ou par menues parcelles. Les terres froides & humides s'accommodent trèsbien de cette forte de fumier; mais l'ufage le plus ordinaire qu'on en fait dans le Jar dinage, eft pour les orangers.

Le fumier de porc ne doit être employé dans nos jardins, que lorfqu'il eft bien pourri, qu'il a paffé l'hiver fur la terre, & qu'il a été bien mêlé avec elle ou d'autre fumier. On eft affez d'accord fur fa qualité pefante & matte, médiocrement chaude, peu fubftancielle & fort âcre. On l'accufe de pro

font propres

duire une infinité de mauvaises herbes, fondé fans doute fur la qualité des nourritures qui à l'animal comme fi par la digeftion qu'il a faite des graines de ces mauvaifes herbes, renfermées dans fes alimens, elles n'avoient pas été broyées & confommées, de forte qu'il eft aufli impoffible qu'elles lèvent, que les pepins de poires & de pommes, qui après avoir féjourné dans notre eftomac, ont paffé par la ftercoration. La vraie raifon pour laquelle le fumier de porc femble procurer plus de mauvaifes herbes qu'un autre, c'est qu'apparemment fes fucs font plus propres à les faire germer & à les nourrir, & qu'elles y trouvent plus de conformité & d'analogie.

Les fientes de pigeon, de poule & de volaille ne s'emploient point feules, excepté la première. Toutes font fort chaudes, auffi ne les répand-on point, mais on les féme, à peuprès comme les graines, dans les terres fortes, froides & humides. Elles font ordinairement confondues & mêlées avec les autres engrais dont j'ai parlé, & on les jette fur le grand fumier qui eft dans la baffe-cour. Je pense qu'elles doivent être exclues du Jardinage à caufe des infectes & des vermines imperceptibles dont elles fourmillent, & de leurs œufs, qui ne manquent pas d'éclorre au grand air. Cette fiente, à mefure que les animaux la laiffent tomber, s'entaffe & s'aigrit; & alors une foule d'infectes s'en nourriffent

attirés par l'aigre & la fermentation: comme on ne la lève que rarement, ils ont le tems d'y dépofer leurs œufs, & de-là des vermines fans nombre, qui inondent les jardins, & qui font périr les graines, en les criblant à mesure qu'elles lèvent.

Je n'ai plus qu'un mot à dire de la taille des arbres, & de l'ébourgeonnement.

Quel peut être le but de LA TAILLE? Quels font les effets des diverfes formes que l'Art a jugé à propos de faire prendre aux arbres, foit à ceux en plein vent, qu'on dirige dans nos jardins, foit à ceux qu'on dreffe en buiffons & en contre - efpaliers, foit aux arbres qui s'appliquent contre les murailles, & dont les branches font étendues? Quelle peut être l'origine de la taille?

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La fin de cette opération fur les arbres, est de leur faire rapporter des fruits, & d'en procurer de plus beaux, en fupprimant certaines branches & raccourciffant les autres. C'eft auffi pour leur donner une forme plus réguliere. De plus, il eft des fruits dont nous ferions privés, s'ils étoient expofés à la violence des vents, comme ceux des vergers & des campagnes, & tels font en particulier les fruits qui ont la queue fort longue, ou dont le volume eft confidérable. Plufieurs n'acquiè rent point en plein vent cette maturité, ce coloris charmant, ni ce goût fin & délicat, qui nous les rendent fi précieux. Ainfi, l'Art aidé de la taille, dirige le cours de la fève

& la fixe par la fuppreffion des rameaux furnuméraires, & le raccourciffement des autres. Il faut en outre que les arbres & leurs branches foient attachés à la muraille ou au treillage, fi l'on veut que les fruits reçoivent du Pere de la Nature ces coups de pinceau charmans, que lui feul peut donner, cette faveur douce, & ce parfum qu'il leur procure. De même les autres placés dans les carrés du jardin, ou dans les plate-bandes, n'auroient que des fruits d'un verd mat, ou d'un goût fade, ils feroient privés de cette couleur tendre, de ce liffe & de ce poli qui brillent fur la peau des fruits aérés de toutes parts, fi une main habile & intelligente ne les dégageoit au pourtour, & ne les évuidoit entièrement dans le milieu. Tels font nos bons-chrétiens tant d'été que d'hiver, nos beurrés, nos rouffelets, nos martinsecs, nos prunes de reine-claude.

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J'ai dit qu'une des raifons de la taille & l'un de fes effets eft la beauté des fruits. En ôtant aux arbres quantité de rameaux, & en raccourciffant les autres que faifonsnous ? Nous fupprimons autant de canaux & de réfervoirs où la fève fe feroit dépofée parce que les racines en pompent & en envoient toujours dans l'arbre la même quantité, foit qu'on le taille ou non. La fève ne trouvant plus fes entrepôts auffi nombreux qu'auparavant, lorfqu'elle enfile les fibres des rameaux qu'on lui laiffe, rencontre des

yeux

à bois & des boutons à fruit dans lefquels elle s'épanche en fon entier. Les uns & les autres profitent de ce qui auroit paffé dans les branches fupprimées ou raccourcies par la taille. De-là, on conçoit aifément qu'il doit Y avoir une plus grande abondance de fucs dans les fruits des arbres taillés & dans leurs rameaux, que dans ceux qu'on ne taille point, où cette fève eft répartie en tant de branches différentes.

D'un autre côté, l'expérience nous apprend que les arbres taillés groffiffent moins que ceux qui ne le font pas. Dans ceux - ci la fève eft entierement confervée; ceux-là en font privés en grande partie par l'amputation de leurs rameaux. Dans les arbres qu'on taille, on la force à faire des efforts & des frais pour remplacer ce qu'on lui ôte; ce qui n'a point lieu pour les arbres non-taillés. Par la fuppreffion des rameaux on dérange le cours de la fève, qui fe répand où elle trouve quelqu'iffue, ou s'en fait une ; & on en occafionne une grande diffipation, qui opère un retard confidérable dans leur accroiffement. On expofe à l'air l'intérieur de l'écorce, la partie ligneufe & la moëlle, ainfi que les fibres & les conduits de la fève; par toutes ces ouvertures, il fe fait une évaporation de fucs confidérable, qui l'eft bien davantage, quand la fève eft obligée de faire bourrelet, pour couvrir chacune de ces plaies faites par la taille, comme on le verrà ailleurs.

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