페이지 이미지
PDF
ePub

Il faut par un Epoux être toujours guidée.
Mon exemple en cela vous eft d'un grand fecours.
LE PRESIDENT.

En cela, comme en tout.

LA PRESIDENTE..

Pour Monfieur, j'eus toujours

Déference, refpect, foumiffion entiere.
LE PRESIDENT.

La femme, à son mary doit refpect la premiere
Comme au Chef; mais refpect qui doit être rendu.
Oüy, je refpecte en vous, & prudence, & vertu.
LA PRESIDENTE.

Refpecter, c'est trop dire. Aimez-la:

C'est le mot.

LE PRESIDENT.

Je l'honore.

LA PRESIDENTE:

C'est le mot. Je le repete encore; Jeune Epoufe, il faut vivre avecque votre Epons, Comme Monfieur,& moy, nous vivons entre nous ? Ne le jamais quitter. Il vous méne à Ligourne. LA VEUVE.

Non, je refte à Marseille, où ma Tante féjourne, C'est une complaifance, au moins, que je luy

dois

Pour toutes les bontez qu'elle eut toujours pou

moy.

J'y refte quelques jours.

LA TANT E.

Quelques jours; rien ne preffe. Encore faut-il bien qu'elle fe reconnoiffe.

A peine eft-elle encore mariée.

LA PRESIDENTE au Président.
Eft-il vray,

Croiray-je qu'on propose un blâmable délay ?
Quand le devoir.... Au fond je ne fuis point ge

mante.

Vers la VenVE.

Mais, pour fuivre un mary l'on doit quitter fa

Tante.

Vers le Prefident.

Je ne l'exige point.... Et, Monsieur,, fçait fort

bien,

Que je n'ay ni défir, ni volonté sur rien.

LE PRESIDENT d'un ton d'autorité. Il eft vray; mais c'est moy, moy, qui veux qu'elle fuive.

LA PRESIDENTEi

[blocks in formation]

LE PRESIDENT.

Ma fœur, l'arrêt est prononce LA YEU V E.

Il faut attendre.

LA PRESIDENTE,

Au fond, j'ay toujours bien penfé

Que vous n'auriez jamais une vive tendreffe Pour mon frere, il n'eft pas d'une extrême jeu neffe,

Mais c'eft ce qui convient, il eft d'âge à former Ces nœuds, où l'on ne peut trouver rien à bla

mer.

J

Car il faut qu'une Veuve époufe un homme d'âge
Homme qui juftifie un fecond mariage,.
En ôtant tout foupçon, qu'un amour exceffif,
D'un fecond mariage ait été le motif.

SCENE VII.

LE PRESIDENT, LA PRESIDENTE, LA TANTE, LA VEUVE, M. LIGOURNOIS.

O

LIGOURNOIS.:

H! je viens d'inventer un fouper de génie, Un repas pour la Nôce, où la cérémonic Soit joyeuse, malgré le Cérémonial.

Ma Sœur la Préfidente en veut. Cela fait mal Dans un bon repas. Mais comme j'ay de la tête, J'ay mêlé tout ensemble au feftin qu'on apprête, It du grave, & du gay.

LA TANTE, bas.

Le fot!

LA PRESIDENTE.

Superbe, mais modeste.

C'est un repas

LIGOURNOIS.

Oh! ne voilà-t'il pas ?

Vous allez tout gâter par votre modeftic.
J'y voulois du galant, c'eft votre antipathie,
Ma fœur, car vous voulez par vertu de l'ennuy
LA PRESIDENTE.

Mon frere, vous avez moins d'efprit aujourd'huy,
Qu'à l'ordinaire.

LIGOURNOIS.

Oh, point, c'eft toujours tout de même; Mais c'eft que le tranfport de mon amour extrême, Me trouble, en m'animant,

LA PRESIDENTE.

Paix donc, ou pas!ez bas;

Car de fi vifs tranfports ne vous conviennent pas. LIGOURNOIS.

Quand on eft poffeffeur.....

LA PRESIDENTE,

Mais foyez donc plus fage; Ces folâtres difcours ne font plus de votre âge. Mêlez à votre joye un peu plus de raison, Sous le nom d'amitié, fruit d'arriere faifon, Il faut mafquer l'Amour, en joüir, & fe taire. LIGOURNOIS.

Je fais l'Amour tout haut.

LE PRESIDENT.

Que nous veut le Notaire?

[ocr errors]

SCENE VIII

LE PRESIDENT, LA PRESIDENTE, LA TANTE, LA VEUVE, LIGOURNOIS, LE NOTAIRE,

LE NOTAIRE en colere.

N vient de m'exceder, je n'y puis plus te

nir.

Ces manques de refpect fe devroient bien punir,
On en manque pour vous, pour votre caractère,
Monfieur, & pour le mien. Corriger un Notaire,
Et vouloir réformer un Contrat fait par moy,
Qui par la forme fçais regler, fixer la Loy!
On dit notre Contrat fautif, nul, invalide,
LE PRESIDENT.

Qui dit cela?

0

LA PRESIDENTE.

Quoy?

LIGOURNOIS.
RN
Qu'est-ce ?

LE NOTAIRE.

Un homme qui décide,

Qui croit qu'un ouy, qu'un non, froidement pre-
noncé ;

Que parler peu, fuffit pour être bien sensé:
Qui croit en dédaignant ma féconde science,
Arrêter d'un feul mot un torrent d'éloquence,
C'eft un gafcon, nommé Glacignac.

LA TANTE à part.

LA VEUVE.

C'est donc là la rupture ?

LA TANTE.

Ecoutons.

Ouy, fur quoy nous comptons.

LE PRESIDENT.

Ce Glacignac toujours zelé pour fa Parente,
Difputoit l'autre jour pour la claufe importantes
Pour la dot. Mais nous tous l'emportâmes fur
luy.

il tire un Porte-feüille,

Je l'ay mife en billets, que je livre aujourd'huy
Même dés.à-prefent. La voilà toute prête.

LA PRESIDENTE.

Eh, ce n'eft pas cela, Monfieur, qui nous ar rête.

LIGOURNOIS.

Mais qu'il avance donc, il marche à pas compter

SCENE

« 이전계속 »