페이지 이미지
PDF
ePub

XXI

LA COMÉDIE-ITALIENNE

Comédie-Italienne.

PREMIÈRE Période.

Troupe Li Gelosi, du milieu à la fin du seizième siècle. Les pièces à l'impromptu. — DEUXIÈME PÉRIODE, de la fin du seizième siècle à l'année 1662.

[ocr errors]
[ocr errors]

Orphée et

Ses essais pour naturaliser

Eurydice (1647). Le cardinal MAZARIN. -
en France l'Opéra. Suppression de la troupe italienne, en 1662.
TROISIÈME PÉRIODE, de 1662 à 1697. ARLEQUIN, personnification
de la Comédie-Italienne. Origine du nom d'Arlequin.
Bons mots.
Anecdotes. - L'acteur DOMINIQUE et Louis XIV. - Dominique et
le poëte Santeuil. — Castigat ridendo mores. Mort de Dominique.
FIURELLI. Son aventure chez le Dauphin, depuis Louis XIV.
Personnage de Scaramouche.
Expulsion de la troupe italienne et fermeture de leur théâtre (1692).
Raison probable de cet acte de rigueur. Retour en France de la
Comédie-Italienne. - QUATRIÈME PÉRIODE. - Ouverture de leur scène

[ocr errors]
[blocks in formation]

en 1716. La troupe devient troupe de Monseigneur le Régent, puis troupe du Roi, en 1723. - Elle joue à l'hôtel de Bourgogne. Vicissitudes des comédiens italiens. Ils ferment leur théâtre pour aller s'établir à la foire Saint-Laurent.

[blocks in formation]

foire Saint-Laurent, Opéra-Comique, avec la Comédie-Italienne, en 1762. - Règlement semblable à ceux des Français et de l'Opéra.

Les quatre

auteurs qui ont travaillé pour l'ancien Théâtre-Italien. - FATOUVILLE.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

places au parterre. — Ĉe qu'est devenu le parterre de nos jours.

Baguette de Vulcain (1693). Anecdote.

-

BARANTE.

[blocks in formation]

Vers le milieu du seizième siècle, il arriva en France, puis à Paris, une troupe d'acteurs italiens connus sous le nom de Li Gelosi. Cette troupe eut l'autorisation de jouer de temps à autre à l'hôtel de Bourgogne; mais on ne lui accorda pas d'établissement stable. Elle était pour ainsi dire tolérée, et devait passer par bien des épreuves avant de prendre en quelque sorte droit de cité. Les acteurs avaient un répertoire très-restreint et ne représentaient guère qu'à l'impromptu. Voici ce qu'on doit entendre par là. On attachait aux murs du théâtre, dans les coulisses et hors de la vue des spectateurs, de simples canevas concis de la pièce. Au commencement de chaque scène, les acteurs allaient lire ces canevas pour s'identifier aux rôles qu'ils devaient interpréter. Ils venaient ensuite broder de leur mieux leur dialogue sur le théâtre. Avec des artistes intelligents, ayant de l'esprit et de la facilité, cette manière de représenter, assez semblable du reste aux charades en action que l'on joue dans le monde, pouvait avoir du piquant, de la variété. Cela permettait d'entendre plusieurs fois une même pièce, puisque chaque fois les acteurs avaient la liberté de dialoguer d'une façon différente; mais avec des individus sans imagination, n'ayant pas la réplique facile, les spectateurs étaient appelés à subir bien des inepties.

Au bout de quelques années, la troupe Li Gelosi fut remplacée par une autre qui resta jusqu'en 1662.

Pendant cette période, qu'on peut appeler la seconde de la Comédie-Italienne en France, la nouvelle troupe représenta (1647) une tragi-comédie en vers italiens attribuée à l'abbé Perrin, Orphée et Eurydice, de laquelle date pour le théâtre une ère toute nouvelle, l'introduction d'un genre jusqu'alors inconnu chez nous, et qui fut bien longtemps avant que de pouvoir y être impatronisé, le genre lyrique.

Le cardinal MAZARIN qui, sans avoir comme son prédécesseur Richelieu, la manie de la composition dramatique, aimait, en sa qualité d'Italien, la bonne musique et les spectacles à grands effets, fit venir une troupe entière de musiciens de son pays, instrumentistes et chanteurs, puis des décors. I ordonna de monter au Louvre la tragi-comédie opéra d'Orphée en vers italiens. Ce spectacle ennuya tout Paris, il faut l'avouer. Il est vrai de dire qu'il était détestable. Très-peu de gens comprenaient et encore moins parlaient la langue italienne, un plus petit nombre était musicien, et en outre généralement on aimait fort peu le cardinal-ministre. Il y avait là plus de raisons qu'il n'en fallait pour faire tomber à plat une malheureuse pièce en faveur de laquelle on avait dépensé beaucoup d'argent. Elle fut sifflée et donna lieu à un grand ballet appelé : le Branle de la fuite de Mazarin, dansé sur le théâtre de la France par lui-même et par ses adhérents. Tel fut le prix dont on paya à Son Éminence les efforts qu'elle tenta pour plaire à la nation.

C'est cependant à cet essai fort malheureux que l'on doit rapporter l'introduction sur notre scène de

la musique théâtrale, dramatique, comme on voudra l'appeler, enfin de l'opéra italien ou français.

« Le cardinal Mazarin, dit Voltaire à ce propos, fit connaître aux Français l'opéra, qui ne fut d'abord que ridicule, quoique le ministre n'y travaillât point. Ce fut en 1647 qu'il fit venir, pour la première fois, une troupe entière de musiciens italiens, des décorateurs et un orchestre (1).

« Avant lui on avait eu des ballets en France dès le commencement du seizième siècle, et, dans ces ballets, il y avait toujours eu quelque musique d'une ou de deux voix, quelquefois accompagnée de chœurs, qui n'étaient guère autre chose qu'un plain-chant grégorien. Les filles d'Acheloys, les Sirènes, avaient chanté en 1582 aux noces du duc de Joyeuse; mais c'étaient d'étranges Sirènes.

<< Le cardinal Mazarin ne se rebuta pas du mauvais succès de son opéra italien, et lorsqu'il fut toutpuissant, il fit revenir les musiciens de son pays qui chantèrent le Nozze di Pelco et di Thedite, en trois actes. Louis XIV y dansa. La nation fut charmée de voir son roi, jeune, d'une taille majestueuse et d'une figure aussi aimable que noble, danser dans sa capitale, après en avoir été chassé; mais l'opéra du cardinal n'ennuya pas moins Paris pour la seconde fois. Mazarin persista. Il fit venir le signore Cavalli qui donna, dans la grande galerie du Louvre, l'opéra de Xerxès,

(1) Voltaire n'était nullement partisan de la musique sur le théâtre, c'est-à-dire des pièces chantées ou opéras; il croyait que le genre introduit par Mazarin finirait, tôt ou tard, par tomber, en France. Ses prévisions ont été bien trompées, heureusement pour nous.

en cinq actes. Les Français bâillèrent plus que jamais, et se crurent délivrés de l'opéra italien par la mort de Mazarin qui donna lieu à mille épitaphes ridicules et à presque autant de chansons qu'on en avait fait contre lui pendant sa vie.

[ocr errors]

Les réactions sont fréquentes en France, et à cette époque, de ce qu'un ministre protégeait tel établissement ou telle personne, il ne s'ensuivait pas que le successeur voulût agir de même. Le contraire avait même habituellement lieu. C'est ce qui arriva pour la malheureuse troupe italienne qui, en 1662, fut supprimée. Bientôt cependant, il en vint une autre à qui l'on permit de jouer sur le théâtre de l'hôtel de Bourgogne, puis ensuite sur le théâtre du Palais-Royal, alternativement avec la troupe de Molière. En 1680, après la fusion des deux comédies Françaises, les Italiens restèrent seuls en possession de l'hôtel de Bourgogne, où ils s'établirent, mais dont ils furent expulsés ainsi que de la France en 1697, époque à la quelle Louis XIV fit fermer leur théâtre.

Cette période de 1662 à 1697 est la troisième de la Comédie-Italienne.

Arlequin peut être regardé comme la personnification de cette troisième époque. Dans presque toutes les pièces représentées sur le Théâtre-Italien d'alors, il est question de ce personnage, en possession du monopole des bons mots, des lazzis, des farces et devenu un type qui s'est perpétué jusqu'à nos jours.

Le nom d'Arlequin doit son origine à un jeune acteur italien fort habile, qui vint à Paris sous le rè

« 이전계속 »