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Cette fimplicité, tableau de la nature,
Ces nobles fentimens, ma plus chere parure,
Les caracteres vrais, jufqu'au bout foutenus,
La conduite, les mœurs, font-ils encor con-

nus,

Racine eft aujourd'hui traité de Profaïque, La Tragédie enfin n'eft plus qu'un Monftre épique,

Ah! ce qui met encor le trouble à mes dou

leurs,

L'envieufe Thalie acheve mes malheurs,

Des débris de cet art elle fait tous fes char

mes,

En chauffant le Cothurne, elle arrache des

larmes,

Et n'a plus de fuccès qu'en ufurpant mes droits;

Ainfi je viens tâcher de faire ouir ma voix
Sur ce même théâtre, où jadis les Corneilles
On fait de ce grand art, admirer les merveil-
les,

Et c'est le feul moyen que je dois employer,
Pour fupplanter Thalie & la mortifier,
Je la dois à mon tour chaffer de fon Em-

pire,

C'eft à vous de répondre à l'ardeur qui m'inf

pire,

Liant nos intérêts, tâchons de ramener

Des inconftans, trop prompts à nous abandon

ner.

Les Comédiens, après quelques difficultés, confentent enfin à se rendre aux vœux de Melpomene. Erato furvient, & veut auffi faire jouer une Pastorale fur le même théâtre, ce qui occafionne une petite difpute entr'elle & Melpomene pour la préférence; mais Arlequin voyant paraître Thalie, s'écrie, voici celle qui les mettra d'accord. Il prie inftamment cette Mufe de le débarraffer de deux extravan antes, dont l'une veut lui faire prendre la houlette, & l'autre chauffer le cothurne.

Thalie eft furprise des prétentions de fes fœurs; elle demande à Melpomene fi elle fe fera annoncer fous le nom de la Comédie, ce qui occafionne une nouvelle dispute fur le comique larmoyant, dont Thalie veut que Melpomene soit l'Auteur, & dont Melpomene veut donner l'invention à Thalie; enfin Ar lequin veut chaffer la Tragédie & la Paftorale. La premiere dit qu'elle défendra fes droits; Mario fe déclare pour elle, & Silvia prend le parti d'Erato; Arlequin embraffe Thalie, dont il ne

veut pas fe féparer, & Romagnefi qui a demeuré neutre, eft pris pour arbitre entre les Mufes. Il veut les réunir & les garder toutes trois. Melpomene & Erato y confentent; mais Thalie piquée qu'on veuille partager fon empire, ai me mieux le laiffer en proye à ses fœurs, & fort en difant:

Ah! quel plaifir lorsqu'on les fifflera,
C'eft vainement qu'on me rappellera,

Arlequin eft fâché du départ de Thalie. Il s'en confole par l'arrivée de Terpficore qui entre avec Euterpe ; on reçoit quelques airs à danfer de celleci, mais on prie l'autre de vouloir bien imiter les jeux de Thalie. Terpficore y confent & forme un divertiffement avec fa fuite, par où finit cette premiere partie, où Melpomene parle toujours en grands vers; Thalie en vers de dix fyl labes; Erato en vers libres, & les Acteurs en profe.

PHANAZAR.

Tragédie, feconde Partie, 1738. (1)

MERODACH ÉRODACH qui a découvert la paffion que Phanazar a pris pour fa fille Nicie, lui ordonne de ne point rejetter les vœux de ce favori de Belus, quoiqu'il foit d'une naiffance très-obfcure.

Nicie, reftée feule, fe réjouit d'un ordre très-favorable à fes defirs. Elle aimait en fecret Phanazar & fon amour peut éclater fans crainte; Phanazar vient chercher Mérodach, mais ne trouvant que fa fille, il faifit avec joie cette occafion de lui parler de fon amour; il lui fait une déclaration fort vive, quoiqu'à mots couverts. Enfin enhardi par quelques réponses flatteufes, de la part de Nicie, il avoue qu'elle eft l'objet qu'il adore, & fe jette à fes genoux, Mérodach, qui l'a fans doute observé, arrive & feint d'être en courroux de la témérité de Phanazar. Nicie, furprise, veut s'excufer; fon pere lui ordonne de

(1) La scène est à Babylonne.

fe retirer, & Mérodach reproche enfuite à Phanazar fon audace, en lui demandant fi les bontés de Belus lui ont fait oublier fa vile extraction, Phanazar répond dignement fur le reproche de fa naiffance, & excufe fa témérité par la violence de l'amour : Mérodach réplique que les fautes de l'amour ne peuvent être excufables, qu'autant qu'il eft porté à l'excès; & flattant ainfi cet Amant d'un doux efpoir, s'il eft prêt à faire un grand effort pour le fervir, il en ranime fi fort l'ardeur, que ce Prince a lieu de tout attendre. Il lui apprend que pour venger fon pere, que Belus a fait périr, il a réfolu de lui ravir le jour & l'Empire. Il exige de Phanazar qu'il lui livre l'entrée de la chambre du Roi, pour le poignarder, lui promettant Nicie à ce prix. Phanazar eft faifi d'horreur, Mérodach s'en apperçoit, & lui dit :

Tu trembles maintenant, tu crains de t'en

gager.

PHANAZAR.

Je tremble, mais du crime & non pas du dan ger.

Il ne balance pas, & refuse au Prince

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