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gleterre fut tranquille pendant plus de vingt-trois ans AN. 1062. qu'il regna, tant il étoit refpecté des fiens & craint des étrangers.

Dés la premiere année de fon regne il fe laiffa tellement prévenir par Godoüin contre la reine fa mere, qu'il lui ôta tous fes biens, l'enferma dans un monaftere, & l'obligea de fe purger par le fer chaud du mauvais commerce dont on l'accufoit avec l'évêque de Vinchestre. La reine Emme foûtint l'épreuve, & marcha nuds pieds fur neuf coutres de charuë ardens, fans fe brûler. Le roi lui demanda pardon, reçût la difcipline de la main des deux accufez, c'est-à-dire de l'évêque & de fa mere, & leur rendit ce qu'il leur avoit ôté. Il rédigea les loix qu'avoit publiées le roi Edgar fon aïeul, & que la domination des Danois avoit abolies. Elles comprenoient en substance ce que les rois plus anciens To. 9, conc. p. avoient ordonné, & contenoient plufieurs reglemens fur les matieres ecclefiaftiques. Ces loix du roi Edoüard furent fameufes & refpectées dans toute la fuite des tems.

ΙΟΙΟ.

Charta 1. E

Ce faint roi voulant reconnoître la grace que duardi to. 9. Dieu lui avoit faite, de l'avoir rétabli fur le trône conc. p.1189. de fes peres, fit vœu d'aller à Rome en pelerinage & prepara les frais du voïage & les offrandes qu'il devoit faire aux faints apôtres. Mais les feigneurs Anglois fe fouvenant des troubles paffez, & craignant que fon absence n'en causât de nouveaux, vû principalement qu'il n'avoit point d'enfans, le prierent inftamment d'abandonner ce deffein, offrant de fatisfaire à Dieu pour fon vœu, par des mefles, des prieres & des aumônes. Comme le roi ne fe

AN. 1062.

rendoit point, on convint enfin d'envoïer de part & d'autre deux députez à Rome; favoir Elred évêque de Vorchestre & depuis archevêque de Cantorberi & Herman évêque de Schireburne, avec deux abbez. Ces quatre députez devoient exposer au pape le vœu du roi & l'oppofition des feigneurs ; & le roi promit de s'en tenir à la décifion du pape.

C'étoit Leon IX. & quand les députez arriverent à Rome, ils trouverent qu'il tenoit un concile avec deux cens cinquante évêques, devant lefquels ils expoferent le fujet de leur voïage; & le pape de l'avis du concile écrivit au roi Edouard une lettre portant en substance: Puifqu'il eft certain que Dieu eft proche de tous ceux qui l'invoquent fincerement en quelque lieu que ce foit, & que l'Angleterre feroit en peril par vôtre abfence: nous vous abfolvons, par l'autorité de Dieu & du concile, du peché que vous craignez d'encourir à caufe de vôtre vœu; & nous vous ordonnons pour penitence de donner aux pauvres ce que vous aviez preparé pour la dépense de ce voïage, & de fonder un monaftere en l'honneur de faint Pierre, foit que vous en bâtiffiez un nouveau, foit que vous en repariez un ancien. Nous confir mons dés à prefent toutes les donations & les privileges que vous lui accorderez; & nous voulons qu'il ne foit foumis à aucune puiffance laïque que la

roïale.

En execution de cette bulle & de l'ordre que le reclus Vulfin pretendit en avoir reçû de faint Pierre par revelation, le roi Edouard refolut de rétablir l'ancien monaftere de faint Pierre prés de Londres, fondé dés le commencement de la converfion

des Anglois, mais alors prefque détruit. On le nom- AN. 1062. moit Öüeftininfter à cause de fa fituation; c'est-àdire monaftere d'occident. Pour cette œuvre le roi mit à part la dîme de tout ce qu'il avoit en or, en argent, en beftail, & de tous fes autres biens; & aïant fait abatre l'ancienne églife, il en fit bâtir une nouvelle.

Cependant le pape Leon IX. étant mort, le roi Edouard envoïa au pape Nicolas II. Aldrede archevêque d'Yorc & deux évêques élûs pour être ordonnez par le pape. Ils étoient chargez d'une lettre, par laquelle le roi demandoit qu'il confirmât la fondation de ce monaftere, & confirmoit de fon côté les revenus que le faint fiege avoit en Angleterre, & en envoïoit ce qui étoit échû avec des prefens de fa part. Le pape Nicolas, de l'avis d'un concile où les députez du roi furent oüis, confirma l'absolution qu'il avoit obtenuë & la fondation du monaftere, le declarant exempt de toute jurisdiction épiscopale, & en donnant au roi la protection, comme de toutes les églifes d'Angleterre. Ce fut donc au retour de ce voïage que l'archevêque Aldrede amena les legats du pape.

Cependant Harold roi de Norvege y exerçoit une cruelle tyrannie. Il abatit plufieurs églifes, & fit mourir plufieurs Chrétiens par les fupplices. Il étoit même adonné, aux malefices: que le faint roi Olaf son frere avoit travaillé à exterminer du païs avec tant de zele, qu'il lui en avoit coûté la vie. Harold, loin d'être touché des miracles qui se faifoient à fon tombeau, en enlevoit les offrandes & les diftribuoit à fes foldats. Adalbert archevêque de Breme affligé de ces defordres, envoïa des députez

Nord.

LVII.

Eglifes da Adam.lib.111.

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18.

f. 43.

Sup. lib. LIX,

n. 13.

AN. 1062.

à Harold avec des lettres, où il lui en faifoit des reproches, l'avertiffant particulierement qu'il ne devoit pas tourner au profit des laïques les oblations, ni faire venir des évêques d'Angleterre & de France au mépris de sa jurisdiction, puisque c'étoit à lui de les ordonner comme légat du faint fiege.

Harold irrité de ces remontrances, renvoïa avecmépris les députez d'Adalbert, difant, qu'il ne reconnoiffoit en Norvege ni archevêque ni autre perfonne puiffante que lui-même. L'archevêque Adalbert s'en Alex.epift.a.to. plaignit au pape Alexandre II. qui écrivit au roi Ha9. conc. p 116. rold en ces termes: Comme vous êtes encore peu inftruit dans la foi & la difcipline canonique, nous devrions, nous qui avons la charge de toute l'églife, vous donner de frequens avertiffemens; mais la longueur du chemin nous empêchant de le faire par nousmêmes: fachez que nous en avons donné la commiffion à Adalbert archevêque de Breme nôtre legat. Or il s'eft plaint à nous par fes lettres, que les évêques de vôtre province ne font point facrez, ou se font facrer pour de l'argent en Angleterre ou en France. C'est pourquoi nous vous admoneftons vous & vos évêques, de lui rendre la même obéïffance que vous devez au faint fiege. L'archevêque Adalbert avoit auff irrité Suin ou Suenon roi de Danemarc, en lui faisant de terribles reproches, de ce qu'il avoit époufé fa parente: il l'avoit même menacé d'excommunication; & enfin le roi, touché des lettres du pape, repudia fa parente, mais il prit plufieurs autres femmes & plufieurs concubines L'archevêque fongea depuis à rentrer dans les bonnes graces de ce prince, efperant qu'il lui faciliteroit l'execution de fes defleins. Il

'Adam. c. 13.

4. 20.

repas

la

vint donc à Slesvic, où s'étant fait aimer par fes li- AN. 1062. beralitez, il gagna le roi même par des prefens & par des feftins, difputant de magnificence avec lui. Ils fe donnerent, fuivant la coûtume des barbares, des tour à tour pendant huit jours, où l'on traita plufieurs affaires ecclefiaftiques, & on prit des mesures pour paix des Chrétiens & la converfion des païens. L'archevêque revint chez lui plein de joie,& persuada à l'empereur de faire venir en Saxe le roi de Danemarc, & traiter avec lui une alliance perpetuelle, à la faveur de laquelle l'églife de Breme reçut de grands avantages, & la miffion chez les peuples du Nord prit de grands accroiffemens. Cette reconciliation arriva du vivant de l'empereur Henri III. & on voit par une lettre du pape Alexandre II. à ce roi Suenon, que les rois de Suede Epißt. 4. païoient un cens annuel au faint fiege.

ves.

LVIII.

S. Gothescale

C. 21.

damo.

La religion Chrétienne profperoit auffi chez les Sclaves au-delà de l'Elbe. Gothefcalc gendre du roi de prince des Scla Danemarc, s'étoit rendu puiffant comme un roi, & c'étoit un prince trés-religieux & grand ami de l'archevêque Adalbert. Il étoit fils d'Uton un des princes des Sclaves, dont les freres étoient païens & lui mau- Boll. 7. Jùn, tos vais Chrétien: auffi fut-il tué pour fa cruauté, par un 20. p. 40. ex 4Saxon transfuge. Son fils Gothescalc étoit dans le mo- Adam, lib. 11. naftere de Lumbourg où il faifoit. fes études: mais aïant appris la mort de fon pere, il entra en telle fureur, qu'il renonça aux études & à la religion Chrétienne, paffa l'Elbe & fe jetta chez les Vinules païens, avec le fecours defquels il fit la guerre aux Chrétiens, & tua plufieurs milliers de Saxons pour vanger er fon pere. Bernard duc de Saxe le prit comme un chef de voleurs, & le mit en prifon: mais voïant que

c. 48.

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