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que Lelio entre pour fe juftifier auprès de Madame Lifimon. Elle tremble que fon mari ne prenne de nouveaux foupçons en la voyant auprès de lui; elle le conjure de fe retirer; il se jette à fes pieds pour la prier de l'entendre; elle s'enfuit en s'écriant: à mes genoux, miféricorde. Ces cris, & cette fuite jettent Lélio dans la plus grande furprise; & Rofette qui arrive, lui demande d'où peuvent venir tous les bruits qu'on répand fur fon compte; Lelio lui apprend que c'eft une de fes anciennes Maîtreffes, qui, piquée de se voir préférer une Rivale, ne ceffe de le noircir pour le faire congédier par toutes celles à qui il pourrait adreffer fes vœux.

Rofette lui apprend à fon tour l'effet que fa lettre a produit, & la jaloufie imprévue de Lifimon. Elle lui apprend encore qu'elle vient d'être congédiée par Madame Lifimon, mais qu'elle ne défefpere pas de fe faire rappeller par le mari, dont elle veut flatter la jaloufie. Comme elle cherche des moyens de fervir Lelio, & qu'elle commence à lui en offrir quelques-uns, M. Lifimon arrive, tourmenté par fon démon de jaloufie, ce qui empêche Rofette de s'expliquer avec l'Amant de Tome IV.

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Julie; elle le fait cacher pour entendre le jaloux.

M. Lifimon interroge Rofette fur le billet qui a troublé fa raison ; il lui de-. mande s'il eft vrai qu'il s'adreffait à sa femme. Mais il n'en peut rien favoir, fi ce n'eft qu'elle n'a rien à dire, puifqu'on la renvoye.

Cette réponse, qui eft tout au plus équivoque, paraît très-concluante à M. Lifimon; fa femme arrive, il lui fait fubir un interrogatoire des plus comi ques. Plus Madame Lifimon se justifie, plus fon mari la croit coupable.

M. LISIMON, à part.

Voyons, tâchons de l'aider à m'éclaircir la chofe (à fa femme). Oh ça, ma femme, quand il venait, par exemple, il vous faifait des politeffes, & vous les receviez ?

Mde. LISIMON.

Je les recevais, parce que je n'imaginais pas que je duffe faire autrement, avec un homme destiné à ma fille. Depuis votre injufte foupçon, j'en ai agi différemment.

Elle lui avoue qu'il eft revenu, & qu'elle lui a parlé. Cet aveu fincere

רה

acheve de le confirmer dans fes foupçons jaloux.

Toutes réflexions faites, il croit qu'il y a des mefures à prendre, pour ne pas ébruiter une rupture, qui publierait fon déshonneur. Il ordonne à fa femme de revoir Lelio, mais pour l'accabler de mépris.

La jaloufie du pere paffe jufqu'au cœur de la fille, qui vient demander à fa mere s'il eft vrai que Lelio foit affez perfide pour ofer l'aimer, après lui avoir juré à elle une fidélité éternelle.

M. LISIMON.

Ma fille, quand on a eu le malheur d'écouter des impertinences, il ne faut du moins être affez fotte pour vepas nir les rapporter.

Julie n'eft point fatisfaite de cette réponse, & l'imbroglio eft pouffé fi loin par les confeils de Rofette, que Lelio vient faire une espèce de décla ration d'amour à la mere en préfence de la fille, & ce n'eft pas fans deffein que la Suivante rusée, l'a forcé à cette démarche.

Rolette a appris de M. Lifimon que fa fureur jaloufe l'a porté jufqu'à

faire appeller en duel fon Rival; mais comme elle entrevoit qu'il commence à s'en repentir, elle lui offre un moyen moins dangereux.

ROSETTE.

Je pense à une chofe bien fimple; qui d'abord ne fe préfentait pas à mon efprit. En vérité la tête tourne en de pareilles occafions, & à peine avonsnous le tems de nous, reconnaître. Si quelqu'un qui vous inquietterait, devenait votre gendre, apparemment vous cefferiez d'en être jaloux. Lelio ayant rendre des devoirs à votre fille, paru malgré quelques foupçons que vous avez fur la conduite que ne le forcezvous de l'époufer? M. Lifimon eft ďabord bien éloigné de fuivre ce confeil de Rofette, ne fut-ce que par rapport à fa fille, qui aurait beaucoup à fouffrir d'un mari à qui on la donnerait, malgré l'amour qu'il aurait pour un autre. Mais, pourfuit-il, quand je voudrais l'y forcer, l'accepterait-il? Vrai¬ ment, tu ne fais pas comme pense cette efpece de gens là ; ils ne veulent rien d'honnête, ni de légitime.

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Quoique ce confeil de Rofette ait d'abord été mal reçu, il n'a pas laiffé

que de faire impreffion dans l'efprit de Lifimon, qui à la fin, aime mieux prendre ce parti, que de fe faire tuer par un Rival plus adroit & plus vigoureux que lui. Lelio inftruit Madame Lifimon, qui propofe le mariage confeillé par Rofette: après quelques feintes démonftrations de ne vouloir point s'engager dans les nœuds du mariage, Lelio veut bien y confentir pour le bien de la paix, & la tendre Julie lit dans fes yeux qu'il en fait fon plus grand bonheur dans le fond de l'âme.

Cette Piece qui eft de Fagan, fut très-bien reçue; on la trouva agréablement écrite, & vivement intriguée.

DEBUT DE ROCHARD.

Le 22 Oct. 1740, le fieur Rochard débuta à Fontainebleau par le personnage de Marton, dans la Comédie de la quatre Étoiles. 11 débuta enfuite à Paris, le 19 Novembre, dans le Superstitieux, par le rôle qui donne le titre à cette Piece, & fut reçu au mois de Décembre de la même année. Ses fuccès dans le chant & dans la déclamation, font trop préfents au Public,

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