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jamais de confentir à l'enlevement qu'il lui a propofé, & pour lequel il lui dit qu'il a tout préparé; elle lui défend de lui en parler davantage, & le fait confentir à une entrevue avec la Tante en queftion, fans l'avertir que c'eft fa mere. Dorante lui promet de fuivre ce qu'elle lui prefcrit, & fe retire plus défefpéré que jamais. Madame Argante vient; Dorante eft auffitôt rappellé : elle lui fait tant d'horreur de la propofition qu'il a faite à une fille vertueuse, de fe laiffer enlever, qu'il en témoigne un véritable repentir. Cette Scène eft dialoguée avec un art infini, & Madame Argante reconnaît un fi grand fond de probité en Dorante, qu'elle dit à Angélique, ma fille je vous permets d'aimer Dorante. Ces dernieres paroles charment également Angélique & Dorante; mais pour mettre le comble à leur joie, Ergafte vient retirer la parole qu'il a donnée à Madame Argante, & lui propofe à fa place Dorante fon Neveu, à qui il affure tout fon bien: il demande grace pour Lifette à qui on a trop d'obligation pour lui rien refufer.

Cette Piece eft une des meilleures & des plus intéreffantes qui foient for

ties de la plume de M. de Marivaux. Le fujet en eft honnête, le but moral & bien rempli ; il ferait à fouhaiter que tous les Auteurs, prenant cet objet pour modèle, cherchaffent toujours à joindre l'utile à l'agréable.

LE CONTE DE FÉE. Comédie en un acte en vers libres; avec Divertiffement, 26 Mai 1735.

LE

E Chevalier Malencontreux ouvre la Scène avec Torindor fon Ecuyer. Ils expofent le Sujet en difant que l'Enchanteur Gridelin a enlevé la Princeffe & Folette fa Suivante, toutes deux nouvellement mariées, l'une au Maître, & l'autre à l'Ecuyer. Ils viennent les chercher dans un Château qu'un enchantement dérobe à leurs yeux, ou les a adreffées à la Fée rancuniere, mortellement ennemie de Gridelin. Cette Fée fecourable s'avance vers eux, & ne promet de fervir le Chevalier Malencontreux, qu'en cas que fa Princeffe lui ait été fidèlle, elle donne à Torindor un anneau qui doit

le rendre invifible. Muni d'un tel-fecours, Torindor entre dans le Château; auffitôt qu'il y eft introduit, le Théâtre change, & représente l'intérieur du Château.

Gridelin y paraît accompagné d'un Lutin qui lui fert d'Ecuyer, & confirme à fon tour ce qu'a dit la Fée Rancuniere, que le Génie qui préfide à tous fes Enchantemens, l'a commife à la garde de la Princeffe, & que le Chevalier Malencontreux ne pourra la recouvrer, à moins qu'elle ne lui garde une fidélité à toute épreuve. La Princeffe vient avec Folette, fa Suivante. Gridelin fait de nouvelles tentatives fur fon cœur, & lui promet entr'autres chofes de la rendre plus belle, & même immortelle. Cette derniere offre eft la plus féduifante pour la Princeffe ; Folette qui ne lui reffemble gueres par la fidélité, lui en relevé le prix ; mais la Princeffe n'ayant d'autre objet que fon amour pour fon Epoux, fe contente de demander à Gridelin fi fon cher Chevalier jouira du même priviJége; après quelques conteftations, pendant lefquelles Gridelin paraît, tantôt irrité, & tantôt radouci, on fert à dîner:

Torindor fert de buffet à la faveur de l'anneau qui le rend invifible; fa gourmandife naturelle lui donne lieu d'amufer agéablement les fpectateurs ; mais la vertu de l'anneau le fauve malgré Jui-même; (1) il ne peut pas pourtant contenir la langue, lorfque Folette lui fait connaître, par des difcours coquets, qu'il s'en faut bien qu'elle foit auffi fidèle que fa Maîtreffe: Torindor s'échappe en injures; & s'étant laiffé ravir par Gridelin, l'anneau qui le rendait invifible, il fe trouve expofé à toute fa colere: le Génie ordonne même au -Lutin de l'aller précipiter du haut d'une tour. La Fée Rancuniere ayant pris foin de le faire tenir en l'air par des -Efprits foumis à fes loix, reparaît avec le Chevalier Malencontreux & Torindor; elle dit à ce dernier qu'il aurait mérité de franchir le faut tout entier, par l'imprudence qu'il a faire de fe découvrir. Elle ajoute, en parlant à fon

(1) Cet anneau s'eft retrouvé il y a quelques années; un homme d'efprit s'en eft fort utiTement fervi pour se rendre tantôt invisible & *tantôt cuvette. Ceux qui le connaissent, font Jcependant étonnés qu'il ne fe foit pas, comme Arlequin, transformé en Buffet.

Maître que la fidélité de fa Princesse aurait fuffi pour la lui faire rendre ; mais qu'il faut qu'il porte la faute de fon imprudent Ecuyer, & que le Génie, leur maître commun, exige qu'il combatte un: Géant d'une grandeur énorme, & qu'il remporte la victoire fur un ennemi fi redoutable. Le Chevalier Malencontreux fe foumet fans crainte à cette derniere loi. Il fort pour aller écrire un Cartel que Torindor doit porte au Géant. Pendant que le Maî tre écrit le Cartel, le Lutin, Rival de Torindor, vient le défier; mais ce dernier ne paraît pas fort preflé de fe battre, & fur-tout pour recouvrer une Coquette. Le Chevalier revient, & remet le Cartel entre les mains de fon tremblant Ecuyer. Torindor, après avoir long-temps balancé, enhardi par le dernier péril, dont la Fée Rancuniere l'a préservé, s'avance fierement vers le Château ; fon courage fe ranime à la vue d'un Nain qui paraît au lieu du Géant; il fe prépare à combattre un ennemi fi faible; mais il le voit difparaître fur le champ pour faire place au véritable adverfaire de fon Maître, à qui il préfente le Cartel. Le Géant ayant accepté le défi par quelques mots mal

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