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AN, 1062.

LIV. Devotions à la

c.3.

fion de la nudité. Et comme le cardinal Eftienne étoit mort affez fubitement, peu de tems aprés qu'il eut blâmé cette pratique : il dit que ce peut bien être en punition de cet attentat, quoique d'ailleurs il avouë que ce cardinal avoit de la vertu.

Pierre Damien parle encore de quelques autres fainte Vierge. devotions nouvelles, mais déja établies de fon tems, savoir le petit office de la Vierge: le samedi consacré en fon honneur, le vendredi à la croix & le lundi aux anges. Voici ce qu'il en dit en écrivant au carOpufc. xxx: dinal Didier abbé du mont-Caffin: Il s'eft établi en quelques églifes une belle coûtume, que l'on celebre tous les famedis une meffe particuliere de la fainte Vierge, s'il ne fe rencontre une fête ou une ferie de Carême. Nous avons auffi dans nos ermitages & nos monafteres trois jours de la semaine affignez à des faints, en l'honneur desquels nous celebrons des meffes. Or felon la pieufe opinion des hommes illuftres, les ames des défunts ne fouffrent point le dimanche, & retournent le lundi au lieu de leurs fupplices. C'eft pourquoi on dit la meffe ce jourlà en l'honneur des anges, pour attirer leur protection aux morts & à ceux qui doivent mourir. On attribue auffi avec raifon le vendredi à la croix, & ce jour nos freres fe donnent l'un à l'autre la dif cipline en chapitre avec les verges, & jeûnent au pain & à l'eau. Et enfuite: Ce même jour ils celebrent la meffe de la croix, pour obtenir fa protection. Quant au famedi, qui eft le jour où il est écrit que Dieu Dieu fe repofa, il eft trés convenable de le dédier à la fainte Vierge, où la fageffe s'eft repofée par le myftere de l'incarnation. Et il ne faur

pas

douter que ceux qui lui rendent ces honneurs, AN. 1062. ne s'attirent fon fecours,

29.

Le petit office de la Vierge étoit en ufage dés le fiecle precedent, puifqu'il eft marqué que faint Uldaric d'Aufbourg le difoit tous les jours. Pierre Damien ex- vita ». 44horte un moine nommé Estienne à ne pas manquer à Sup. lib. LV.n. cette pratique, & rapporte fur ce fujet l'exemple d'un 46 lib.V1. epift. clerc de Nevers, qui étant malade à l'extremité fut vifité par la fainte Vierge, & elle lui fit couler de fon lait dans la bouche & le guerit à l'inftant: parce qu'il avoit été fidele à dire fon office tous les jours. Il rapporte ailleurs l'exemple d'un autre clerc, qui bien que chargé opufc.x...17 de grands pechez & même d'impureté, se trouvant à l'article de la mort, fut affuré par la fainte Vierge que fes pechez lui étoient remis: par la même raison d'avoir recité fon office à toutes les heures. Les écrits de Pierre Damien font remplis de femblables hiftoires, & ce font fes preuves les plus ordinaires. Au refte on ne peut nier que ces dévotions ne fuffent bonnes en elles-mêmes, mais la fuite des tems a fait voir, qu'il eût mieux valu s'en tenir aux fages inftitutions des anciens. Car en accablant les clercs & les moines de tant d'offices, on a diminué le tems de l'étude & du travail; & les offices mêmes étant fi longs ont été acquitez plus negligemment,

LV.
J. Vulfan éve.

tre.

Sup. n.45.
Vita vult.c. 10.

Le pape Nicolas avoit envoïé deux legats en Angleterre, dont l'un étoit Hermenfroi évêque de Sion. que de Vorchef Aldrede archevêque d'Yorc, qui les avoit amenez, les presenta au roi Edouard; & ce prince les aïant reçus avec un trés- grand honneur fuivant fa pieté fac o.ben.part. ordinaire, les renvoïa chez l'archevêque avec lequel ils avoient fait connoiffance pendant le voïage, en

2. p. 848,

AN. 1062.

attendant le parlement de Pâques où ils revien droient à fa cour & auroient audiance. L'archevêque Aldrede aïant fuivi l'ordre du pape, & parcouru avec les legats prefque toute l'Angleterre, vint à Vorcheftre aux approches du carême de l'année 1062. & de-là étant allé dans fes terres, il laiffa les legats dans le monaftere de la cathedrale, dont Vulftan étoit prevôt.

Il les traita avec toute l'humanité & la liberalité poffible, fans toutefois rien relâcher de fa regularité & de fon aufterité. Il paffoit les nuits à chanter des pleaumes avec de frequentes genuflexions: trois jours de la femaine il ne prenoit aucune nourriture & gardoit le filence: les trois autres jours il mangeoit des choux ou des poreaux avec fon pain, le dimanche du poiffon & buvoit du vin. Tous les jours il nourriffoit trois pauvres & leur lavoit les pieds. Les legats admirerent cette maniere de vie, & les inftructions que Vulstan foûtenoit d'un tel exemple. Etant donc retournez à la cour comme il fut question de choisir un évêque de Vorchestre, ils propoferent Vulftan; & faisant connoître fon merite, ils obtinrent aisément l'agrément du bon roi Edouard. Les deux archevêques Stigand de Cantorberi & Aldrede d'Yorc y confentirent; & ce qui détermina ce dernier, c'eft qu'il regardoit Vulftan comme un homme fimple, qui fouffriroit fes ufurpations fur l'églife de Vorchestre, dont il pretendoit retenir les revenus.

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On manda Vulstan en diligence, mais quand il fut arrivé à la cour, la difficulté fut de lui faire accepter l'évêché. Il falut que les legats y emploïas

fent

fent toute l'autorité du pape. Un reclus nommé AN. 1062. Vulfin qui vivoit en folitude depuis plus de quaran- Vita.ap. Bol. 19: te ans, aida à le déterminer, lui reprochant vivement Jan. 1o, 139, fon obftination & fa defobeïffance. Le roi lui donna donc l'inveftiture de l'évêché de Vorchestre : & il fut sacré à Yorc par l'archevêque Aldrede le dimanche huitième de Septembre 1062. Il auroit dû être facré par l'archevêque de Cantorberi, dont il étoit fuffragant: mais Stigand, qui rempliffoit alors ce fiege, avoit été interdit par le pape, pour l'avoir ufurpé du vivant de Robert fon prédeceffeur. Toutefois ce fut à lui que Vulstan promit obéïssance, & Aldrede declara, qu'il ne pretendoit point que cette ordination lui donnât aucun droit fur le nouvel évêque.

Vulftan étoit alors âgé d'environ cinquante ans, né dans le comté de Varvic de parens trés- pieux, qui fur la fin de leurs jours embrafferent l'un & l'autre la vie monaftique. Aprés leur mort il s'attacha à Brithege évêque de Vorchestre, qui touché de son merite l'ordonna prêtre encore jeune, & lui offrit une cure d'un bon revenu prés de la ville: mais Vulstan la refufa, & peu de tems aprés il embrassa la vie monaftique dans la cathedrale de la même ville. Il paffa par les charges du monaftere, fut maître des enfans, chantre & facriftain. Tous les jours il difoit les fept pleaumes avec une genuflexion à chaque verfet, & toutes les nuits il difoit de même le grand pfeaume cent dix-huitiéme ; & fe profternoit fept fois le jour devant chacun de dix-huit autels de l'églife.

On le fit enfin prevôt du monastere vers l'an 1046. & en cette place il prenoit foin non seulement des Tome XIII.

P

AN. 1062. moines, mais du peuple. Dés le matin il se presentoit à la porte de l'église, pour secourir les oprimez, ou baptifer les enfans des pauvres: car les prêtres avoient déja introduit la mauvaise coûtume de ne point baptifer gratis. Cette charité de Vulstan attira un grand concours de peuple des villes & de la campagne, des riches comme des pauvres ; & il fembloit qu'il n'y cut point d'enfant bien baptifé, s'il ne l'étoit de sa main, tant étoit grande l'opinion de sa fainteté. Voïant auffi la corruption des mœurs que caufoit le défaut d'inftruction, il fe mit à prêcher dans l'église tous les dimanches & les jours folemnels. Un moine favant & éloquent lui en fit des reproches, comme d'une entreprise fur les fonctions épifcopales: mais il fut reduit à lui demander pardon. Tel étoit le prevôt Vulftan quand il fut ordonné évêque de Vorchestre, dont il remplit le fiege trente-quatte

LVI.

S. Edouard roi

230.

Sup.lib LIX n.

84.

ans.

Saint Edouard qui regnoit en Angleterre depuis d'Angleterre vingt ans, étoit fils du roi Ethelred & d'Emme Vita.ap. Boll. 5 Jan. to. 1. f. fœur de Richard duc de Normandie. L'an 1013. peu de tems aprés fa naissance, le roi fon pere l'envoïa avec fa mere en Normandie, pour éviter la violence des Danois; & il y demeura pendant le regne de Canut le grand, & de fes deux fils Harold & Canut II. Aprés leur mort il fut rappellé en 1042. par Godoüin comte de Cant, qui avoit épousé la fille de Canut I. & qui donna fa fœur à Edouard, mais il garda toute l'autorité. Car Edouard étoit un homme trés-fimple, & qui avoit plus de pieté que de capacité pour le gouvernement: mais on vit une protection particuliere de Dieu fur lui, en ce que l'An

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