ritable nom de Valere, & le ramene au fentiment d'un bon pere, qui ne doit fonger qu'à rendre fes enfans heureux. On pardonne à Valentin toutes fes tromperies. Léandre époufe fa chere Ifabelle, & donne Julie, fa foeur, à Valere. Cette Piece fut très-applaudie, plufieurs fcènes parurent dignes de la véritable Comédie, & de fortir de la plume de Delifle, qui en eft l'Auteur. On lui reprocha cependant le titre qui n'eft nullement rempli. En effet, Valentin n'eft qu'un intrigant, tel que ceux que l'on a vu dans beaucoup d'autres Comédies. Mais alors, ainfi qu'à préfent, les Auteurs, pour fe prêter à la manie du Public, cherchaient plutôt à trouver des titres piquants, qu'à les remplir convenablement. L'ÉCOLE DU TEMS. Comédie Epifodique en un acte, en vers libres, fuivie d'un Divertiffement: 11 Septembre 1738. (1) UN Apologue tient lieu de Prolo gue à cette Piece; l'Actrice qui doit le réciter, affecte, au fond du théâtre, de parler à l'Auteur, qu'on fuppofe y être, & demander qu'on mette un Prologue à la tête de fa Piece. Eh! non, Monfieur, point de Prologue, L'Actrice s'avance fur le bord du théâtre, & dit au Public qu'elle aime mieux l'amufer par une fable, que de l'ennuyer par un Prologue. Elle ajoute: Un Maître peu raifonnable vient de faire planter un Oranger, & en exige (1) La fcène eft chez Thalie. les fruits. L'Oranger s'excufe fur fon age & parle ainfi : Ton impatience m'étonne, De Flore les dons éclatans Ne devancent-ils pas les faveurs de Pomone? A peine fuis-je à mon Printems, Et déjà tu voudrais voir naître mon Automne; C'est être un peu trop vif; attens, mon cher, attens, Et je te donnerai des fruits avec le tems, &c. On fent bien que cette fable porte fur la jeuneffe de l'Auteur pour laquelle ont veut captiver l'indulgence du Public. L'Actrice continue: Protégez fa mufe au berceau, Son talent fera votre ouvrage; C'est un jeune Oranger, c'est un faible arbriffeau, A qui les Aquilons vont déclarer la guerre. La premiere scène de la Piece en établit le fujet; elle eft entre le Tems & la Vérité. Cette derniere a trop de fumieres pour ne pas reconnaître le Tems, elle en fait cette definition, dans laquelle ele retrace le paffé, le préfent & l'ave nir. Oui, je vous connais à merveille, Trifte & gai, fombre & clair, jeune & vieux à la fois, Voilà votre portrait; le fon de votre voix Le Tems charge la Vérité d'écou ter toutes les plaintes que les mortels font contre lui, & la prie de plaider fa cause. Les différens perfonnages qu'il paffe en revue font un Défœuvré qui ne s'occupe que de bagatelles ; une jeune Demoiselle qui voudrait toujours être aimée; un Poëte qui fe plaint du Public; deux amis qui fe plaignent auffi l'un de la rapidité du tems, l'autre de fa lenteur; le premier, pour revoir plu tôt fa maîtreffe abfente; le fecond, pour retarder la vifite de fes créanciers. Le Défœuvré vient trouver la Vérité pour apprendre d'elle à bien employer fon tems. Elle lui répond qu'il be faurait mieux faire que de s'inftruire & de s'occuper ; le Défœuvré l'affure qu'il n'eft jamais en repos, & il lui fait fe détail de fes graves occupations. Ma méthode courante, C'eft de me lever tous les jours Sitôt que le foleil a commencé fon cours; J'aime toutes les fleurs, j'en ai dans mon Par terre, Que l'on viendrait chercher des deux bouts de la terre, Mon premier foin eft d'aller voir Si Maître Mathurin a bien fait fon devoir; Puis de mon cabinet, je reprends le chemin, &c. J'aime à nétoyer mes Oiseaux, Je fiffle mes Serins, perchés dans leur cabanne, J'enseigne à mes Baibets à fauter fur la canne, Et je leur fait donner quelques coups de ci feaux, |